samedi 28 avril 2018
1er mai 2018: de l'argent pour nos salaires, pas pour leurs sales guerres!
Nous reproduisons ici la déclaration du 1er mai produite par le Comité exécutif central de la Ligue de la jeunesse communiste du Canada. En plus de souligner l'importance, plus que jamais, de la lutte de la jeunesse contre l'impérialisme et le capitalisme en crise, la déclaration met en exergue quelques lueurs d'espoir, plaçant la célébration du 1er mai sous le signe des luttes populaires, qu'elles soient féministes, ouvrières et syndicales ou encore pour la paix et la solidarité internationale.
C'est ainsi que la Ligue de la jeunesse communiste du Québec, mue par un attachement profond à l'internationalisme et à la paix, considérant le danger croissant des interventions impérialistes et militaires, faisant payer le prix du sang à la jeunesse du monde, n'a pas hésité à s'engager dans la formation d'un contingent de solidarité internationale au sein de la marche syndicale qui se déroulera le 28 avril prochain. Nous nous rassemblerons à 12h 30 au coin nord-est des rues Pie-IX et Pierre-de-Coubertin.
À l’occasion du 1er mai, la Ligue de la jeunesse communiste tient à saluer la lutte de la classe ouvrière et les victoires qu’elle a pu arracher aux mains de la classe dirigeante à travers des années de combats et de mobilisations pour des meilleurs salaires, des meilleures conditions de travail et pour des services sociaux de qualité.
Cette année, nous célébrons la Journée internationale des travailleur.euses dans des conditions où l’exploitation globalement continue d’augmenter. Au Canada, les cent patrons les mieux payés gagnent 209 fois le salaire de travailleur.euses moyen (contre « seulement » 195 en 2016). À l’échelle globale, le 1% le plus riche possède 82% de la richesse mondiale. Autrement dit, alors que les travailleur.euses, la jeunesse et les masses populaires étaient sommées de « faire leur juste part » après la crise de 2008, le patronat n’a pas cessé de s’enrichir durant cette période, faisant porter le fardeau de sa crise sur les épaules des masses laborieuses.
Partout à travers le monde, y compris au Canada, les services publics sont mis à mal. Des milliards de dollars sont soit coupés ou ne sont pas perçus par les pouvoirs publics, résultat d’années de mesures d’austérité ou d’abattement fiscaux pour les grandes entreprises. C’est ainsi que la jeunesse se retrouve aux prises avec des dettes d’études faramineuses avoisinant les 30 000$ en moyenne. C’est ainsi que certains soins de santé, notamment les soins dentaires et oculaires, l’accès à une assurance-médicaments, mais aussi les opérations de réaffirmation de genre sont hors de portée. C’est ainsi que le financement des universités repose de plus en plus sur des entreprises privées qui espèrent obtenir un retour sur investissement…
Question salaires et conditions de travail, là aussi, c’est la jeunesse qui paye. Taux de syndicalisation marginal, situations de plus en plus précaires et ce, même après l’obtention de diplômes universitaires sont monnaie courante, résultat entre autres de la mondialisation et de traités de libre-échange (lire plutôt « constitutions faites sur mesure pour les grandes entreprises ») à l’image de l’ALENA qui se sont conclus par des baisses considérables des conditions de travail et des mises à pied massives pour les travailleur.euses et encore plus de profits pour le patronat. En outre, plusieurs jeunes, même syndiqués, sont victimes de clauses orphelines, les empêchant de bénéficier des mêmes conventions collectives que leurs confrères et consoeurs de travail avec plus d’ancienneté dans le but de liguer les jeunes travailleur.euses avec leurs collègues plus anciens.
Les travailleur.euses migrants quant à eux sont confrontés au programme scélérat de travail temporaire, un programme qui les confine à une situation pratiquement d’esclavage, au grand plaisir de leurs patrons qui voient en eux des serfs taillables et corvéables à merci : la liberté d’association leur est niée, tandis qu’ils ne peuvent se prévaloir des annuités qu’ils cotisent en termes d’assurance chômage ou de santé et de sécurité au travail; sans compter que souvent, logements décents, équipements de sécurité au travail et la possibilité de changer d’employeurs librement leur sont refusés. Avec la sanction du gouvernement canadien, les patrons isolent les travailleur.euses engagés sous ce régime, les empêchant de se syndiquer et de faire état de leur condition d’exploitation.
Les femmes quant à elles sont toujours loin d’avoir atteint l’égalité salariale. Malgré les quelques progrès réalisés au bout de plusieurs décennies de luttes féministes en ce sens, il reste qu’elles devraient attendre, au rythme actuel, 172 ans avant d’atteindre l’égalité, et ce, malgré un budget fédéral soi-disant féministe présenté par Bill Morneau cette année; si féministe qu’il en oublie même de faciliter la conciliation famille – travail – études en n’offrant pas l’accès à des services de garde publics et de qualité… En fait, le travail des femmes continue d’être sous-évalué tant sur les lieux de travail (où elles sont surreprésentées dans des secteurs moins bien rémunérées notamment les secteurs de l’alimentation et du commerce) qu’à la maison.
