Aux
U.S.A., la petite-bourgeoisie se fait montrer la porte
Les derniers
soubresauts de l’Obamacratie
Daniel Paquet dpaquet1871@gmail.com
La victoire de Donald
Trump, qui en fait le 45ème président des États-Unis d’Amérique,
n’est pas le résultat d’un complot
politique. En fait, la
petite-bourgeoisie aux rênes du plus puissant pays impérialiste a fait bien des
mécontents, notamment au sein de la classe ouvrière, laissée pour compte avec un chômage endémique, la pauvreté et le recul
du pouvoir d’achat. Sur la forme du
pouvoir, Engels avait longtemps exprimé son opinion:
« Engels reprend…
en la mettant particulièrement en relief, cette idée fondamentale qui marque
comme d’un trait rouge toutes les œuvres de Marx; à savoir que la république démocratique est le chemin
le plus court conduisant à la dictature du prolétariat. Car une telle république, bien qu’elle ne supprime
nullement la domination du Capital, ni pas conséquent l’oppression des masses
et la lutte des classes, conduit inévitablement à une extension, à un développement,
à un rebondissement, à une aggravation de la lutte tels qu‘une fois apparue la
possibilité de satisfaire les intérêts vitaux des masses opprimées, cette possibilité
se réalise inéluctablement et uniquement dans la dictature du prolétariat, dans
la direction de ces masses par le prolétariat. »[1]
À Davos, lors de la 47ème
édition du Forum économique, les principaux dirigeants occidentaux se sont avérés
désemparés; en cela ils s’opposent à la
vision du chef d’État et du Parti communiste chinois. « Il a, en face des leaders économiques
et politiques encore sous le choc des récents résultats des votes au
Royaume-Uni et aux États-Unis, n’ayant pour solutions à un résultat des liens
avec la classe moyenne (i.e. la petite-bourgeoisie) que leurs vieux thèmes
réchauffés. (…) Le président chinois a
soutenu qu’il ne sert à rien d’attribuer
à la mondialisation tous les maux de la planète. Le conseiller de Donald Trump présent à Davos
lui a rappelé que le problème n’était pas tant la mondialisation que
l’asymétrie de ses retombées, cristallisée dans les accords commerciaux. Il aurait pu ajouter la perte de souveraineté
des États et de leur population devant le diktat des multinationales et de la
libéralisation du commerce. »[2]
Les populations
demandent du changement; elles vont même jusqu’à se tourner vers des partis
fascistes, comme le Front national en France ou celui de Hongrie (c’est un
drame gravissime qui frappe les pays européens, y inclus les anciens pays
socialistes) qui vient de perdre par un poil une récente consultation populaire
sur l’immigration.
« Certes, le
moyen de sortir du parlementarisme ne consiste pas à détruire les organismes
représentatifs et le principe électif, mais
à transformer ces moulins à paroles que sont les organismes
représentatifs en assemblées ‘agissantes’.(…)
Un organisme ‘non parlementaire mais agissant’ voilà qui s’adresse on ne peut plus
directement aux parlementaires modernes et aux ‘toutous’ parlementaires de la
social-démocratie! (…) La véritable besogne d’ ‘État ‘ se fait
dans la coulisse : elle est exécutée par les départements, les
chancelleries, les états-majors. Dans
les parlements on ne fait que bavarder à seule fin de duper le ‘bon
peuple’ »[3]
Au Québec, à tout le
moins, les années Obama ont été marquées par un pilonnage médiatique en règle
pour faire avaliser par la population et les travailleurs en particulier que
Barack Obama était le messie tant attendu.
Celui-ci a semé des illusions (de facto, les capitalistes ont bâti un
aura autour de sa personnalité) qui tardent à s’évanouir tant l’offensive
idéologique et psychologique a été puissante.
On ne peut prévoir la durée de cet impact. Toutefois, Donald Trump n’est pas encore bien
en selle; les « sorciers » de l’information ont plus d’un tour dans
leur sac. Ils se préparent à la prise du
pouvoir par un nouveau Führer (au cas où) depuis des décennies. En fait, les multinationales sont aux prises
avec leurs propres contradictions :
devons-nous nous armer pour une troisième guerre mondiale? Serait-elle brève? Serait-ce le chaos, la dévastation et des
destructions irréparables cette fois?
Aurions-nous recours à l’arme atomique?
