IL A UN POIL SUR LA
LANGUE
Daniel Paquet
c
Louis de Funès dans Le grand
restaurant
MONTRÉAL - Louis de Funès parlant français avec un fort
accent allemand!
(…) Le développement du travail a nécessairement contribué à
resserrer les liens entre les membres de la société en multipliant les cas d’assistance
mutuelle, de coopération commune, et en rendant plus clair chez chaque individu
la conscience de l’utilité de cette coopération. Bref, les hommes en formation en arrivèrent
au point où ils avaient réciproquement quelque chose à se dire. Le besoin se créa son organe, le larynx non
développé du singe se transforma, lentement mais sûrement, grâce à la modulation
pour s’adapter à une modulation sans cesse développée, et les organes de la
bouche apprirent peu à peu à prononcer un son articulé après l’autre.
La comparaison avec les animaux démontre que cette
explication de l’origine du langage, né du travail et l’accompagnant, est la
seule exacte. (…)
Le développement du cerveau et des sens qui lui sont
subordonnés, la clarté croissante de la conscience, le perfectionnement de la faculté
d’abstraction et de raisonnement ont réagi sur le travail et le langage et n’ont
cessé de leur donner, à l’un et à l’autre, des impulsions sans cesse nouvelles
pour continuer à se perfectionner. » (Engels, Friedrich, Dialectique de la
nature, Éditions sociales, Paris, 1975, page 174-175).
Faisons une incursion dans le laboratoire des langues (plus
près de nous dans le temps, alors que se formaient les empires; avec la
domination post-grecque à titre d’exemple).
« Un bref rappel historique aidera à mieux comprendre ce
qu’avait de profondément réactionnaire, ici encore pareillement, la politique
des Bavarois. Dérivée de la koïné
hellénistique, elle-même héritière directe du grec ancien, une nouvelle langue
commune (c’est le sens du mot koïné) s’était formée durant la période byzantine
au sein du monde hellénophone. Cette
langue, appelée aujourd’hui « grec moderne » (néa ellinika)… des
simplifications dans la morphologie et dans la syntaxe et, bien évidemment,
comme pour toute langue qui évolue, les divers apports lexicaux, auxquels il
faudrait ajouter le français… » (Bersani, Jacques, Histoire d’Athènes,
Tallandier, Paris, 2011, page 181).
« Il semble que ce soit plus le propos de l’esprit d’avoir
son opération prompte et soudaine, et plus le propre du jugement de l’avoir
lente et posée. Mais qui demeure du tout
muet, s’il n’a loisir de se préparer, et celui aussi à qui le loisir ne donne
avantage de mieux dire, ils sont en pareil degré d’étrangeté. » (Montaigne, Essais, Essais du livre premier,
Nouveaux classiques Larousse, Paris, 1965, page 26).
Les grandes métropoles essaimaient, dont la France qui s’était
enracinée dans un vaste empire dans les Amériques, dont la Nouvelle-France jusqu’en
1760, où elle dû céder une grande partie de ses territoires à l’Angleterre, y compris
ses colons ayant pris souche dès les années 1 600.
« Quant à la masse du peuple français d’Amérique, elle
ne sait pas de langue étrangère, n’en apprend pas et sans doute n’en apprendra
jamais. (…) La langue est aussi la
forteresse avancée qui protège au Canada le domaine catholique. (…) L’Église
catholique du Canada ne peut que redouter la France de 1789. »
(Bouthillier, Guy; Meynaud, Jean, Le choc des langues au Québec 1760-1970, Les
Presses de l’Université du Québec, Montréal, 1972, page 310).
L’Angleterre a bien tenté d’assimiler le peuple « canayen ». Rien n’y fit, y compris jusqu’au les XXème
siècle. Il fallut céder; c’est le nouveau
gouvernement fédéral qui décida de s’en mêler.
Pragmatique, les gouvernements successifs en butte à une résistance
« constante » décida d’amadouer les Canadiens-français.
Au Canada, « le plan d’action sur les langues
officielles du gouvernement est lié à une enveloppe de 500M$ sur 5 ans, dont
les deux tiers iront aux organismes dans les communautés de langue minoritaire.
(…) Le gouvernement Trudeau espère que les anglophones hors Québec seront plus
nombreux à parler français. Il s’est
donné pour objectif de faire passer leur taux de bilinguisme de 6,8% à 9% d’ici
2036. » (La Presse canadienne, 500M$ pour les langues, Métro, Montréal,
jeudi 29 mars 2018, page 9).
Par ailleurs et compte tenu que les arabo-islamiques
représentent un fort contingent dans l’immigration au Canada; on ne peut passer
sous silence (justement!) que « l’arabe présente l’avantage d’avoir
traversé les siècles sans changements profonds, (ce) qui permet à tout
arabophone d’accéder à des textes vieux de 1 000 ans, ou plus anciens
encore. (…) L’arabe est une langue sémitique, proche de l’araméen et de l’hébreu,
dont elle partage le même type de structure consonantique. C’était avant tout une langue d’oralité, les
Arabes excellant dans les joutes oratoires et poétiques. La transmission du savoir et de la culture s’efectuait
essentiellement par la voie de la tradition orale, l’usage de l’écriture ne s’étant
pas encore répandu dans l’Arabie du nord. (…)
Actuellement, on distingue l’arabe maghrébin et l’arabe
oriental, (dont essentiellement le syro-égyptien), chaque branche regroupant
les nombreux dialectes des pays de ces deux grandes zones territoriales. L’arabe littéral modernisé (modern Arabic
standard) est la langue qui unifie linguistiquement et culturellement tous ces
pays. » (Halbout, Dominique; Schmidt, Jean-Jacques, L’Arabe, Assimil,
Paris, 2006, pages VII-VIII).
Qui n’a pas entendu parler du « politically correct »? En fait, ça traduit la volonté des magnats,
des impérialistes (oui, oui, n’ayons pas peur des mots!) de dominer
complètement les richesses de notre belle planète et de nous massacrer s’il y a
opposition via les grands médias de communications bourgeois.
« Dans le roman d’Orwell « 1984 », la « novlangue »
désigne un code politico-médiatique qui permet au pouvoir totalitaire de « Big
Brother » de manipuler les masses par l’usage méthodique de l’euphémisme
et de l’antiphrase. L’anticommuniste
Orwell entendait ainsi dénoncer allusivement la « langue de bois »
stalinienne. » (Gastaud, Georges, Mondialisation capitaliste et projet
communiste, Le Temps des Cerises, Pantin, 1997, page 26).
Litige juridico-linguistique au Canada : Le Barreau du Québec et le Barreau de
Montréal « jugent qu’il est problématique que les lois (au Québec) soient
rédigées en français d’abord puis traduites en anglais plutôt que d’être
écrites simultanément dans les deux langues. (…) Selon une interprétation de l’article
133 de la loi constitutionnelle de 1867, obligatoirement être adoptées dans les
deux langues. » (La Presse canadienne, Le Barreau réclame des lois bilingues,
Métro, Montréal, le mardi 17 avril 2018, page 5).
Archives : La
Vie Réelle
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