Désormais
Trump rentre dans le rang
Entretien
d’égal à égal entre Justin Trudeau et Donald Trump
Daniel Paquet dpaquet1871@gmail.com
MONTRÉAL - Aucun
doute, le Premier ministre du Canada, M. Justin Trudeau, savait qu’il y avait
des observateurs très intéressés, tant du Canada que du monde occidental tout
entier qui, voulait bien vouloir comment se déroulerait la « négociation » entre les deux
chefs d’État; la Société Radio-Canada n’avait-elle pas déclaré qu’il s’agissait
d’une rencontre entre deux dirigeants à la « philosophie » aux
antipodes?
En janvier 2017, des
doutes subsistaient sur la politique
économique qu’allait adopter l’administration Trump.
« Bien qu’on
ignore les détails des mesures qui seront prises en matière de politique
commerciale par la nouvelle administration américaine, la tendance
protectionniste est déjà évidente. Des
effets plus négatifs sont envisageables si les mesures adoptées par l’administration
américaine sont significatives, et si, en particulier, elles entraînent des
réactions protectionnistes de la part d’autres pays. »[1]
Voilà pourquoi M.
Trudeau a abordé la question des échanges commerciaux internationaux de front,
notamment et principalement de l’Aléna.
C’est ici que les milieux financiers et impérialistes traditionnels
interviennent; ils sont campés sur le statu quo. Il a engagé un bras de fer avec M. Trump
qu’il a gagné : oui, pour Donald Trump, il y aura des changements à l’Accord
tripartite (le Mexique étant absent de la discussion), mais ils seront
mineurs. Pendant ce temps, on signe
quelques jours plus tard l’Accord entre l’Union européenne et le Canada. Quant à l’Accord du Pacifique (rejeté par les
États-Unis), il n’est pas jeté à la poubelle par le Canada, alors que pour le
président Trump, on envisagera des ententes bilatérales. C’est le mandat implicite confié au Premier
ministre canadien par les sociétés multinationales : Coca-Cola, Google,
etc.
« Au-delà des
conséquences directes sur les exportations et les investissements des
entreprises canadiennes, ces mesures pourraient peser sur l’économie mondiale en
ralentissant les échanges et la croissance économiques à l’échelle
internationale. La demande étrangère inférieure
aux prévisions qui en résulterait serait un frein supplémentaire pour les
exportations et les investissements des entreprises canadiennes. Selon un scénario encore plus défavorable, le
processus de mondialisation (i.e. l’alter-mondialisme) – et plus précisément la
création de chaînes de valeur mondiales, qui a été l’assise de la croissance
internationale au cours des dernières décennies – pourrait régresser. Dans ce scénario, on pourrait voir d’autres
conséquences négatives généralisées sur la productivité et la croissance
potentielle, tant au Canada que dans le monde. »[2]
En attendant et d’ici
la fin de son mandat, le président Trump va probablement se concentrer sur les
changements « cosmétiques » à
la « démocratie » états-unienne, par exemple la campagne contre
l’avortement, la politique de « America First », la possible
construction d’un mur entre le Mexique et les États-Unis. Faites, mais faites M.Trump, se diront en
souriant les milieux impérialistes déjà bien à leur place devant l’assiette
gourmande et bien garnie.
« Pressée par le
besoin de débouchés toujours plus étendus pour ses produits, la bourgeoisie se
répand sur la terre entière. Il faut
qu’elle s’implante partout, s’installe partout, établisse partout des
relations. Par l’exploitation du marché
mondial, la bourgeoisie a donné une tournure cosmopolite à la production et à
la consommation de tous les pays. Au
grand regret des réactionnaires, elle a sapé sous les pieds de l’industrie sa
base nationale. Les antiques industries
nationales ont été anéanties et continuent à l’être chaque jour. Elles
sont évincées par des industries nouvelles, dont l’introduction devient
une question de vie ou de mort pour toutes les nations civilisées, des
industries qui ne transforment plus des matières du pays, mais des matières
premières en provenance des zones les plus reculées et dont les produits sont
consommés non seulement dans le pays même, mais dans toutes les parties du
monde à la fois. Les anciens besoins que
satisfaisaient les produits nationaux sont remplacés par des besoins nouveaux
qui exigent pour leur satisfaction les produits des contrées et des climats les
plus lointains. »[3]
Évidement, il n’y a
pas d’alternative : impérialisme ou communisme. Le seul choix qui s’impose, c’est le
capitalisme monopoliste d’État pour l’instant.
« Il est certain
que les voies de développement de la révolution mondiale ne sont pas aussi
simples qu’elles aient pu paraître autrefois, avant la victoire de la
révolution dans un seul pays, avant l’apparition de l’impérialisme évolué, qui
marque la ‘veille de la révolution socialiste’.
Car un nouveau facteur est apparu – la loi du développement inégal des
pays capitalistes, s’exerçant dans les conditions de l’impérialisme évolué et
attestant l’inéluctabilité des conflits armés, l’affaiblissement général du
front capitaliste mondial et la possibilité de la victoire du socialisme dans
des pays isolés. Car un nouveau facteur
est apparu – le vaste pays des Soviets, situé entre l’Occident et l’Orient,
entre le centre de l’exploitation financière du monde et l’arène de l’oppression coloniale, pays
qui, par le seul fait de son existence, révolutionne le monde entier. »[4]
Toutefois, la
politique étrangère de l’impérialisme démontre que ses moyens d’intervenir
peuvent passer par une violence exacerbée : la guerre.
« Puisque nous considérons que la guerre procède d’une fin
politique, il est donc naturel que ce premier mobile qui lui donna naissance
demeure aussi dans sa conduite la considération première et suprême. Mais la fin politique n’est pas pour autant un
législateur despotique, elle doit s’adapter
à la nature de son moyen. Elle en
sera par conséquent souvent complètement transformée, même si elle reste
toujours au premier rang des considérations.
La politique traversera donc l’acte militaire tout entier et exercera
sur lui une influence constante, pour autant que le permette la nature des
forces explosives qui s’y déchaînent.
(…) Nous voyons donc que la
guerre n’est pas seulement un acte politique, mais un véritable instrument
politique, une continuation des relations politiques, un accomplissement de
celles-ci par d’autres moyens. »[5]
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[1] Banque du Canada, Les risques entourant les perspectives d‘inflation,
Rapport sur la politique monétaire, Ottawa, janvier 2017, page 26
[2] Ibidem, Banque du Canada, page 26
[3] Marx, Karl; Engels, Friedrich, Manifeste du Parti communiste,
Flammarion, Paris, 2008, pages 232-233
[4] Staline, J., Les questions du léninisme, Éditions en langues étrangères,
Pékin, 1977, page 157
[5] Clausewitz, Carl von, De la guerre, Éditions Payot & Rivages,
Paris, 2014, pages 43-44
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