LES ANNÉES 1830 et 1840
Karl Marx (Europe) et Louis-Joseph
Papineau (Canada)
Daniel Paquet
MONTRÉAL – Mai : dans l’imaginaire des nationalistes
québécois, marque une date charnière dans l’histoire de l’émancipation
nationale du peuple canadien-français (la fête des Patriotes). Est-ce comparable à 1789 - en juillet - , lors
de la prise de la Bastille en France? Ou à la révolution de 1848 dans ce pays? Certes, il y a eu insurrection armée dans la
colonie britannique du Bas-Canada.
« Mais, dira-t-on, les rébellions n’ont pas atteint Québec,
Trois-Rivières et n’ont eu lieu que dans la grande région de Montréal… Encore
faut-il savoir, du point de vue de la participation populaire aux rébellions,
que le district ou la grande région de Montréal – les fameux Six
comtés : Richelieu, Verchères, Saint-Hyacinthe,
Rouville, Chambly L’Acadie, auxquels s’ajoutent ceux de La Prairie, de
Beauharnois, de Missisquoi, de Deux-Montagnes, de Terrebonne et de Vaudreuil –
comprend en 1831 et 1844 entre 55% et 60% de la population totale du
Bas-Canada. Certes cette participation
varie selon les lieux et les professions.
Le taux de participation aux assemblées populaires construit sur le
rapport entre le nombre de mentions de Patriotes de tel lieu et la population
du même lieu est évalué à 6% dans les Six Comtés confédérés de novembre 1837, à
8% dans les comtés de La Prairie, L’Acadie, Chambly et Beauharnois, à 4%, dans
Richelieu, Verchères et Saint-Hyacinthe, à 3% dans Deux-Montagnes, Terrebonne
et Vaudreuil. Le même taux appliqué à
des agglomérations atteint 20% à Saint-Philippe-de-La Prairie, 18% à
Châteauguay, 14% à Saint-Charles-sur-Richelieu, 13% à L’Acadie, 12% à
Saint-Eustache et à Saint-Denis, 11% à Saint-Marc-sur-Richelieu et 10% à
Saint-Jean-sur-Richelieu. » (Lamonde, Yvan, Histoire sociale des idées au Québec 1760-1896, Fides, Canada,
2000, pages 271-272).
Le soulèvement armé fut le prolongement des arguties des
représentants canadiens face à la couronne britannique où s’illustra
Louis-Joseph Papineau. https://youtu.be/r9anGugOHYs Celui-ci
devait écrire : « Il y a déjà seize ans, je me plaignais à lord
Bathurst, alors ministre pour le département des colonies, et je lui
remontrais, avec l’accent d’une douleur vivement sentie, combien était lourd le
joug, et humiliante la condition de notre servage colonial. » (Papineau,
Louis-Joseph, Histoire de la résistance
du Canada au gouvernement anglais, Canada, 2001, page 15).
En 1839, il aura pour mission de convaincre le gouvernement
français d’appuyer la cause des patriotes.
Il vivra en exil en France jusqu’en 1845. Sa mission est un échec complet.
Sous un autre angle, les progressistes québécois auraient
sans doute aimé que Papineau rencontre Marx https://youtu.be/93ptytoEG5M à Londres;
mais ce ne fut pas le cas; même si en 1848, Marx y fut mandaté pour rédiger le
célèbre Manifeste du Parti communiste…
justement à Londres. À la même époque,
il écrivit Les luttes de classes en France portant notamment sur la stratégie
et les tactiques du mouvement ouvrier français s’opposant à la bourgeoisie. Les idées de Marx et d’Engels étaient
novatrices : « le communisme n’est pour nous ni un état qui doit être
créé, ni un idéal sur lequel cette réalité devra se régler. Nous appelons communisme le mouvement réel
qui abolit l’état actuel. Les conditions
de ce mouvement résultent des prémisses actuellement existantes. »
(Marx-Engels, L’idéologie allemande, Éditions sociales, Paris, 1968, pages 53-54).
« L’échec des luttes constitutionnelles et de la
résistance armée tout comme l’exil obligé ou volontaire des Patriotes les plus
engagés avaient entamé la tradition libérale. (…) Le retour d’exil des Patriotes et de Papineau
en 1845, à la suite de l’amnistie que La Fontaine réussit à obtenir, ramène le
chef patriote à Montréal sans qu’il se manifeste encore publiquement. D’ailleurs, la jeunesse montréalaise n’a pas
attendu le retour de Papineau pour se donner un lieu de sociabilité et un forum
de discussion. L’Institut canadien de
Montréal ouvre ses portes le 17 décembre 1844 et contribue à meubler les
longues soirées d’hiver grâce à un certain nombre d’activités. (…) La jeunesse libérale se donne aussi un
journal dont le titre même est tout un programme : L’Avenir.
Le format et la présentation typographique rappellent L’Avenir de Paris
de 1830. Le journal, qui paraît à compter de juillet 1847, prend une
orientation plus libérale en novembre au moment où Papineau revient à la vie
publique. » (Lamonde, page 292-293).
En outre, « l’année 1848 est aussi singulièrement chargée
en Europe. La Révolution qui éclate en
France le 22 février retentit dans la presse canadienne qui lui consacre une large
surface rédactionnelle. La Minerve
réformiste se donne une chronique intitulée « Revue européenne » et
L’Avenir, qui fait paraître des « feuilles extraordinaires » et qui
s’alimente au Siècle de Paris et au Courrier des États-Unis de New York, publie
le 17 mai « L’adresse à la jeunesse parisienne de la jeunesse
canadienne ». (Lamonde, page 299).
Au Canada, en plus du dépassement du capitalisme et de la
victoire du communisme, il appert que celui-ci devra régler démocratiquement la
question nationale. « Outre ce qui a été dit, il faut encore tenir compte des
particularités de la psychologie des hommes réunis en nation. Les nations se
distinguent les unes des autres non seulement par les conditions de leur vie,
mais aussi par leur mentalité qui s'exprime dans les particularités de la
culture nationale. Si l'Angleterre, l'Amérique du Nord et l'Irlande qui parlent
une seule langue forment néanmoins trois nations différentes, un rôle assez
important est joué en l'occurrence par cette formation psychique originale qui
s'est élaborée, chez elles, de génération en génération, par suite de conditions
d'existence différentes.
Évidemment, la formation psychique en elle-même, ou, comme
on l'appelle autrement, le «
caractère national », apparaît pour l'observateur comme quelque chose
d'insaisissable ; mais pour autant qu'elle s'exprime dans l'originalité de la
culture commune à la nation, elle est saisissable et ne saurait être méconnue.
Inutile de dire que le « caractère national » n'est pas une
chose établie une fois pour toutes, qu'il se modifie en même temps que les
conditions de vie ; mais pour autant qu'il existe à chaque moment donné, il
laisse son empreinte sur la physionomie de la nation.
Ainsi, communauté de la formation psychique qui se traduit
dans la communauté de la culture, comme l'un des traits caractéristiques de la
nation.
De cette façon, nous avons épuisé tous les indices
caractérisant la nation.
La nation est une communauté stable, historiquement
constituée, de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique,
qui se traduit dans la communauté de culture. » (Staline, Joseph, La
nation, 1913, www.marxisme.fr
La Nouvelle Vie Réelle
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Vie Réelle www.laviereelle.blogspot.com
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