Les
deux proxénètes de l’Amérique
Good cop, bad
cop
By Daniel
Paquet dpaquet1871@gmail.com
In
English: Communist News dpaquet1871.blogspot.com
Les mines longues
et défaites, les journalistes de la télévision (notamment de la Société
Radio-Canada) ne pouvaient croire que Donald Trump ait pu être élu président
des USA. De fait, les mass médias du
Canada s’autoalimentaient depuis belle lurette sur le résultat à venir des
élections : ce serait Hillary Clinton qui occupera le siège de la
présidence. Et ce, malgré la mise en
garde des communistes états-uniens qui signalaient la consanguinité des deux
candidats, hormis les invectives grossières de M. Trump. Même après la course électorale, la presse ne
semble pas prête à reconnaître les faits : Trump ou Clinton, ce sont pourtant
les tenants d’une même logique impérialiste !
« Depuis son
élection, Donald Trump, qui a attisé les divisions dans son pays, prône l’unité
nationale. ‘Il est temps de nous rassembler et de panser les blessures de la
discorde’, a-t-il déclaré dans son discours de victoire. Sa rivale
elle-même a demandé à ses électeurs d’accepter le verdict des urnes. ‘Nous devons à Donald Trump de garder un
esprit ouvert envers lui et de lui donner une chance de diriger’, a souligné Hillary Clinton. »[1]
Maintenant, il
faut enterrer la hache de guerre pour la piétaille. Alors, on dit : « c’est dans une atmosphère cordiale que le président
désigné Donald Trump et le président en place Barack Obama ont amorcé le processus
de transition lors d’une première rencontre … à la Maison-Blanche (…) À leur sortie du Bureau ovale, M Obama,
souriant, a promis à son successeur de faire tout ce qu’il pourrait pour
assurer, ajoutant que la réussite de M. Trump signifiait la réussite du pays. »[2]
Ailleurs, un
autre journal affirme quasi le contraire : « le président Barack
Obama et son successeur Donald Trump ont enterré la hache de guerre, après des
mois de campagne tendue, lors d’une première rencontre polie, mais visiblement tendue à la Maison-Blanche. ‘Nous voulons faire tout
ce que nous pouvons pour vous aider à réussir ‘ a ajouté M. Obama. »[3]
Qui dit vrai ?
Les
deux ! Pourquoi ? Parce que même si momentanément,
l’impérialisme US lave son linge sale en
famille, il en arrive presque toujours à trouver une solution pour préserver
son unité et poursuivre ses politiques économiques et ses visées mondiales. Quelles sont-elles ?
« L’économie
américaine devrait se renforcer au deuxième semestre de 2016, après avoir
progressé plus lentement que la production potentielle au premier
semestre. Les investissements en stocks,
qui ont exercé un effet modérateur sur la croissance pendant cinq trimestres d’affilée,
devraient apporter une contribution positive au seconde semestre. Par ailleurs, les investissements des entreprises
devraient regagner du terrain. En particulier, la hausse du nombre de
forages pétroliers laisse entrevoir une
amélioration des investissements dans le secteur de l’énergie. L’investissement résidentiel s’est contracté
au deuxième trimestre, la composition des activités de construction
résidentielle ayant évolué vers des maisons plus modestes. Il devrait recommencer à croître pour répondre à la demande de logements liée à l’évolution
démographique. Parallèlement, la
consommation a enregistré une forte expansion, stimulée par la solide confiance
des consommateurs et par la vigueur du marché du travail, qui a enregistré des
gains notables au chapitre de l’emploi ces dernières années.
La croissance
économique devrait augmenter pour s’établir en
moyenne à environ 2% en 2017-2018, conformément aux prévisions du Rapport de juillet. Toutefois, les prévisions quant à sa
composition ont changé. Les investissements
des entreprises devraient progresser à un rythme plus modéré que prévu
antérieurement, tandis que le profil de l’investissement résidentiel est appelé
à diminuer. Ces révisions sont compensées
par un rythme de croissance de la consommation légèrement plus rapide. On prévoit à présent que les investissements
des entreprises augmenteront d’environ 3% par an en 2017-2018, ce qui est en adéquation avec le
redressement anticipé de la demande globale.