De surcroit, les travailleur.euses du monde entier sont confrontés au danger que représente la montée de l’extrême droite, du racisme, de la misogynie, du nationalisme; mais aussi la montée du militarisme et le danger réel d’une guerre mondiale ou d’un conflit globalisé. Cette dernière année, la jeunesse et les peuples de Syrie ont payé les frais, pour une 7e année consécutive, d’une guerre impérialiste dirigée par les États-Unis et l’OTAN qui a fait plus de 5 millions de réfugiés et plus de 350 000 morts. Le peuple et la jeunesse du Yémen affrontent toujours l’une des pires crises humanitaires causée par l’intervention de l’Arabie Saoudite sur son territoire alors que les agressions répétées contre le Venezuela, la menace d’un regain de tensions sur la péninsule de Corée contribuent à assombrir le tableau. Le peuple Palestinien, contre qui le Président Trump a prononcé un casus belli en décrétant Jérusalem comme capitale d’Israël, continue de résister 70 ans après s’être vu dépossédé de ses terres, malgré la menace du bagne, de la torture ou de la mort.
Dans cette situation, le Canada, qui trie pourtant ses arguments sur le volet lorsqu’il s’agit de justifier le manque de moyens pour créer des emplois ou financer des services tels que l’éducation gratuite, ne peine jamais à trouver quelques deniers pour faire la guerre et nous y préparer. La ministre de la Guerre, Chrystia Freeland, se fait en outre porte-parole des plus va-t-en-guerre, emboitant le pas à l’impérialisme états-unien et justifiant ses crimes.
Pour nous, jeunes communistes, le 1er mai est l’occasion de célébrer nos victoires passées et à venir. Partout où le capitalisme fait des ravages, partout où il fait la guerre que ce soit économiquement à coups de mesures d’austérité ou à coup d’interventions et d’agressions impérialistes pour subjuguer les quelques pays qui refusent de se laisser subjuguer par la loi du marché, il y a de la résistance.
Les avancées obtenues par la campagne pour un salaire minimum à 15$ l’heure sont encourageantes. Toutefois, le chantage patronal auquel la campagne s’est confrontée ces derniers mois, à commencer par les enfants multimillionnaires de Tim Horton pour qui payer des employé.es à 14$ l’heure mettrait en péril leurs profits, ou encore par les pressions des syndicats patronaux et chambres de commerce, montrent que malgré ces succès, la bataille n’est pas encore gagnée.
Contre la menace de la destruction de notre environnement, nombreux sont les jeunes mobilisés contre les projets dont l’extension de l’oléoduc TransMountain de Kinder Morgan et la construction du barrage « Site C », qui perpétuent une logique d’extractivisme effrénée dans laquelle la classe dirigeante du Canada s’attaque aux peuples et nations autochtones.
Contre le patriarcat et la violence systémique dont elles sont victimes, les femmes sont également mobilisées. Que ce soit, pour une deuxième année consécutive, en organisant la Marche des femmes en janvier ou à travers le mouvement #MoiAussi, nombreuses sont celles qui refusent de demeurer passives et qui sont résolues à prendre action.
Plusieurs jeunes s’organisent au Québec et ailleurs au pays, voire dans le monde, pour manifester leur opposition au G-7 dont le Canada assume la présidence cette année et qui aura lieu les 7 et 8 juin prochains à La Malbaie. Plus de 500 millions de dollars sont prévus afin d’assurer la sécurité des représentant.es des grandes puissances impérialistes responsables des crises, de notre misère et des guerres. Devant cette provocation, nous devons nous organiser et faire savoir aux yeux du monde que la jeunesse du Canada ne veut en aucun cas être associée au bellicisme du gouvernement Trudeau.
200 ans après la naissance de Karl Marx, nous sommes une nouvelle génération de résistance. Une génération qui s’efforce de voir en le 1er mai une opportunité de saluer les luttes qui permettront à notre génération de s’émanciper, d’aller au bout de ses idées et de sa démarche. Une lutte qui nous donne raison lorsque, 200 ans après la naissance du socialiste à la barbe blanche, nous clamons haut et fort : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous! » Unis et organisés, un autre monde est possible.
vendredi 27 avril 2018
Politique étrangère: un retour incomplet
Manon Cornellier 23 avril 2018 Éditorial
L’image est léchée, le mot juste, mais on attend toujours que la politique étrangère du gouvernement Trudeau se traduise en initiatives capables de justifier l’obtention d’un siège temporaire au Conseil de sécurité des Nations unies. À la veille du Sommet du G7, dans Charlevoix en juin, il y a encore beaucoup à faire pour convaincre.
Dès le début de son mandat en 2015, le premier ministre Justin Trudeau avait été propulsé dans un marathon de sommets internationaux où son image et son entregent avaient suffi à briser la glace et à imposer l’idée que l’approche canadienne serait différente du gouvernement précédent.
Depuis quelque temps, le lustre pâlit. M. Trudeau a lui-même déçu, que ce soit ses interlocuteurs chinois qui espéraient lancer les négociations d’un accord de libre-échange lors de son dernier passage ou encore les pays qui, en marge du sommet de l’APEC en novembre, pensaient signer l’accord de principe du Partenariat transpacifique. En Inde, il a créé un froid avec le gouvernement indien en plus de se ridiculiser à la face du monde, une image que sa tournée éreintante qui l’a mené la semaine dernière du Pérou à Londres en passant par Paris devait faire oublier.
M. Trudeau clame depuis son élection que « le Canada est de retour » sur la scène internationale. Il défend une vision centrée sur l’égalité, la diversité et l’ouverture, ce qui trouve écho, mais les propositions pour la mettre en oeuvre sont rarement au rendez-vous. Ce fut encore le cas mardi, devant l’Assemblée nationale française, et aux Nations unies, à l’automne, où il n’a rien dit sur les grands enjeux mondiaux ou les réformes onusiennes. Le Canada est pourtant en campagne pour entrer au Conseil de sécurité.