C’est pour résoudre cet imbroglio que Donald Trump est ‘en politique’ et
c’est en définitive le compromis, un autre choix, qu’il propose au peuple
américain. Voilà la nature du compromis
offert. Car il est d’abord et avant tout
un pragmatique.
Alors, ou bien le
grand patronat se hasarde à perdre momentanément des plumes ou bien c’est la
barbarie et possiblement le dernier jour.
Donald Trump l’a très bien compris et il opte pour la paix, une paix
désagréable qui le rapproche par exemple de la Russie de Vladimir Poutine. Probablement, il y aura un gel des
préparatifs de guerre; en passant par un nouvel ordre du jour pour l’OTAN. Le nouveau président états-unien n’a-t-il
pas déclaré l’organisme comme ‘obsolète ‘?
« La banque
centrale a offert des perspectives teintées d’optimisme en confirmant,
essentiellement, les prévisions de croissance qu’elle avait faites en octobre,
avant l’élection américaine. La Banque
du Canada mise ainsi sur une croissance de 2,1% du PIB pour l’année qui vient
de commencer – une prévision en légère hausse par rapport à celle de 2%
d’octobre. Pour 2018, la croissance
devrait se maintenir à 2,1% a poursuivi la banque. Mais les perspectives de la banque ne
tenaient compte que des conséquences possibles de la reprise attendue aux
États-Unis, a-t-elle précisé, sans incorporer toute la gamme des changements de
politiques par M. Trump. L’expansion économique anticipée aux
États-Unis – le plus grand partenaire commercial du Canada – devrait stimuler
l’économie avec une augmentation de la demande étrangère. La banque centrale a aussi tenu compte de la
promesse de M. Trump visant à réduire les impôts des entreprises, ce qui, juge-t-elle,
ne menace pas la compétitivité du Canada.
(Le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz) a précisé que la
banque n’avait pas encore fait d’évaluation interne sur les propositions
commerciales évoquées aux États-Unis, en raison d’un manque d’information et de
la nature complexe de ce genre d’analyse. »[4]
On peut affirmer
d’ores et déjà que Donald Trump, même s’il est populiste, (c'est-à-dire qu’il
se réclame du peuple et de ses aspirations profondes), n’a rien à voir avec le
fascisme; il ne faut pas faire l’amalgame entre la forme politique qu’emploient
certains leaders, et leurs conceptions
(ou programme). Ce n’est pas parce que
Donald Trump est tonitruant qu’on peut le comparer à Adolf Hitler. À ce chapitre, on peut ajouter que les masses
laborieuses en ont bien soupé de la langue de bois, du ‘politically correct’ de
moult politiciens. Ils veulent du
changement, même s’il ne leur est pas fourni sur un plateau d’argent.
S’il a compris que la
bourgeoisie cherchait à sortir de l’impasse politique et économique, à court de
solutions; il a aussi compris que le prolétariat n’acceptait plus d’être dirigé
comme avant.
La couche
socio-économique que représente M. Trump a compris ‘spontanément’ qu’ « il
dépend uniquement de l’extension des échanges que les forces productives
acquises dans une localité, surtout les inventions, soient perdues pour le
développement ultérieur ou ne le soient pas. Tant que des relations commerciales dépassant le voisinage immédiat
n’existent pas encore, on doit faire la même invention en particulier dans
chaque localité, et il suffit de purs hasards, tels que l’irruption de peuples
barbares et même les guerres ordinaires, pour obliger un pays qui a des forces
productives et des besoins développés à
repartir de zéro. »[5]
Finalement, le
« big business » s’inquiète de
voir ses ouvriers se poser des questions sur le système et puis de manifester;
certes ce sont davantage les jeunes qui
le font. Mais ne remettent-ils
pas en question la sacro-sainte dévotion pour l’individualisme comme fondement
de l’Amérique?
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[1] Lénine, V.I., Œuvres choisies, tome 2, L’État et la
révolution, Éditions du Progrès, Moscou, 1968, page 342
[2] Bérubé, Gérard, Inversion des pôles, Le Devoir,
Cahier B, Montréal, le jeudi 19 janvier 2017, page 1
[3] Ibidem, L’État et la révolution, page 323
[4] Blatchford, Andy, La Banque du Canada évoque les conséquences
du protectionnisme à la Trump, Le Devoir, Montréal, le jeudi 19 janvier
2017, page B 3
[5] Marx-Engels, L’idéologie allemande, Éditions sociales, Paris, 1968, page 90
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