LE DROIT DE
GRÈVE AU QUÉBEC
Tous ces mensonges contre la classe
ouvrière en Occident
Daniel
Paquet
dpaquet1871@gmail.com
L’écrivain
français Gustave Flaubert, dans son roman L’Éducation
sentimentale paru dans les années 1860, peignait un tableau saisissant du
joug exercé par la bourgeoisie et de ses plaisirs en société :
« Tout le mal gisait dans cette envie moderne de s’élever au-dessus de sa classe, d’avoir du luxe. (Le Livre de Poche, Paris, 2002, page 259). (…) La plupart des hommes qui étaient là avaient servi, au moins, quatre gouvernements; et ils auraient vendu la France ou le genre humain pour garantir leur fortune, s’épargner un malaise, un embarras, ou même par simple bassesse, adoration instinctive de la force. Tous déclarèrent les crimes politiques inexcusables. Il fallait plutôt pardonner à ceux qui provenaient du besoin! (page 363). (…) Tant d’honorabilité fascinait M. Roque, fils d’un ancien domestique. Si la couronne comtale ne venait pas, il s’en consolerait sur autre chose; car Frédéric pouvait parvenir à la députation quand M. Dambreuse serait élevé à la pairie, et alors l’aider dans ses affaires, lui obtenir des fournitures, des concessions. (Page 368). »
On parlait
peu comme maintenant de l’orgie monstrueuse des galas organisés par la
bourgeoisie, tout comme on aimait le dissimuler pour « blanchir » leur immense fortune, par
exemple la célébration de l’anniversaire de naissance de l’épouse du milliardaire
Desmarais dans son île située au sein du comté de Charlevoix, près de Québec, et
ce, il y a quelques années.
« La société bourgeoise moderne, issue de la ruine de la société féodale, n’a pas aboli les oppositions de classes. Elle n’a fait que substituer aux anciennes des classes nouvelles, des conditions d’oppressions nouvelles, de nouvelles formes de lutte. Notre époque, l’époque de la bourgeoisie, a cependant pour signe distinctif qu’elle a simplifié les oppositions de classes. La société entière se scinde de plus en plus en deux grands camps hostiles, en deux grandes classes qui se font directement face : la bourgeoisie et le prolétariat. » (Marx-Engels, Manifeste du Parti communiste, Flammarion, Paris, 2008, page 228)
Si, à sa naissance, le capitalisme a amélioré les
conditions de vie des travailleurs, l’histoire récente démontre que son État n’a
pas tardé à renverser la tendance. Par
exemple, la toute dernière grève des ouvriers de la construction au Québec a
révélé que ce ne pourrait être le cas.
« Actuellement, pas moins de 175 000 travailleurs de la construction sont en grève illimitée. La grève a été déclenchée le (24 mai 2017) matin et déjà, le gouvernement du Québec laisse planer l’adoption d’une loi spéciale, possiblement lundi, pour dénouer l’impasse (sic!) et forcer le retour au travail des employés », comme le rapportait le journaliste Maxime Deland du 24 H pour l’agence QMI, lors du week-end 26-28 mai 2017 (page 14). D’ailleurs, « cette négociation a pour thème central la conciliation travail-famille. Il est aussi question de salaires bien sûr, mais les questions de la flexibilité de la main-d’œuvre, des heures supplémentaires et les horaires sont centrales. » (La Presse canadienne, Québec prêt à se diriger vers une loi spéciale dès lundi, Métro, Montréal, week-end 26-28 mai 2017, page 3).
Quant au
Parti communiste du Canada, il réclame une semaine de travail de 32
heures par semaine. Pour sa part le
gouvernement du Parti libéral de Philippe Couillard a fait voter la loi
spéciale le lundi 29 mai 2017 forçant le retour au travail.
« Dans la plupart des pays industrialisés, l’emploi à temps partiel est en pleine croissance. Même si les employeurs trouvent parfois dur de jongler avec les horaires d’employés à temps partiel, ils devront s’y habituer pour la majorité des salariés, passer moins de temps au travail est un choix. (…) Selon Statistique Canada, près de 75% des salariés de cette catégorie (temps partiel) travaillent moins et par choix : 9% disent pouvoir ainsi prendre soin des enfants. (…) On peut supposer qu’une réflexion sur les priorités fait pencher la balance pour le temps plutôt que pour l’argent. » (Travailler moins : un choix, 24H, Montréal, mercredi 10 mai 2017, page 30).
« La semaine de quatre jours est certainement la mesure la plus souhaitable pour accéder à une meilleure conciliation travail-famille. » (Mathieu, Sandra, La flexibilité… dans le monde!, 24H, Montréal, mercredi 10 mai 2017, page 26).
De toute
façon, il aura fallu se battre, que ce soit en Amérique ou en Europe, pour
faire avancer la cause ouvrière. Gustave
Flaubert, quant à lui, ne mesurait vraiment pas à son époque que les ouvriers,
classe en soi, allaient devenir classe pour soi. En France, c’est la révolte des Canuts qui a
mis le mouvement en branle.
« (En novembre-décembre 1831), il y eut insurrection des tisseurs de soie de Lyon (canuts) afin de faire respecter le tarif minimal qu’ils venaient d’obtenir. Une armée conduite par le maréchal Soult écrasa ce mouvement. » (Le Petit Larousse illustré, Paris, 2015, page 1370).