Dans son ouvrage sur la politique étrangère libérale (Un selfie avec Justin Trudeau), le chercheur et ancien conseiller de Stéphane Dion Jocelyn Coulon décrit un premier ministre qui ne maîtrise pas les affaires internationales. Il note aussi qu’« actuellement, aucune initiative internationale ne porte le sceau du premier ministre ». Le bilan qu’il dresse est sévère, mais ce n’est pas pour rien.
Sur le plan commercial et des relations canado-américaines, le gouvernement Trudeau fait preuve d’une grande maîtrise et a su manoeuvrer pour atténuer l’impact de l’arrivée de Donald Trump à la présidence américaine. En matière d’environnement, son appui indéfectible à l’Accord de Paris sur le climat rassure, même si les cibles canadiennes sont toujours celles du gouvernement Harper et demeurent hors d’atteinte.
La contribution aux opérations de maintien de la paix, qu’on promettait ambitieuse à l’été 2016, n’est plus à la hauteur des attentes. Au Mali, l’été prochain, on n’enverra que six hélicoptères et le personnel nécessaire. En matière d’aide publique au développement (APD), l’approche féministe de Trudeau est bien accueillie, mais les 2 milliards sur cinq ans annoncés dans le dernier budget permettront seulement de maintenir le ratio aide-RNB (revenu national brut) au niveau actuel, c’est-à-dire inférieur à la moyenne du gouvernement Harper, selon le Conseil canadien pour la coopération internationale.
La candidature canadienne au Conseil de sécurité a été rejetée en 2010 à cause, entre autres choses, de l’attitude du gouvernement Harper face au conflit israélo-palestinien et le peu de cas qu’il faisait de l’Afrique. Eh bien, depuis son élection, le gouvernement Trudeau n’a pas beaucoup dévié sur ces deux fronts, selon M. Coulon et plusieurs experts de la politique africaine.
Le premier ministre a le coeur à la bonne place, mais son gouvernement se montre timoré quand vient le temps d’agir dans les dossiers difficiles. Pour jouer le « rôle positif et audacieux » qu’il évoquait à Paris, il devra s’engager et offrir de vraies pistes de solutions.
mercredi 25 avril 2018
On nous traite comme des machines, et
encore…
La Nouvelle Vie Réelle
Daniel Paquet
F
|
rom the mouth of the
horse : « après avoir
augmenté durant les premiers mois de 2016, les taux d’emprunt des entreprises
sont revenus aux niveaux observés au moment de la parution de la Revue de décembre. (…)
Selon la plus récente enquête des responsables du crédit et
la toute dernière enquête sur les perspectives des entreprises menées par la
Banque, les entreprises exposées directement ou indirectement au secteur
pétrolier et gazier ainsi qu’au secteur métallurgique et minier ont dû composer
avec un léger resserrement des conditions du crédit au premier trimestre de
l’année. » (Banque du Canada, Évaluation
des vulnérabilités et des risques, Revue du système financier, Ottawa,
juin 2016, page 8).
L’information que nous livre la Banque du Canada est
toujours adéquate et pertinente, mais elle ne peut passer outre le portrait du
citoyen qui, lui, suit les aléas boursiers d’après un indice très
révélateur: son portefeuille, et aussi
par un élément incontournable : sa
santé. Ainsi, « une étude
internationale consacrée aux modes de vie futures et aux aspirations liées à la
mobilité montre que 78% des personnes interrogées dans six pays au mode de vie
‘occidental’ (i.e. la France,
l’Allemagne, l’Espagne, les États-Unis, le Japon et la Turquie) aspirent à
ralentir leur rythme de vie, et 51% à moins travailler. (…)
Les personnes interrogées préfèrent cependant avoir moins de
temps libre et plus d’argent (40%) que l’inverse (20%). » (AP et Relaxnews, Le rythme de vie occidental remis
en question selon une étude, Métro, Montréal, jeudi 7 juillet 2016,
page 29).
C’est la bourgeoisie qui nous éreinte au travail. Avec les profits que les capitalistes
engrangent, ils pourraient se permettre d’augmenter le pouvoir d’achat des
travailleurs, et de réduire le nombre d’heures passées au boulot mais ils
préfèrent faire croître leurs entreprises.
Par exemple, « la Banque
CIBC a annoncé ... qu’elle a conclu une entente définitive visant
l’acquisition de PrivateBanCorp et
de sa filiale, the PrivateBank, une
banque commerciale de marché intermédiaire basée à Chicago (USA). (…)
PrivateBanCorp possède
17,7 milliards $US en actif. (…)
La clientèle de PrivateBanCorp
se compose de sociétés du marché intermédiaire, en plus de propriétaires
d’entreprise, de cadres, d’entrepreneurs et de familles. PrivateBanCorp
offre aussi des services bancaires spécialisés à des clients de certains
secteurs d’activité, dont les soins de santé et la technologie. » (La Presse canadienne, La CIBC achète une banque
américaine, Le Devoir, Montréal, le jeudi 30 juin 2016, page B 2).
En Europe également les fusions financières se poursuivent,
ne serait-ce que l’émergence d’une nouvelle et puissante Bourse née de l’union
de la Deutsche Börse (Allemagne) et LES (Grande-Bretagne). « Quelques heures après le séisme
provoqué par le résultat du référendum britannique en faveur d’une sortie de
l’Union européenne, les opérateurs des Bourses de Francfort et de Londres se
disaient toujours pleinement engagés pour mener à bien leur fusion. [S’ajoute le fait que] l’État régional de
Hesse, qui octroie une licence à Deutsche
Börse pour opérer la Bourse de Francfort, devrait être réticent à l’idée
que la capitale financière allemande puisse voir son poids diminuer à
l’internationale. » (Julien, Marie;
Toussaint, Benoît, Péril sur le mariage des Bourses de Francfort et de Londres, Le
Devoir, Montréal, le jeudi 30 juin 2016, page B 4).
