Statu
quo avec Donald Trump
La gauche s’y
met
Daniel Paquet dpaquet1871@gmail.com
Après la stupeur, la
contre-attaque : et les
journalistes du Québec, en général, y vont bon train à l’égard du nouveau président
des États-Unis : il serait responsable de tous les maux de la terre! Et pourtant, il n’a été assermenté que depuis
le 20 janvier 2017. Ça, c’est tout un
baptême du feu pour M. Trump. En fait,
on lui reproche déjà tout. Revenons sur
les pouvoirs présidentiels relativement à l’immigration : « la
disposition juridique stipule que si un président constate que, l’entrée
d’étrangers peu t être néfaste pour les intérêts américains, le président peut ‘suspendre l’entrée de tous les étrangers ou
de toute catégorie d’étrangers en tant qu’immigrants ou non-immigrants ou peut
imposer toute restriction à l’entrée d’étrangers qu’i l juge appropriée.’ »[1]
Quel pourrait être le
fondement d’une telle attitude de la part du nouveau président? « En
2016 le nombre des meurtres dans les grandes villes a continué à grimper
avec des taux à deux chiffres. Dans
beaucoup de nos principales métropoles, nous avons assisté en 2016 à une hausse
des homicides, des viols, des agressions et des fusillades; il évoque une ‘sécurité
publique en crise’. »[2]
Insidieusement, les
mass médias québécois cherchent à retourner dans leur tour d’ivoire avec
l’intention inavouée de reprendre leur fonction de relais des politiques de
l’impérialisme US au Québec. Ils sont
insatisfaits de Donald Trump; il brasse
trop la cage. « Les nouvelles se
succèdent chaque jour, voir plusieurs fois par jour. Cela permet d’être
omniprésent dans l’actualité et dans les conversations. Et cela transforme également les médias
malgré eux. Ils multiplient les
spéculations et les opinions pour tenter de dénicher la cohérence que l’on est en
droit d’attendre des politiques publiques.
Mais le rythme des nouvelles ne permet de conclure aucun cycle de
discussion et d’analyse. Ainsi, le
leader et ses positions gagnent une présence unique en leur genre. »[3]
En son genre, Donald
Trump, tambour battant, dirige une petite révolution à Washington. Pourtant, l’économie aux États-Unis n’est
pas en panne; c’est ce qui conforte le nouveau président dans ses fonctions et
son assurance à y aller de l’avant avec ses réformes et nouvelles mesures
(notamment le rejet de l’Obamacare –dont nous n’avons jamais su le contenu
véritable). « L’accroissement des
taux d’intérêt à long terme à l’échelle mondiale a été tiré par les États-Unis,
où le rendement des obligations d’État à dix ans a gagné environ 50 points de base depuis le début de novembre
(au moment de l’élection présidentielle, - ndlr). Les participants au marché ont revu à la
hausse leurs attentes à l’égard de la croissance économique et de l’inflation
aux États-Unis et estiment maintenant que la Réserve fédérale pourrait
pratiquer un relèvement des taux supérieur à ce qui avait été anticipé
antérieurement. Ces facteurs ont causé
une appréciation du dollar américain, dont la valeur a atteint un sommet de plus de dix ans selon une moyenne
pondérée en fonction des échanges commerciaux. »[4]
S’il fallait suivre
les consignes à peine voilées des intellectuels petits-bourgeois bien installés
dans les cercles ‘d’opinions’, think-tanks,
chaires et observatoires de toutes sortes, la classe ouvrière devrait monter au
créneau pour défendre les chères libertés de l’Occident judéo-chrétien. Ah oui?
Ah, bon!! « Mais la
politique qu’il faut faire c’est la politique ouvrière; il faut que le parti
ouvrier soit constitué non comme la queue de quelque parti bourgeois, mais bien
en parti indépendant qui a son but, sa politique à lui. Les libertés politiques, le droit de réunion
et d’association et la liberté de la presse, voilà nos armes, et nous devrions
croiser les bras et nous abstenir si l’on veut nous les ôter? On dit que tout acte politique implique qu’on
reconnaisse l’état existant des choses.