Que ce soit
d’abord en Angleterre (en France, en Allemagne, etc.), « la grande
industrie a créé le marché mondial, préparé par la découverte de
l’Amérique. Le marché mondial a donné un
immense développement au commerce, à la navigation, aux communications
terrestres. (Marx-Engels, Manifeste du
Parti communiste, page 229). (…) Pressée par le besoin de débouchés
toujours plus étendus pour ses produits, la bourgeoisie se répand sur la terre
entière. Il faut qu’elle s’implante
partout, s’installe partout, établisse partout des relations. » (Marx-Engels,
page 232)
C’est tout à
fait vrai pour le Canada, le deuxième pays du monde de par sa superficie.
« Les chemins de fer jouent un rôle économique considérable. Ils nécessitent des investissements énormes, absorbant non seulement l’épargne des colonies mais aussi les capitaux importés massivement de Grande-Bretagne en Amérique du Nord britannique. Il s’agit d’actions dans les chemins de fer, qui sont des titres de propriété, ou encore d’obligations, qui constituent une forme d’endettement des compagnies de chemin de fer. Les gouvernements coloniaux eux-mêmes cèdent aux pressions et aident la construction ferroviaire. Souvent, ils consentent des garanties sur les obligations, à certaines conditions comme le fait par exemple le Railway Guarantee Act de la province de Canada en 1849. » (Sous la direction de Craig Brown, Histoire générale du Canada, Éditions du Boréal, Montréal, 1990, page 340).
Après Marx,
Lénine démontrera qu’il ne s’agit pas d’une révolution de palais et que le
prolétariat doit agir fermement et directement pour s’emparer, que ce soit à l’époque,
ou encore maintenant, du pouvoir économique et politique au sein de la société
capitaliste.
« … Une des idées les plus remarquables et les plus importantes du marxisme au sujet de l’État, c’est celle de la ‘dictature du prolétariat’ (comme devaient s’exprimer Marx et Engels après la Commune de Paris); nous y trouvons ensuite une définition de l’État, intéressante au plus haut point, et qui est également au nombre des ‘paroles oubliées’ du marxisme : ‘L’État, c’est-à-dire le prolétariat organisé en classe dominante.’ Cette définition de l’État n’a jamais été commentée dans la littérature de propagande et d’agitation qui prédomine dans les partis social-démocrates officiels. Bien plus : elle a été très précisément oubliée parce qu’elle est absolument inconciliable avec le réformisme; elle heurte de front les préjugés opportunistes habituels et les illusions petites-bourgeoises quant à l’évolution pacifique de la démocratie’. » (L’État et la révolution, Œuvres choisies, tome 2, Éditions du Progrès, Moscou, 1968, page 305).
Ce combat, fort
probablement très violent, entre la bourgeoisie et le prolétariat commence
souvent par une guerre entre les peuples menée justement par une bourgeoisie de
conquistadores qui résulte dans un enchevêtrement de chair à canons. Voici ce qu’écrivait le poète français Arthur
Rimbaud, à la veille de la Commune de Paris (en octobre 1870) :
Le Dormeur du Val
"C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dan son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
(Œuvres complètes, GF Flammarion, Paris, 2016, pages 57-58)."
Rimbaud n’est
pas le seul homme de lettres à avoir couché sa plume sur la Commune de
Paris en 1871. Jules Vallès en a fait tout autant en
écrivant : Aux morts de 1871, à tous ceux
qui, victimes de l’injustice sociale, prirent les armes contre un monde
mal fait et formèrent, sous le drapeau de la Commune, la grande fédération des
douleurs, je dédie ce livre. (L’Insurgé,
Le Livre de Poche, Paris, 1986, page verso du livre).
Souvent, les
grandes batailles armées sont précédées par des luttes réformistes, comme celle
des ouvriers de la construction du Québec (qui veulent poursuivre la bataille
sur le plan politique, lors des prochaines élections législatives). Par contre ces luttes fortifient la classe
ouvrière, la disciplinent et l’encouragent à mieux s’organiser et à étendre
leur solidarité. Mais pour leur pouvoir
d’achat de tous les jours :
« Dans tous les cas que j’ai envisagés, c’est-à-dire 99 fois sur 100, vous avez vu qu’une lutte pour une augmentation des salaires ne fait que suivre des modifications antérieures, qu’elle est le résultat nécessaire de fluctuations préalables dans la quantité de production, dans les forces productives du travail, dans la valeur du travail, dans la valeur de l’argent, dans l’étendue ou l’intensité du travail soutiré, dans les oscillations des prix du marché qui dépendent de celles de l’offre et de la demande et qui se produisent conformément aux diverses phases du cycle industriel; bref que ce sont autant de réactions des ouvriers contres des actions antérieures du capital. Si vous envisagez la lutte pour des augmentations de salaires indépendamment de toutes ces circonstances et en ne considérant que les variations dont elle découle, vous partez d’une prémisse fausse pour aboutir à de fausses conclusions. ». (Marx-Engels, Œuvres choisies, tome II, Éditions du Progrès, Moscou, 1978, page70-71).
Enfin, pour
ce qui est du travail, « la journée de travail n’est donc pas une grandeur
constante, mais une grandeur variable.
Une de ses parties est bien déterminée par le temps de travail qu’exige
la reproduction continue de l’ouvrier lui-même; mais sa grandeur totale varie
suivant la longueur ou la durée du surtravail.
La journée de travail est donc déterminable; mais, par elle-même, elle
est indéterminée. » (Karl Marx, Le
Capital, Gallimard, Paris, 1968, page 335).
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