Malgré tout, la bourgeoisie tentera et parviendra peut-être (presque
comme toujours!), à nous faire croire que ‘rien ne va plus’ et qu’il faut
fermer boutique. Dernières en date,
« les plus récentes données de Statistiques Canada démontrent que le pays
a affiché un déficit commercial record en avril et que celui-ci a été presque
aussi mauvais en mai, ce qui fait craindre à certains observateurs que la
faiblesse économique du deuxième trimestre soit pire que prévu. » (Avec l’Agence France-Presse/La Presse
canadienne, Le déficit commercial du Canada a atteint un niveau record en avril,
Le Devoir, Montréal, le jeudi 7 juillet 2016, page B 2).
« La grande entreprise moderne est une coquille
juridique conçue pour s’approprier le maximum des ressources de son
environnement et dans laquelle les gestionnaires, les actionnaires, les créanciers,
les clients et les fournisseurs sont en dépendance organique, mais se
surveillent mutuellement et s’affrontent pour se partager le gâteau. (…)
Au Canada, les millions de contribuables isolés, atomisés
forment aussi une cible fiscale facile comparée aux oligarchies d’affaires qui
réussissent à obtenir une défiscalisation de leurs revenus… » (Bernard,
Michel; Lauzon, Léo-Paul, Finances publiques, profits privés,
Éditions du Renouveau québécois et la Chaire d’études socio-économiques de l’UQÀM,
Montréal, 1996, page 49).
Si les gouvernements au Canada (fédéral et du Québec), à
titre d’exemple, font vœu de pauvreté quant à leurs dépenses, il n’en va pas de
même pour leurs plantureux dons aux grandes corporations.
Ainsi, « le ministre des Finances (du Québec), Carlos
Leitao, fait miroiter des baisses d’impôt à la suite des généreux surplus
enregistrés par son gouvernement. Le
surplus budgétaire pour 2015-2016 atteint en effet 1,8 milliard selon les
données les plus récentes. [Le ministre]
a toutefois rappelé que l’option ‘généralement’
choisie en cas de surplus est le paiement de la dette. » (Bergeron,
Patrice, Leitao fait miroiter des baisses d’impôt, Le Devoir, Montréal,
le jeudi 7 juillet 2016, page B 3).
En clair, c’est le retour d’ascenseur vers les institutions
financières qui exigent dorénavant que le gouvernement du Québec rembourse ‘complaisamment’ les intérêts en ‘pièces
sonnantes et trébuchantes’. D’ailleurs,
du bout des lèvres, le ministre s’adresse assez directement aux néophytes, car il
« a par ailleurs écarté la possibilité d’annuler les récentes compressions
de 200 millions dans le réseau de la santé. (…)
Rappelons que, durant la dernière campagne électorale, le premier
ministre, Philippe Couillard, s’était engagé à consacrer la moitié d’éventuels
surplus budgétaires au paiement de la dette et l’autre à des baisses
d’impôt. » (Bergeron, page B 3).
« Les ministres, grosso
modo, ne parlent pas des vrais problèmes comme celui de la répartition des
richesses et de l’impôt des compagnies.
[Les comptables et les ministres] rêvent d’une comptabilité de ‘business’
pour l’État; cela fait partie du rêve capitaliste plus général de l’effacement
de l’État devant les affaires. (…)
Ainsi, ils considèrent comme une perte tout investissement
en éducation ou pour la santé, ou en général tout ce qui est investi dans les
personnes. (…)
Pendant ce temps, 70 000 compagnies rentables ne paient
pas d’impôt au Canada. (…)
La plus grande conséquence des difficultés budgétaires de
l’État est une demande de réduction du politique en faveur du pouvoir des
hommes d’affaires, des technocrates comptables, économistes, banquiers, maison
de cotation, etc. (…)
Évidemment, on fait du retrait de l’État la solution globale
à tout. Il faut retourner plus loin dans
le passé et se souvenir que ce sont les défauts (i.e. les conséquences directes) du capitalisme (i.e. engendrant l’impérialisme) qui ont
amené l’existence de l’État assurantiel et l’interventionnisme
étatique. » (Bernard-Lauzon, pages
53, 55).
On doit souligner au passage l’âpre lutte de classes qui a
fait reculer ou freiner l’impérialisme et ‘son’ État et les ont obligés à des
concessions de taille, en plus de la perte de marchés alléchants, à partir de
la deuxième guerre mondiale, surtout en Europe et lors de la décolonisation en
Afrique notamment.
« L’utilisation de capital la plus avantageuse pour le
capitaliste est celle qui, à sûreté égale, lui rapporte le plus gros profit;
mais cette utilisation peut ne pas être la plus avantageuse pour la société. Tous les capitaux utilisés pour tirer parti
des forces productives de la nature sont les plus avantageusement utilisés.
(Say, tome II, pages 130, 131) ». (Marx, Karl, Manuscrits de 1844,
Flammarion, Paris, 1985, page 35).
Dans le tournant des années 1970-1980, et à grands renforts
de publicité, les compagnies d’assurance prêchaient aux Québécois que si la
situation semblait difficile sur le plan économique, il n’en serait plus ainsi
au moment de la retraite : la
Liberté 55. Quelle duperie! Nous étions au lendemain de la dure et
honteuse défaite militaire U.S. au Vietnam.
