Militantisme, terrorisme et art « engagé »
Vive le Québec libre! – le mouvement communiste international
Daniel Paquet
Que ce soit en Europe ou au Canada, il y a de ces
manifestations dont l’issue tourne parfois au vinaigre. ‘ Même des événements festifs peuvent
dégénérer en émeutes’, souligne la juge Chantal Masse, en pointant du doigt les
défilés de la Saint-Jean–Baptiste au Québec (Fête nationale des
Canadiens-français).
« La Cour supérieure a invalidé en partie un
controversé règlement de Montréal. Il
sera dorénavant possible de manifester spontanément et en portant un
masque. » (Nardi, Christopher, La
Cour permet de manifester masqué, 24H, week-end 23-26 juin 2016,
Montréal, page 7).
On peut toutefois se poser la question : pourquoi des manifestants aux revendications
légitimes –au Canada- n’osent-ils pas les promouvoir à visage découvert? Incidemment, l’amendement au Règlement sur la
prévention des troubles de la paix avait été mis en place… en 2012, en plein
cœur des manifestations étudiantes contre la hausse des frais de scolarité »
(Ibidem, page 7) qui avait rassemblé jusqu’à 200 000 personnes au
centre-ville de Montréal un bel après-midi ensoleillé.
« Les manifestations ‘instantanées’ n’auront dorénavant
plus à fournir d’itinéraire ni d’horaire aux policiers, a également tranché la
juge. » (Ibidem, page 7).
Et pour ce qui est des casseurs, le dicton ‘l’occasion fait
le larron’ n’est pas de mise. Ce sont
souvent des nazillons organisés qui agissent avec préméditation. Il faut souhaiter que le mouvement syndical
contribue au bon encadrement des manifestations démocratiques de la jeunesse et
des étudiants.
Il arrive aussi que des anarchistes infiltrent les
mouvements estudiantins et autres. Leur
but : imposer leur programme
politique. Maintenant, ils sont qualifiés
de ‘ militants’. Mais quelle méprise! Tous les gens qui s’impliquent en politique,
par exemple, seraient -dans l’espèce- de quelconques ‘militants’ ni de gauche
ni de droite. Ce n’est pas cet engagement
qui les définit. Alors pourquoi le
quotidien Métro titre-t-il :
‘Un militant attaque Couillard durant la veillée pour Orlando’?
(Cambron-Goulet, Dominique, week-end 17-19 juin 2016, page 3).
Dans la foulée et c’est un peu triste mais les jeunes artistes
sont à la dérive. Dans l’absence d’un
véritable et puissant parti de gauche (communiste) de masse et surtout d’une
théorie révolutionnaire engageant l’action révolutionnaire, nous sommes « devant
le statu quo, [et] l’ultime danger
est de baisser pavillon, juge le chanteur Guillaume Beauregard. «’C’est ça, l’ambiance générale en 2016 : se rendre compte que la démocratie est un peu
une façade. Je trouve ça inquiétant que
mon degré d’envie de combattre a diminué.
c’est ça, le grand drame. Pour moi,
et pour la société.’ » (Blais-Poulin, Charles-Éric, La chanson baisse le poing,
La Presse, Montréal, samedi 25 juin 2016, page Arts7).
« Alors? Disparu
[aussi] de notre paysage, le film politique?
Pas tout à fait. Vrai qu’au
lendemain de la défaite référendaire (1980), la plupart des cinéastes ayant
partagé ce grand projet collectif et milité en sa faveur, se sont tus (réf. l’indépendance
du Québec). Et encore plus au lendemain
du résultat très serré du deuxième référendum sur la souveraineté, tenu en 1995.
Cela dit, certains d’entre eux ont persisté. Et signé. (…)
[Pierre Falardeau] a aussi été l’un des rares… à aborder
frontalement des sujets directement liés à notre histoire politique : Octobre
et 15 février 1839. (…)
Selon Philippe Falardeau, l’avenir du film politique
québécois se situe manifestement du côté du féminisme et de la condition
autochtone. Les structures de production
des longs métrages de fiction étant aussi très lourdes, il devient plus
difficile de réagir promptement aux événements. (…)
Quatre ans (2012) après « le printemps érable »
(i.e. le grand mouvement de révolte de la jeunesse estudiantine québécoise),
seul L’amour
au temps de la guerre civile (Rodrigue Jean) a fait écho à cette révolte
sociale dans notre cinéma de fiction. [Pour]
le producteur Roger Frappier… le système d’évaluation des institutions (i.e.
régies de toutes sortes) fait en sorte qu’il est difficile, voire impossible,
de réaliser un film dans l’urgence, en suivant une idée initiale. ‘ Je ne suis
pas certain que dans le contexte actuel, avec toutes les discussions devant des
comités, un film qui dérange puisse voir le jour.’ (…)
La présidente et chef de la direction de la Société
de développement des entreprises culturelles (SODEC), Monique Simard,
verrait d’un très bon œil le dépôt d’œuvres fictives à caractère politique.
‘Mais on ne nous en soumet pas, dit-elle. Ou très peu.
Le cinéma de fiction est toujours le reflet des préoccupations d’une
société. (…)
C’est davantage du côté du documentaire que ça se
passe. Je crois aussi qu’au cours des
prochaines années, notre cinéma de fiction sera grandement enrichi par des visions
de cinéastes issus des communautés culturelles (l’immigration) et autochtones.
Ils ont beaucoup de choses à raconter sur le Québec’. »
C’est nécessairement en luttant
– toujours- pour que le Québec jouisse effectivement de son droit à
l’autodétermination jusqu’à et y compris le droit inaliénable à l’indépendance
politique. Mais dans le fond, les
artistes savent que nous avons besoin d’eux et que nous les aimons maintenant…
sans conditions.
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