Mais lorsque cet état de choses nous donne des moyens pour protester
contre lui, user de ces moyens ce n’est pas reconnaître l’état existant. »[5]
De facto, les révolutionnaires ne combattent pas Donald Trump, ils en ont contre
le système capitaliste lui-même et son parlementarisme bourgeois. « Au parlementarisme vénal, pourri jusqu’à la moelle, de la société bourgeoise,
la Commune (de Paris en 1871, - ndlr) substitue des organismes où la liberté
d’opinion et de discussion ne dégénère pas en duperie, car les parlementaires
doivent travailler eux-mêmes, appliquer eux-mêmes leurs lois, en vérifier
eux-mêmes les effets, en répondre eux-mêmes directement devant leurs
électeurs. Les organismes représentatifs
demeurent, mais le parlementarisme comme système spécial, comme division du
travail législatif et exécutif, comme situation privilégiée pour les députés, n’est plus. Nous ne pouvons concevoir une démocratie,
même une démocratie prolétarienne, sans organismes représentatifs; mais nous
pouvons et devons la concevoir sans
parlementarisme, si la critique de la société bourgeoise n’est pas pour nous un
vain mot, si notre volonté de renverser la domination de la bourgeoisie est une
volonté sérieuse et sincère et non une phrase ‘électorale’ destinée à capter
les voix des ouvriers… »[6]
Pour les ouvriers, le
scrutin a lieu tous les jours : il s’agit de faire reculer le chômage et
la précarité et de préserver le pouvoir d’achat. Alors,
ils se tiennent informés sur l’actualité économique, telle celle qui
leur dit que: « la dynamique sous-jacente de l’économie américaine
demeure essentiellement inchangée par rapport à la projection d’octobre
(2016). La Banque s’attend à ce que la croissance
rebondisse au deuxième semestre de 2016 après avoir fait piètre figure au premier
semestre, ce qui tient en partie à l’apport positif des investissements en
stocks. (…) Même si la nature et le
moment des changements de politique budgétaire aux États-Unis sont inconnus, le
scénario de référence pour l’économie américaine incorpore un élément d’expansion
budgétaire, qui devrait ajouter environ 0,5% au niveau du PIB d’ici la fin
de 2018.
Il subsiste une grande incertitude
quant à l’ampleur d’éventuelles diminutions d’impôt et à la mesure dans
laquelle elles pourraient s’accompagner de mesures compensatoires touchant
l’assiette fiscale et de changements dans diverses catégories de dépenses. En conséquence, ce scénario de base devrait
être considéré comme un point de départ raisonnable qui sera mis à jour lorsque
prendront forme les plans de la nouvelle administration (du président
Trump). La croissance de la consommation
devrait demeurer saine, à la faveur de fondamentaux robustes, dont un marché du
travail vigoureux caractérisé par une hausse graduelle des salaires. »[7]
Quand ça va mal
partout, quand ça va mal aux États-Unis, quand ça va mal au Canada dans son
ensemble et surtout au Québec, c’est que
ça va bien pour les nationalistes.