La croissance des exportations devrait également se redresser, l’effet
modérateur lié à l’appréciation passée du dollar américain continuant de se
dissiper. »[4]
Le reste, ce sont
des changements ‘cosmétiques’ (le Mur,
l’endiguement des Musulmans, etc.)
Concessions à un électorat plus rétrograde : « Si M. Trump
tient ses promesses électorales, il éliminera la plupart des politiques mises
en place lors des huit années au pouvoir de l’administration Obama. »[5]
Évidemment, ceux
qui, comme d’habitude, risquent de faire les frais de la musique, ce sont les
Noirs : Par contre, « avec le tour de force cinématographique qu’est Moonlight, le réalisateur Barry Jenkins
livre un portrait nécessaire, à la fois grave et fort généreux d’une masculinité
afro-américaine qui souffre en silence. (…)
Racontée en trois actes, cette quête identitaire d’un jeune Noir
incapable de s’affirmer au sein d’un environnement suffocant et profondément
menaçant… Voici un film qui passe à la moulinette des clichés voulant confondre
violence, hypermasculinité et pauvreté au sein de la communauté noire. »[6]
On pourrait
finalement conclure que « …les circonstances font tout autant les hommes
que les hommes font les circonstances.
Cette somme de forces de production, de capitaux, de formes de relations
sociales, que chaque individu et chaque génération trouvent comme des données
existantes, est la base concrète de ce que les philosophes se sont représenté
comme ‘substance’ et ‘essence de l’homme’ , de ce qu’ils ont porté aux nues ou
qu’ils ont combattu, base concrète dont les effets et l’influence sur le
développement des hommes ne sont nullement affectés parce que ces philosophes se révoltent contre elle en
qualité de ‘conscience de soi’ et d’ ‘uniques’.
Ce sont également ces conditions de vie, que trouvent prêtes les
diverses générations, qui déterminent si la secousse révolutionnaire, qui se
reproduit périodiquement dans l’histoire sera assez forte pour renverser les
bases de tout ce qui existe ; les
éléments matériels d’un bouleversement total sont, d’une part, les forces
productives existantes et, d’autre part, la formation d’une masse
révolutionnaire qui fasse la révolution, non seulement contre des conditions
particulières de la société passée, mais contre la ‘ production de la vie,
antérieure elle-même, contre ‘ l’ensemble de l’activité’ qui en est le
fondement ; si ces conditions n’existent pas, il est tout à fait
indifférent, pour le développement pratique, que l’idée de ce bouleversement ait déjà été exprimée mille fois… comme
le prouve l’histoire du communisme. »[7]
Néanmoins, le
monde occidental (et non pas uniquement les États-Unis) est menacé par la peste
brune ; les populations fragilisées
se rabattant de plus en plus en Europe ou aux États-Unis vers des valeurs
‘sûres’ pour revivre la prospérité économique. « Mais pour nombre
d’Américains, la déception et la peur sont trop profondes pour suivre
immédiatement l’appel (à l’unité, -ndlr) d’Hillary Clinton. »[8]
« Rappelons
d’abord que le fascisme des années trente (1930) ne fut pas seulement la
réponse ‘ à chaud’ de la bourgeoisie à la révolution prolétarienne montante ;
comme Dimitrov l’a montré dans son rapport au VIIè congrès du Komintern, le
fascisme a tout autant résulté de la défaite de la révolution spartakiste en
Allemagne et de la contre-attaque bourgeoise qui s’en est suivie. Or, nous sortons d’une défaite historique
mondiale de la classe ouvrière. Le
fascisme est le frère de lait de la contre-révolution, le fils aîné de l’anticommunisme. Ceux qui veulent sincèrement combattre le
fascisme doivent donc commencer par refuser l’anticommunisme, cesser de diaboliser
le passé soviétique du socialisme. Car
si l’on peut être antifasciste sans être
communiste, il est impossible à un anticommuniste d’être un antifasciste
conséquent. »[9]
« Les
