vendredi 10 février 2017


Statu quo avec Donald Trump

La gauche s’y met

Daniel Paquet                                                                                                                 dpaquet1871@gmail.com

 

Après la stupeur, la contre-attaque :  et les journalistes du Québec, en général, y vont bon train à l’égard du nouveau président des États-Unis : il serait responsable de tous les maux de la terre!  Et pourtant, il n’a été assermenté que depuis le 20 janvier 2017.  Ça, c’est tout un baptême du feu pour M. Trump.  En fait, on lui reproche déjà tout.  Revenons sur les pouvoirs présidentiels relativement à l’immigration : « la disposition juridique stipule que si un président constate que, l’entrée d’étrangers peu t être néfaste pour les intérêts américains, le président peut  ‘suspendre l’entrée de tous les étrangers ou de toute catégorie d’étrangers en tant qu’immigrants ou non-immigrants ou peut imposer toute restriction à l’entrée d’étrangers qu’i l juge appropriée.’ »[1]

Quel pourrait être le fondement d’une telle attitude de la part du nouveau président?  « En  2016 le nombre des meurtres dans les grandes villes a continué à grimper avec des taux à deux chiffres.  Dans beaucoup de nos principales métropoles, nous avons assisté en 2016 à une hausse des homicides, des viols, des agressions et des fusillades; il évoque une ‘sécurité publique en crise’. »[2]

Insidieusement, les mass médias québécois cherchent à retourner dans leur tour d’ivoire avec l’intention inavouée de reprendre leur fonction de relais des politiques de l’impérialisme US au Québec.  Ils sont insatisfaits de Donald Trump;  il brasse trop la cage.  « Les nouvelles se succèdent chaque jour, voir plusieurs fois par jour. Cela permet d’être omniprésent dans l’actualité et dans les conversations.  Et cela transforme également les médias malgré eux.  Ils multiplient les spéculations et les opinions pour tenter de dénicher la cohérence que l’on est en droit d’attendre des politiques publiques.  Mais le rythme des nouvelles ne permet de conclure aucun cycle de discussion et d’analyse.  Ainsi, le leader et ses positions gagnent une présence unique en leur genre. »[3]

En son genre, Donald Trump, tambour battant, dirige une petite révolution à Washington.   Pourtant, l’économie aux États-Unis n’est pas en panne; c’est ce qui conforte le nouveau président dans ses fonctions et son assurance à y aller de l’avant avec ses réformes et nouvelles mesures (notamment le rejet de l’Obamacare –dont nous n’avons jamais su le contenu véritable).  « L’accroissement des taux d’intérêt à long terme à l’échelle mondiale a été tiré par les États-Unis, où le rendement des obligations d’État à dix ans a gagné environ  50 points de base depuis le début de novembre (au moment de l’élection présidentielle, - ndlr).  Les participants au marché ont revu à la hausse leurs attentes à l’égard de la croissance économique et de l’inflation aux États-Unis et estiment maintenant que la Réserve fédérale pourrait pratiquer un relèvement des taux supérieur à ce qui avait été anticipé antérieurement.  Ces facteurs ont causé une appréciation du dollar américain, dont la valeur a atteint un  sommet de plus de dix ans selon une moyenne pondérée en fonction des échanges commerciaux. »[4]

S’il fallait suivre les consignes à peine voilées des intellectuels petits-bourgeois bien installés dans les cercles  ‘d’opinions’, think-tanks, chaires et observatoires de toutes sortes, la classe ouvrière devrait monter au créneau pour défendre les chères libertés de l’Occident judéo-chrétien.  Ah oui?  Ah, bon!!  « Mais la politique qu’il faut faire c’est la politique ouvrière; il faut que le parti ouvrier soit constitué non comme la queue de quelque parti bourgeois, mais bien en parti indépendant qui a son but, sa politique à lui.   Les libertés politiques, le droit de réunion et d’association et la liberté de la presse, voilà nos armes, et nous devrions croiser les bras et nous abstenir si l’on veut nous les ôter?  On dit que tout acte politique implique qu’on reconnaisse l’état existant des choses.  Mais lorsque cet état de choses nous donne des moyens pour protester contre lui, user de ces moyens ce n’est pas reconnaître l’état existant. »[5]