De toute façon, ‘il n’y aurait plus de guerre’, claironnaient les
mass-médias s’alimentant aux U.S.A.
L’agression occidentale contre l’Irak dément la réalité;
elle s’appuie sur de fausses prémices; par exemple la possession d’armes de destruction
massive orientées vers les pays de l‘OTAN.
Le président de la commission sur l’engagement en 2003 du Royaume-Uni en
Irak, John Chilcot, [affirme qu’] en mars 2003, il n’y avait pas de menace immédiate. La politique de l’endiguement
aurait pu être poursuivie.’ » (Albert, Éric, Guerre en Irak : un rapport attendu accable Tony Blair,
Le Devoir, Montréal, le jeudi 7 juillet 2016, page B 5).
À l’époque, Tony Blair envoie un mémo à George W Bush : ‘Je
serai avec toi, quoiqu’il en soit’, il ajoute : ‘La planification
et la stratégie sont les plus difficiles [des guerres qu’on a connues
jusqu’à présent]. Ce n’est pas le Kosovo. Ce n’est pas l’Afghanistan. Ce n’est même pas la guerre du Golfe.’ « John Chilcot rappelle que le retrait
des forces britanniques en 2007 s’est opéré dans des conditions ‘humiliantes’. Les
troupes de Sa Majesté ont dû passer un accord avec une milice locale (quelle
ironie! D.P.), qui les avait combattues, pour stabiliser temporairement la région.
(…)
En Irak, depuis la guerre de 2003, un demi-million de
personnes ont été tuées. La naissance de
l’État islamique n’aurait pas été possible sans le chaos du pays, - ndlr). (…)
John Chilcot ne tranche pas la question d’éventuelles
poursuites judiciaires contre l’ancien premier ministre. (…)
Mais le verdict politique est sans appel. » (Albert, page B 5).
Il y a déjà fort à parier que la bourgeoisie britannique et al. utilisera tous les moyens à sa
disposition pour qu’on oublie, au sein de l’opinion publique, ‘l’incident de parcours’;
c’est l’omerta que ceux-ci vont,
comme lors de déclarations leur étant hostiles, vouloir régner et si possible,
séance tenante. » (Albert, page B
5).
C’est vraiment comique que l’article voisinant celui sur la
guerre en Irak et la participation de Tony Blair, dit en fait à propos du Scottish National Party (SNOP) : « Le
SNP [à Bruxelles] ne veut pas créer de précédent. Chaque situation doit être examinée
individuellement et nous ne voulons pas
prendre le risque que des inquiétudes externes compliquent notre
situation. » (Site EurActiv).
Retour à la guerre en Irak : « Le conflit a coûté
la vie à 179 militaires britanniques, à près de 4 500 militaires
américains et à plus de 100 000 Irakiens ». (AP, L’Intervention britannique en
Irak descendue en flammes, Métro, Montréal, jeudi 7 juillet 2016, page
10).
« Les larmes de crocodile que [Tony Blair] a versées sur
‘la décision la plus difficile’ qu’il ait jamais prise ne font que mettre en
lumière le fait que, loin d’avoir agi en toute ‘bonne foi’, il a manufacturé
une réalité qui accréditait ses intentions, au nez et à la barbe, faut-il le
rappeler, des manifestations anti-guerres qui, par millions au Royaume-Uni et
dans le monde, avaient exprimé leur désaccord. » (Taillefer, Guy, Éditorial, Ce caniche
que fut Tony Blair, Le Devoir, Montréal, le jeudi 7 juillet 2016, page
A 6).
Les éditorialistes des mass-médias disculpent régulièrement,
les dirigeants politiques et parfois la classe bourgeoise (militariste et
revancharde) et les autres grands brasseurs d’affaires (dont les banquiers),
qui servent bien leurs intérêts financiers, industriels et autres.
« Il n’y a pas une seule république au monde qui fasse
sa politique étrangère au grand jour.
(Et encore lors des rencontres du G7, du G8, du G20, de l’OTAN, etc., -ndlr). Tant que le régime capitaliste existera, on
ne peut attendre des capitalistes qu’ils ouvrent au public leurs livres de
commerce. La propriété privée des moyens
de production comporte la propriété privée des titres et des opérations
financières. Le fondement essentiel de
la diplomatie actuelle, ce sont les opérations financières, qui se ramènent au
pillage et à l’étranglement des nationalités faibles : tels sont,
à notre point de vue, les principes essentiels dont découle toute notre
appréciation de la guerre : ‘Aussi
un parti prolétarien ne peut-il soutenir ni la guerre actuelle (la première guerre
mondiale), ni le gouvernement actuel (dans le cas de la Syrie, on pourrait
viser les pays membres de l’OTAN, dont le Canada), ni ses emprunts, sans rompre
complètement avec l’internationalisme, c’est-à-dire avec la solidarité
fraternelle des ouvriers de tous les pays dans la lutte contre le joug du
Capital.’ » (Lénine, V.I. Œuvres
choisies, tome 2, Éditions du
Progrès, Moscou, 1968, page 101).
Comme l’a écrit le général et théoricien militaire prussien,
Carl von Clausewitz, la guerre c’est la politique par d’autres moyens; et la
politique fixe les balises de l’État, qui, lui, émane des arrangements
(pacifiques ou guerriers) des populations qui s’établissent sur des territoires
où elles mettent en commun la plupart du temps – dans un premier temps- leur
autorité et l’organisation de leur économie… qui fut agraire, il y a de cela des
siècles.