communistes ne se distinguent des autres partis prolétariens que sur deux points : d’une part, dans
les diverses luttes nationales des prolétaires, ils mettent en évidence et font valoir les intérêts
communs à l’ensemble du prolétariat et indépendants de la nationalité ;
d’autre part, aux divers stades de développement que traverse la lutte entre
prolétariat et bourgeoisie, ils représentent toujours l’intérêt de l’ensemble
du mouvement. »[10] (…)
Ils luttent pour les buts et les intérêts immédiats de la classe
ouvrière, mais au sein du mouvement actuel ils représentent en même temps
l’avenir du mouvement. »[11]
Alors que le
prolétariat est internationaliste par nature en général et que celui des
États-Unis l’est en particulier ; compte tenu de sa longue histoire
d’immigration qui a façonné la stature du pays même ; la bourgeoisie, elle,
excelle sur le plan de
l’impérialisme. Les barrières
nationales sautent de leurs gonds. Par
exemple, « la division Transports de l’entreprise québécoise (Bombardier)
figure en effet parmi les trois finalistes pour construire le Réseau
électrique métropolitain (REM), cette
ligne de train léger de 5,5 milliards de dollars promise pour 2021. Pour affronter Bombardier Transports, on
trouve un consortium formé du fabricant français Alstom et de SNC-Lavalin. L’autre groupe est une co-entreprise dont fait
partie le sud-coréen Hyundai. Ces trois
groupes sont invités à présenter à la
Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) des propositions pour les
voitures de train, de même que les systèmes d’exploitation et d’entretien.
(…) La Caisse, via sa filiale CDPQ Infra
qui gère le projet, a également qualifié deux consortiums pour l’autre volet de
ce projet majeur, soit la conception et la construction des structures sur
lesquelles roulera le train électrique.
Un de ces consortiums est notamment mené par les firmes québécoises SNC-Lavalin et
Pomerleau. Le second est dirigé par l’américaine Kiewit et la française
Eurovia. »[12]
Et puis, il y a
ceux que l’on surnomme de ‘gauchistes du
plateau’ à Montréal. Qu’est-ce
qu’ils disent ? « Face à tous
les bouleversements et les tempêtes de l’actualité, les institutions politiques
ne devraient-elles pas être un rocher, quelque chose de stable et de fiable
auquel on pourrait
s’agripper ? Diriger un État ne
peut se résumer à un concours de popularité dont l’issue serait de gagner les prochaines élections.
Il faut prendre des décisions collectives, souvent difficiles, au profit
du bien commun. ‘Vous me permettrez de
reprendre l’expression de Juan Manuel Santos, le président de la Colombie’ qui
s’est récemment vu attribuer le prix Nobel de la paix. Il s’est défini comme quelqu’un de l’extrême
centre. Difficile de mieux décrire ma position. Parce qu’il y a du bon dans chacun des partis
et que la vérité est rarement noire ou blanche.
Il me semble terminé le temps des dogmes politiques. Je ne suis pas libéral, péquiste, caquiste
ou Québec solidaire. Dites-moi, suis-je vraiment le seul queer
politique en ville ? »[13]
Bref, la petite-bourgeoisie
québécoise semblerait opter pour l’opportunisme. Mangeons à tous les râteliers, après tout ça
peut rapporter gros !
Nos pseudo-révolutionnaires
seront sûrement abasourdis de lire ce que les communistes pensaient du militantisme
soviétique et quelles étaient les caractéristiques (le style) attendues, oui,
oui d’un camarade honnête.
« Quels sont
les traits caractéristiques de ce style ?
Quelles en sont les particularités ? Elles sont au nombre de
deux : a) l’élan révolutionnaire russe et, b) le sens pratique américain…. L’élan
révolutionnaire russe est un antidote contre
l’inertie, la routine, le conservatisme, la stagnation de la pensée, la
soumission servile aux traditions ancestrales. L’élan révolutionnaire russe, c’est cette
force vivifiante qui éveille la pensée, pousse en avant, brise le passé, donne
la perspective. Sans cet élan, aucun progrès n’est possible.