De facto, les révolutionnaires ne combattent pas Donald Trump, ils en ont contre le système capitaliste lui-même et son parlementarisme bourgeois.  « Au parlementarisme vénal, pourri  jusqu’à la moelle, de la société bourgeoise, la Commune (de Paris en 1871, - ndlr) substitue des organismes où la liberté d’opinion et de discussion ne dégénère pas en duperie, car les parlementaires doivent travailler eux-mêmes, appliquer eux-mêmes leurs lois, en vérifier eux-mêmes les effets, en répondre eux-mêmes directement devant leurs électeurs.  Les organismes représentatifs demeurent, mais le parlementarisme comme système spécial, comme division du travail législatif et exécutif, comme situation privilégiée pour les députés, n’est plus.  Nous ne pouvons concevoir une démocratie, même une démocratie prolétarienne, sans organismes représentatifs; mais nous pouvons et devons la concevoir sans parlementarisme, si la critique de la société bourgeoise n’est pas pour nous un vain mot, si notre volonté de renverser la domination de la bourgeoisie est une volonté sérieuse et sincère et non une phrase ‘électorale’ destinée à capter les voix des ouvriers… »[6]

Pour les ouvriers, le scrutin a lieu tous les jours : il s’agit de faire reculer le chômage et la précarité et de préserver le pouvoir d’achat.  Alors,  ils se tiennent informés sur l’actualité économique, telle celle qui leur dit que: « la dynamique sous-jacente de l’économie américaine demeure essentiellement inchangée par rapport à la projection d’octobre (2016).  La Banque s’attend à ce que la croissance rebondisse au deuxième semestre de 2016 après avoir fait piètre figure au premier semestre, ce qui tient en partie à l’apport positif des investissements en stocks.  (…) Même si la nature et le moment des changements de politique budgétaire aux États-Unis sont inconnus, le scénario de référence pour l’économie américaine incorpore un élément d’expansion budgétaire, qui devrait ajouter environ 0,5% au niveau du PIB d’ici la fin de  2018.  Il subsiste une grande  incertitude quant à l’ampleur d’éventuelles diminutions d’impôt et à la mesure dans laquelle elles pourraient s’accompagner de mesures compensatoires touchant l’assiette fiscale et de changements dans diverses catégories de dépenses.  En conséquence, ce scénario de base devrait être considéré comme un point de départ raisonnable qui sera mis à jour lorsque prendront forme les plans de la nouvelle administration (du président Trump).  La croissance de la consommation devrait demeurer saine, à la faveur de fondamentaux robustes, dont un marché du travail vigoureux caractérisé par une hausse graduelle des salaires. »[7]

Quand ça va mal partout, quand ça va mal aux États-Unis, quand ça va mal au Canada dans son ensemble et  surtout au Québec, c’est que ça va bien pour les nationalistes.  « Nous avons raison de nous séparer, pensent-ils, un Québec séparé se tirerait beaucoup mieux d’affaire! »

Revenons aux classiques communistes.  « Les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes, autrement dit la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance dominante spirituelle.  La classe qui dispose des moyens de la production matérielle dispose, du même coup, des moyens de la production intellectuelle, si bien que, l’un dans l’autre les pensées de  ceux à qui sont refusés les moyens de production intellectuelle sont soumises du même coup à cette classe dominante. »[8]  Du charabia croyez-vous?  Écoutez plutôt Ici Radio-Canada Première… 