« Nous avons raison de nous séparer, pensent-ils, un Québec séparé
se tirerait beaucoup mieux d’affaire! »
Revenons aux
classiques communistes. « Les
pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes,
autrement dit la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance dominante
spirituelle. La classe qui dispose des moyens de la
production matérielle dispose, du même coup, des moyens de la production
intellectuelle, si bien que, l’un dans l’autre les pensées de ceux à qui sont refusés les moyens de
production intellectuelle sont soumises du même coup à cette classe
dominante. »[8] Du charabia croyez-vous? Écoutez plutôt Ici Radio-Canada Première…
« Et, dans le
domaine des sciences historiques, y compris la philosophie, le vieil esprit
théorique intransigeant a vraiment complètement disparu avec la philosophie
classique pour faire place à un éclectisme vide, aux affres des considérations
de carrière et de revenu, et jusqu’à l’arrivisme le plus vulgaire. Les représentants officiels de cette science
sont devenus les idéologues déclarés d e la bourgeoisie et de l’État actuel –
mais à une époque où l’un et l’autre sont en opposition ouverte avec la classe
ouvrière. Et ce n’est que dans la
classe ouvrière que le sens théorique
allemand se maintient intact ; là, il n’y a pas de considération de carrière,
de chasse aux profits, de protection bienveillante d’en haut; au contraire, plus
la science procède avec intransigeance et sans préventions, plus elle se trouve
en accord avec les intérêts et les aspirations de classe ouvrière. »[9]
Ajoutons que
« par son contenu, le socialisme moderne est, avant tout, le produit de la
prise de conscience, d’une part, des oppositions de classes qui règnent dans la
société moderne entre possédants et non-possédants, salariés et bourgeois, d’autre
part, de l’anarchie qui règne dans la production. Mais, par sa forme théorique, il apparaît au début comme une continuation plus
développée et qui se veut plus conséquente, des principes établis par les
grands philosophes des lumières dans la France du XVIIIe siècle. Comme toute théorie nouvelle, il a dû d’abord
se rattacher au fonds d’idées préexistant, si profondément que ses racines
plongent dans les faits économiques. »[10]
Chez des communistes
français, pour revenir à Donald Trump, il y a déjà un certain recul. « Le fait que Trump salue la hauteur de
vue de Poutine, qu’il parle d’engager des discussions avec lui et de rompre
avec la politique antérieure, celle de l’équipe Obama, et qu’il qualifie l’Otan
d’ ‘obsolète’, ne signifie pas que celui (qui a pris) ses fonctions de
président… va inaugurer une période de baisse de tension entre les grandes puissances
ou que Trump deviendrait un président
‘pacifiste’ , loin s’en faut. Les
anciens généraux qu’il a nommés dans son futur gouvernement, comme ministres ou
conseillers, les déclarations de son vice-président, M. Pence, sur le
renforcement de la défense, sont des signes qui ne trompent pas. Plus fondamentalement, la politique
internationale de l’Impérialisme US ne change pas au gré des présidents. Le ton change, comme on l’a vu avec Obama,
mais ce sont toujours les intérêts de l’impérialisme US, notamment ceux des
monopoles du pétrole, ceux des industries de l’armement, qui sont ‘aux commandes’. »[11]
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[1] Associated Press, Trump s’en prend aux juges, Métro,
Montréal, jeudi 9 février 2017, page 9
[2] AFP, Trump dénonce une ‘justice politisée’, 24H, Montréal, jeudi 9
février 2017, page 16
[3] Leon, Jorge, Les populismes, la presse et Trump, Le Devoir, Montréal, les
samedi 28 et dimanche 29 janvier 2017, page B 5
[4] Banque du Canada, Évaluation des vulnérabilités et des risques,
Revue du système financier, Ottawa, décembre 2016, page 1
[5] Engels, Friedrich, Discours sur l’action politique de la classe
ouvrière, Œuvres choisies, tome 2, Éditions du Progrès, Moscou, 1968,
pages 260-261
[6] Lénine, V. I., L’État et la révolution, Œuvres choisies,
tome 2, Éditions du Progrès, Moscou, 1968, page 324
[7] Banque du Canada, L’économie mondiale, Rapport sur la
politique monétaire, Ottawa, janvier 2017, page 3
[8] Marx-Engels, L’Idéologie allemande, Éditions Sociales, Paris, 1968, page 74
[9] Engels, Friedrich, Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie
classique allemande, Éditions Sociales, Paris, 1966, page 85
[10] Engels, Friedrich, Anti-Dühring, M. E. Dühring
bouleverse la science, Éditions Sociales, Paris, 1950, page 49
[11] La Forge, Trump ne met pas l’Otan hors course, Organe central du Parti
Communiste des Ouvriers de France, Paris, mensuel, no. 580, janvier 2017, page
13
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