Mais dans la
pratique, l’élan révolutionnaire russe a toutes les chances de dégénérer en manilovisme (l’indolence, l’indifférence,
l’insouciance, la nonchalance et
l’incurie incarnées par un personnage de
la littérature russe) : ‘révolutionnaire’ vide, s’il n’est pas uni au sens pratique américain dans le
travail. Le sens pratique américain, c’est
au contraire, un antidote contre le manilovisme
‘révolutionnaire’ et les élucubrations
fantaisistes. Le sens pratique américain
est la force indomptable qui ne connaît ni ne reconnaît de barrières, qui emporte
les obstacles de tout genre et de tout ordre par sa ténacité
industrieuse ; qui ne peut manquer de mener jusqu’au bout la tâche une
fois commencée, fût-elle minime, force sans laquelle on ne saurait concevoir un
sérieux travail de construction. Mais le sens pratique américain a toutes les
chances de dégénérer en un affairisme étroit et sans principes s’il ne s’allie à
l’élan révolutionnaire russe.»[14]
« Les
classes moyennes, le petit industriel, le petit commerçant, l’artisan, le paysan,
tous combattent la bourgeoisie pour sauver de la ruine leur existence de
classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires mais
conservatrices. Plus encore, elles sont
réactionnaires, car elles cherchent à faire tourner à l’envers la roue de
l’histoire. Si elles sont
révolutionnaires, elles le sont en considération de leur passage imminent au
prolétariat, elles ne défendent pas leurs intérêts actuels, mais leurs intérêts
futurs, elles abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du
prolétariat. »[15]
« Notre
époque, l’époque de la bourgeoisie, a cependant pour signe distinctif qu’elle a
simplifié les oppositions de classes. La société entière se scinde de plus en
plus en deux grands camps hostiles, en deux grandes classes qui se font
directement face : la bourgeoisie et le prolétariat. »[16]
Finalement…
« que prouve
l’histoire des idées sinon que la production intellectuelle se métamorphose avec
la production matérielle ? Les
idées dominantes d’une époque n’ont toujours été que les idées de la classe dominante. »[17]
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Ideological Fightback (USA) Daniel Paquet
[1] Bonzom, Marie-Christine, Le
candidat républicain au seuil du pouvoir, Le Devoir, Cahier B, Montréal,
les samedi 12 et dimanche 13 novembre
2016, page B 1
[2] AP\Métro, La guerre ouverte fait
place à la détente, Métro, Montréal, week-end 11-13 novembre 2016, page 10
[3] Agence QMI et AFP, Première
rencontre tendue, 24 Heures, Montréal, week-end 11-13 novembre 2016, page
16
[4] Banque du Canada, L’économie
mondiale, Rapport sur la politique
monétaire, Ottawa, octobre 2016, page 3
[5] Ibidem, La guerre ouverte fait
place à la détente, page 10
[6] Harding, Michael Oliver, Les vies
noires comptent, Métro, Montréal, week-end 11-13 novembre 2016, page 22
[7] Marx-Engels, L’idéologie allemande,
Éditions sociales, Paris, 1968, page 59
[8] Ibidem, Le Devoir, page B 1
[9] Gastaud, Georges, Mondialisation
capitaliste et projet communiste, Le Temps des Cerises, Pantin, 1997, page
248
[10] Marx-Engels, Manifeste du Parti
communiste, Flammarion, Paris, 2008, page 245
[11] Ibidem, Manifeste,
page 273
[12] Fortin, Jean-Louis, Le train de la
Caisse sera québécois, français ou coréen, 24 Heures, Montréal, week-end
11-13 novembre 2016, page 14
[13] Taillefer, Alexandre, Sortir du
garde-robe, revue Voir, Montréal, vol. 1, no. 10, novembre 2016, page 61
[14] Staline, J., Les questions du
Léninisme, Éditions en langues étrangères, Pékin, 1977, pages 116-118
[15] Ibidem, Manifeste,
pages 241-242
[16] Ibidem, Manifeste,
page 228
[17] Ibidem, Manifeste,
page 254
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