« Et, dans le domaine des sciences historiques, y compris la philosophie, le vieil esprit théorique intransigeant a vraiment complètement disparu avec la philosophie classique pour faire place à un éclectisme vide, aux affres des considérations de carrière et de revenu, et jusqu’à l’arrivisme le plus vulgaire.   Les représentants officiels de cette science sont devenus les idéologues déclarés d e la bourgeoisie et de l’État actuel – mais à une époque où l’un et l’autre sont en opposition ouverte avec la classe ouvrière.  Et ce n’est que dans la classe  ouvrière que le sens théorique allemand se maintient intact ; là, il n’y a pas de considération de carrière, de chasse aux profits, de protection bienveillante d’en haut; au contraire, plus la science procède avec intransigeance et sans préventions, plus elle se trouve en accord avec les intérêts et les aspirations de classe ouvrière. »[9]

Ajoutons que « par son contenu, le socialisme moderne est, avant tout, le produit de la prise de conscience, d’une part, des oppositions de classes qui règnent dans la société moderne entre possédants et non-possédants, salariés et bourgeois, d’autre part, de l’anarchie qui règne dans la production.  Mais, par sa forme théorique, il  apparaît au début comme une continuation plus développée et qui se veut plus conséquente, des principes établis par les grands philosophes des lumières dans la France du XVIIIe siècle.  Comme toute théorie nouvelle, il a dû d’abord se rattacher au fonds d’idées préexistant, si profondément que ses racines plongent dans les faits économiques. »[10]

Chez des communistes français, pour revenir à Donald Trump, il y a déjà un certain recul.  « Le fait que Trump salue la hauteur de vue de Poutine, qu’il parle d’engager des discussions avec lui et de rompre avec la politique antérieure, celle de l’équipe Obama, et qu’il qualifie l’Otan d’ ‘obsolète’, ne signifie pas que celui (qui a pris) ses fonctions de président… va inaugurer une période de baisse de tension entre les grandes puissances ou que Trump deviendrait un  président ‘pacifiste’ , loin s’en faut.  Les anciens généraux qu’il a nommés dans son futur gouvernement, comme ministres ou conseillers, les déclarations de son vice-président, M. Pence, sur le renforcement de la défense, sont des signes qui ne trompent pas.   Plus fondamentalement, la politique internationale de l’Impérialisme US ne change pas au gré des présidents.  Le ton change, comme on l’a vu avec Obama, mais ce sont toujours les intérêts de l’impérialisme US, notamment ceux des monopoles du pétrole, ceux des industries de l’armement, qui sont  ‘aux commandes’. »[11]

 

 

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[1] Associated Press, Trump s’en prend aux juges, Métro, Montréal, jeudi 9 février 2017, page 9
[2] AFP, Trump dénonce une ‘justice politisée’, 24H, Montréal, jeudi 9 février  2017, page 16
[3] Leon, Jorge, Les populismes, la presse et Trump, Le Devoir, Montréal, les samedi 28 et dimanche 29 janvier 2017, page B 5
[4] Banque du Canada, Évaluation des vulnérabilités et des risques, Revue du système financier, Ottawa, décembre 2016, page 1
[5] Engels, Friedrich, Discours sur l’action politique de la classe ouvrière, Œuvres choisies, tome 2, Éditions du Progrès, Moscou, 1968, pages 260-261
[6] Lénine, V. I., L’État et la révolution, Œuvres choisies, tome 2, Éditions du Progrès, Moscou, 1968, page 324
[7] Banque du Canada, L’économie mondiale, Rapport sur la politique monétaire, Ottawa, janvier 2017, page 3
[8] Marx-Engels, L’Idéologie allemande, Éditions Sociales, Paris, 1968, page 74
[9] Engels, Friedrich, Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, Éditions Sociales, Paris, 1966, page 85
[10] Engels, Friedrich, Anti-Dühring, M. E. Dühring bouleverse la science, Éditions Sociales, Paris, 1950, page 49
[11] La Forge, Trump ne met pas l’Otan hors course, Organe central du Parti Communiste des Ouvriers de France, Paris, mensuel, no. 580, janvier 2017, page 13

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