Clarisse
Taron, présidente du Syndicat de la magistrature : "La France prend le
chemin d'un Etat policier" 20 juillet 2017
Le Sénat a largement adopté mardi le
projet très controversé de loi antiterroriste voulu par le gouvernement. Pour
les citoyens, c'est une atteinte aux libertés fondamentales estime Clarisse
Taron, magistrate à Besançon nommée à Paris et présidente du Syndicat de la
magistrature.
Besançon, France
Le
1er novembre, le
projet de loi antiterroriste, adopté mardi par le Sénat, va
remplacer le régime exceptionnel de l'état d'urgence. Pour Clarisse Taron,
présidente du Syndicat de la magistrature, c'est un recul et même un changement
profond du droit. "On transfère des mesures de l'état d'urgence
dans le droit commun pour pouvoir les appliquer tous les jours."
Des critères extrêmement vagues
Beaucoup
de changements sont prévus. "Il y a d'abord les
"visites" qui sont en fait des perquisitions administratives, certes
autorisées par un juge mais sur des critères très flous." Il y a
des "mesures de "surveillance", "ce ne sont rien de
plus que des assignations à résidence" selon la magistrate.
Décidées par le seul préfet à l'encontre de personnes qui pourraient constituer
une menace pour la sécurité et l'ordre public, la formule est "extrêmement
vague et ne concerne pas que le terrorisme".
"Atteinte aux libertés fondamentales"
Il y
a aussi les périmètres de protection où l'on pourra interdire à certaines
personnes d'entrer et organiser des fouilles et des palpations. "C'est
une atteinte aux libertés fondamentales de l'individu pour un bénéfice plus
qu'aléatoire" estime Clarisse Taron. "On ne peut pas
rester éternellement sous le régime de l'état d'urgence, c'est son principe
même, mais la loi française est déjà très étoffée contre le terrorisme, bien
plus que d'autres pays européens. Ces changements auront des conséquences pour
les citoyens alors que le renforcement de la lutte judiciaire contre le
terrorisme a porté ses fruits."
Vers un Etat policier ?
La
présidente du syndicat de la magistrature rappelle que les attentats déjoués
dernièrement ne l'ont pas été grâce aux mesures que l'on veut instaurer dans le
droit commun mais grâce au travail d'enquêteurs. "Il faut donc
étoffer les services de renseignements et renforcer les moyens de la justice
antiterroriste, mais aucune de ces mesures ne pourra éviter un attentat."
Certaines
restrictions sont prises à l'encontre de personnes en raison de supposées
pensées qu'elles auraient. Et
l'avocate générale de la cour d'appel de Paris va plus loin. Pour elle, la
France est en train de devenir un Etat policier : "Certaines
mesures sont prises sans l'intervention d'un juge, et certaines restrictions
sont prises à l'encontre de personnes en raison de supposées pensées qu'elles
auraient, ce qui me paraît dangereux".
France Bleu
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