Le type d’organisation marque définitivement un progrès par
rapport au mode de production précédent, par exemple du capitalisme vers le
socialisme; du féodalisme vers le capitalisme. Le lecteur est invité à lire le Manifeste du Parti communiste de Marx
et d’Engels, rédigé en 1848.
Somme toute, le gouvernement du Canada, malgré les
nombreuses guerres où il a entraîné le pays, n’a pas réussi à militariser
l’opinion publique au pays, a fortiori
au Québec, où la majorité de la population s’est fondée dans le creuset des
Français ‘vaincus’ par l’Empire britannique.
Ceci explique entre autres la dégelée de l’ex-parti au pouvoir, le Parti
conservateur du Canada. On sait qu’une
des conséquences du changement d’attitude du peuple canadien et de la débâcle
des conservateurs, surtout dans l’ouest du pays, origine dans le soutien sans
réserve de Stephen Harper et de ses conservateurs à la politique belliqueuse
des U.S.A.
Maintenant, la population canadienne s’intéresse de plus en
plus à ‘l’économie’. « Les médias
ont fait état de quelques bizarreries témoignant de l’existence du
phénomène. L’archipel des Bermudes avec
ses 60 000 habitants compte 9 500 compagnies, dont 1 300 compagnies
d’assurance. (…)
Pourtant cette tendance à l’assurance s’explique mal
puisqu’ils arrivent troisième au monde pour le Produit national brut par
habitant. Les 30 000 habitants des
îles Caïmans, avec leurs 28 000 compagnies, sont sûrement les gens les
plus entreprenants de la terre… Il faut
dire pour éclairer le phénomène que le taux d’impôt de ces paradis est rarement
au-dessus de 10%. Les Barbades imposent
les compagnies internationales à 2%. (…)
Sur 119 filiales étrangères (à l’extérieur du Canada et des
États-Unis), appartenant à nos six grandes banques, 57 sont localisées dans les
Antilles. (…)
« Tant le [feu] premier ministre, Jacques Parizeau, que
l’ex-ministre québécois du Revenu, Yves Séguin, ont blâmé l’utilisation par les grandes corporations de filiales
étrangères situées dans des paradis fiscaux pour fins de réduction de
l’impôt sur le revenu. Selon M. Séguin, le fait de permettre aux
entreprises canadiennes de ne pas déclarer leurs bénéfices réalisés dans des
filiales étrangères encourage les grandes corporations à s’installer dans des
paradis fiscaux. » (Bernard-Lauzon,
pages 118, 119).
La bourgeoisie au Canada (incluant le Québec) s’appuie sur
l’Assemblée nationale (à Québec) et la Chambre des Communes (à Ottawa). « Certes, le moyen de sortir du
parlementarisme ne consiste pas à détruire les organismes représentatifs et le
principe électif (ce que veulent conserver les travailleurs britanniques par
exemple après le vote en faveur du Brexit, - ndlr), mais à transformer ces
moulins à parler que sont les organismes représentatifs en assemblées ‘agissantes’. ‘La Commune (Paris, 1871), devait être non
pas un organisme parlementaire, mais un corps agissant, exécutif et législatif à
la fois.’ (…)
Il ne saurait être question de supprimer d’emblée, partout
et complètement, le fonctionnarisme.
C’est une utopie. Mais briser
d’emblée la vieille machine administrative pour commencer sans délai à en
construire une nouvelle, permettant de supprimer graduellement tout
fonctionnarisme, cela n’est pas une utopie, c’est l’expérience de la Commune,
c’est la tâche urgente, immédiate, du prolétariat révolutionnaire. » (Lénine, pages 323, 324-325).
Une preuve très tangible de l’inutilité du parlement, nous
est donnée par les travaux en cours du Comité parlementaire sur la réforme
parlementaire. D’entrée de jeu, la
Ministre libérale responsable des Institutions démocratiques, Maryam Monsef,
lance le débat en invitant « les
députés de tous les partis à la Chambre des Communes à mettre de l’eau dans
leur vin, [et elle s’] engage à
revoir le rapport que [les membres du Comité rédigeront] intelligemment et à déposer à la Chambre
des Communes une recommandation qui aura du sens pour tout le monde. » (Buzzetti, Hélène, Le gouvernement ne bougera pas sans
consensus, Le Devoir, Montréal, le jeudi 7 juillet 2016, page A 7).
La plupart des commentaires sont venus des conservateurs et
se sont limités à des questions de forme :
durée et financement du Comité.
Ils savent bien que leur haine pathologique et farouche à l’égard des
Canadiens-français serait suicidaire et
n’augurerait rien de bon suite à leur score anémique au Canada, surtout au Québec.
Quant aux sociaux-démocrates du Nouveau Parti démocratique,
ils ont ‘réitéré leur préférence pour le vote proportionnel’ et justement pour
maintenir leurs assises au Québec où ce parti a enfin réussi à séduire les
travailleurs canadiens-français.
Toutefois dans ce dossier et d’autres encore, le
gouvernement du Parti libéral du Canada déçoit.
C’est évident qu’il piétine sur place dans le cercle du statu quo, tout en souhaitant maintenir
sa cote d’amour auprès de l’électorat canadien.
Il a déjà failli à la tâche.
Le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, aurait dû virer le
ministre Stéphane Dion qui a été particulièrement lamentable dans le trafic d’armes
de la canadienne General Dynamics
avec le gouvernement de l’Arabie saoudite, qui achète pour $15 milliards
d’équipement militaire. Tout est
dégoûtant dans cette rapine. Et le
ministre des Finances sait-il le montant exact que touchera le fisc canadien et
ontarien dans cette prébende?
