1598 : la "Judith et
Holopherne" du Caravage, une peinture haut débit ?
En
direct des grands chocs esthétiques de l’histoire des arts et de la culture,
Mathilde Serrell est aujourd'hui en 1598, à Rome, où le peintre et voyou Le
Caravage surclasse ses rivaux avec sa représentation de « Judith et Holopherne
».
Bagarres de rues, nuits de défonces, rivalités en
tous genre : c’est la « thuglife » à Rome, et un des caïds
s’appelle Michelangelo Merisi Da Caravaggio, aussi connu sous le nom de
« Caravage ».
Ce peintre au service du Cardinal Del Monte vient
de « tuer le game » avec sa version de Judith décapitant Holopherne.
Le sujet est classique : une scène de l’Ancien Testament où la veuve
Judith séduit le général assyrien Holopherne, puis lui coupe la tête dans son
sommeil pour délivrer son peuple. Sauf que la représentation qu’en donne ce
Caravaggio n’a rien de classique : c’est à la fois gore et
sexy.
Une lumière violente traverse la toile,
l’hémoglobine gicle à gros jets, et Judith est prise sur le vif en train de
décapiter Holopherne. Le visage de l’héroïne meurtrière est mi-étonné,
mi-dégouté, tandis que sa poitrine se gonfle d’excitation sous son corsage
blanc transparent. À côté d’elle, une affreuse servante fripée se tient prête à
recueillir la tête du tyran dans un sac.
Avec Yannick Haenel, écrivain
français et chroniqueur, auteur de La Solitude Caravage (Fayard,
2019) :
Au XXIe siècle, on est sidéré :
il y a, bien avant Nietzsche, à la fois Dionysos et le Christ. C’est une position
intenable, mais la peinture en est capable. Les tableaux du Caravage sont des
propositions sexuelles. Mais le puritanisme a gagné depuis.
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