Dans le dossier sur le mode de scrutin, le gouvernement du
Canada a fixé les balises, reprendra-t-il la réponse de la ministre Monsef, aux
députés conservateurs à propos d’un référendum sur le mode électoral canadien; voici ce qu’elle a dit : « Si
c’est ce que le comité recommande, si c’est ce que vous entendez de la part des
Canadiens, si vous arrivez à un consensus que c’est la meilleure façon de
dialoguer avec les Canadiens en 2016, alors il me reviendra et il reviendra au gouvernement de prendre cela
au sérieux. » (Buzzetti. page
A3).
Dans un autre ordre d’idées, et finalement en écrasant la
fibre nationale au Québec, le camp Anglo-franco-canadien (la grande bourgeoisie
canadienne) pour le ‘non’ à la séparation du Québec, les milieux d’affaires,
financiers, réactionnaires et… n’hésitons pas à le dire anti-Canadiens-français
ont tout fait (sauf l’invasion par les
Forces canadiennes, parce que depuis 1970 lors de l’invasion d’octobre, les
gouvernements ne sont plus très sûrs des troupes, y compris celles stationnées
à Valcartier dans le nord de la ville de Québec) pour éradiquer de la conscience
nationale de tous les Québécois francophones (de souche et en devenir) et des
Anglos progressistes, ce qu’il y avait de plus beau dans la tête, les corps et
les mains créatrices des Québécois, des rêves qu’ils avaient collectivement
bâti pour un monde meilleur où on puisse inventer des chansons et des rires;
sans compter un cinéma original et un théâtre novateur, à l’ombre du main
stream de la ‘culture’ impérialiste U.S.
C’est malheureusement le ‘non’ qui l’a emporté et les conséquences
ont été cruelles : l’indifférence,
la morosité et le rejet de la lutte politique par les masses laborieuses et
l’intelligentsia d’avant-garde.
Permettez-moi toutefois de démolir un mythe : les ‘communautés culturelles’, les ‘votes
ethniques’ n’ont pas fait la différence lors du deuxième référendum sur la
question nationale au Québec en 1995; l’affirmer, c’et s’éloigner de la vérité.
Alors voilà :
mon arrière-grand-père, William Harris était Irlandais qui ne parlait que l’anglais; il a eu deux
enfants : Joseph et Beatrice. Joseph, devenu adulte, a joint les rangs du
Parti communiste du Canada.
Beatrice s’est mariée à un Canadien-français : Eugène Paquet, carrossier et débosseleur
d’automobiles de son état. Ils ont tous
vécu à Québec. Mon père, Donat, se rappelait
bien du ‘grand-père Harris’, débardeur dans le port de Québec. Il était assez populaire parmi ses
camarades. D’autant plus que la journée
de la paye, ‘Bill’ payait la traite à tout le monde dans les tavernes de la Vieille
Capitale. À l’époque, beaucoup d’Irlandais
vivaient à Québec; à l’avant- dernier recensement au Canada, seulement
6 000 Irlandais étaient résidents de Québec et de la région : surtout des ‘têtes grises’. Incidemment, les Irlandais de Québec parlent
l’anglais avec un accent canadien-français.
Mon grand-père Eugène voulait, quant à lui, apprendre
l’anglais pour pouvoir parler à ses tantes du côté des Harris.
Avec le temps, tout le monde dans la famille Harris-Paquet est
devenu francophone. Ma scolarisation
s’est faite en français. En secondaire
V, je me suis retrouvé au St. Patrick’s High School. L’année suivante, on m’a élu à l’Exécutif de l’Association nationale des étudiants du
Québec (ANEQ). Puisque je parlais
anglais, on me demandait souvent d’être porte-parole dans des organisations de
jeunesse anglophone : McGill University, cegep Dawson, Concordia
University, et d’autres collèges de
l’ouest de Montréal.
En 1977, le National
Union of Students (450 000 membres) adoptait deux propositions
présentées par l’Aneq :
1.
que
l’Aneq est le pendant national du NUS;
2.
que le NUS reconnaît le droit du Québec à
l’autodétermination jusqu’à et y compris l’indépendance.
Et ce fut adopté. Comme
m’a dit un jour un vieil ouvrier juif, immigré de Pologne (âgé de 80 ans) et tailleur
de métier : ‘ le jour où les
travailleurs québécois seront unis et déterminés, c’est le Ciel qu’ils conquerront.
Au fil des ans, j’ai rencontré des jeunes gens, hommes et
femmes, qui ont en commun malgré leur nationalité un grand amour pour le Québec,
ses traditions et sa langue française.
Ils viennent du Pakistan, de l’Inde, de l’Afghanistan, de la Turquie, de
Grèce, d’Italie, et la liste pourrait s’allonger….
Ils disent en français avec l’accent de leur maman et de leur papa, qu’ils sont fiers d’être
Québécois. Mais demandez-le donc à Linda
Thalie!
Blog : La
Nouvelle Vie Réelle, www.lnvr.blogspot.com
Archives : La
Vie Réelle
Xi Jinping : Laissons voir au monde comment la Chine s'est développée
french.china.org.cn
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2018-04-25 11:33
La Chine devrait promouvoir son propre développement tout en poursuivant et en élargissant sa politique d'ouverture, a déclaré Xi Jinping, secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois (PCC).
M. Xi encourage également le public à vivre selon les enseignements du Manifeste du Parti communiste
La Chine devrait promouvoir son propre développement tout en poursuivant et en élargissant sa politique d'ouverture, a déclaré Xi Jinping, secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois (PCC).
Le pays devrait encourager la communauté internationale à assumer conjointement les tâches découlant de la mondialisation économique et à travailler ensemble pour relever les défis qui se présentent, a indiqué lundi M. Xi lors d'une session d'étude de groupe du Bureau politique du Comité central du PCC.
L'objectif est de rendre la mondialisation économique plus ouverte, inclusive, bénéfique, équilibrée et gagnant-gagnant, a précisé M. Xi. En outre, le but est de s'assurer que différents pays, classes sociales et groupes d'individus partagent les opportunités introduites par la mondialisation, a-t-il ajouté.
L'étude de groupe s'est concentrée sur le Manifeste du Parti communiste - un classique théorique historique de Karl Marx publié en 1848 pour guider le mouvement communiste international - et sa signification à notre époque. M. Xi a ainsi souligné l'importance de l'étudier.
L'avènement du manifeste a marqué un grand moment dans l'histoire intellectuelle, car il élabore sur la noble qualité de ce que sont devenus les partis politiques marxistes et dévoile les lois naturelles de la façon dont la société se développe, a affirmé M. Xi.
Le but de l’analyse du manifeste est de comprendre et de saisir le pouvoir de la vérité du marxisme et d'écrire un nouveau chapitre du socialisme à la chinoise dans la nouvelle ère, a ajoute lé président Xi.
Agir efficacement selon le manifeste exige des efforts pour rester fidèle aux aspirations originelles, accorder la priorité au peuple et améliorer le bien-être du public, a-t-il souligné.
Le pays devrait s'attaquer efficacement à son développement déséquilibré et insuffisant, améliorer la qualité de son développement et veiller à ce que les résultats profitent davantage à la nation toute entière, a déclaré M. Xi.
Selon lui, de nouveaux progrès doivent être constamment réalisés dans des domaines tels que l'éducation maternelle, l'enseignement, les revenus, les soins de santé, les soins aux personnes âgées, le logement et les aides aux personnes qui en ont un besoin urgent.
S'exprimant sur le renforcement du Parti, M. Xi a déclaré que les efforts devaient être synchronisés en termes d’amélioration globale de la discipline du Parti, ajoutant que l'accent devrait être mis sur la résolution des problèmes émergents dans le processus d’avancement du renforcement du Parti.
Les efforts de mise à jour constante du marxisme dans la nouvelle ère devraient se concentrer sur les principaux problèmes existants du pays, les questions stratégiques concernant la situation dans son ensemble ainsi que sur les problèmes qui intéressent le public afin d'introduire de nouvelles idées, inspirations et méthodologies pour résoudre ces problèmes, a indiqué le président chinois.
Les membres du Parti, en particulier les hauts responsables du Parti, devraient traduire en actions les classiques théoriques marxistes, dont le manifeste, et un groupe de professionnels devrait être encouragé dans la nouvelle ère pour compiler et traduire les classiques, a ajouté M. X
lundi 23 avril 2018
La Bulgarie, avant et après, dans la perception des générations qui vécurent le tsunami capitaliste
19 Avril 2018 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Front historique, #Théorie immédiate, #Europe de l'Est, #l'Europe impérialiste et capitaliste, #Economie
La Bulgarie, avant et après, dans la perception des générations qui vécurent le tsunami capitaliste : extrait d’un article publié dans Political Affairs, revue en ligne du PC des USA, sous la signature abrégée : FS. Une adaptation raccourcie a été publiée dans le numéro 2 de la revue « Unir les Communistes ». Traduction AQ. Mis en ligne le 5 mars 2014. Texte original ici : An experiment in living socialism: Bulgaria then and now
« Le Manifeste du Parti Communiste pourrait être lu aujourd'hui comme s'il avait été rédigé il y a quelques semaines ... L'expérience de l'Europe de l'Est et du Tiers-Monde montre le besoin vital d'une gauche universaliste en tant que véritable alternative aux nouvelles formes de barbarie. » [1]
Jeter les bases d'une « histoire des peuples » du socialisme 1.0
Dans cette conjoncture critique, étant donné l’urgence actuelle, il est temps pour la gauche de prêter une attention nouvelle à l'expérience socialiste qui eut lieu en Europe de l'Est. Il faut la réexaminer en profondeur pour déterminer tout ce qui, dans la gauche radicale d'Amérique du Nord, d'Europe et d'ailleurs, était progressiste et efficace, dans les ex-économies du « socialisme-réel » en Europe de l'Est – en particulier les États socialistes de petite dimension comme la Bulgarie- ainsi que leurs faiblesses, erreurs, contradictions et les myriades de problèmes engendrés par l'impact durable de la Guerre froide.
Les pays socialistes sont devenus le « champ d'essai d'une forme extrêmement agressive d'ingénierie sociale néolibérale », dans une tentative plus large d'imposer un bouleversement du paradigme social. [2]»
Nous sommes en train d’assister à une métamorphose des paradigmes politiques et économiques, par l’action du FMI, de l’UE- avec l’aide d’une bourgeoisie compradore de nouveaux riches et d’une clique d’oligarques - qui a transformé la plus grande partie du continent postsocialiste en un grand hospice de pauvres.
Des chercheurs défendent la thèse que le tsunami néocolonial au lendemain de la guerre froide a amené des versions ultra-capitalistes du néo-libéralisme dans les pays d’Europe de l’Est, avec des conséquences dévastatrices pour l’éducation et la protection sociale. [3] L’ironie de l’histoire bourgeoise – ou peut-être sa « ruse de la Raison » dans le sens classique hégélien du terme – étant que les réussites majeures du socialisme “réellement existant” du 20e siècle sont devenues ce pour quoi combattent les gens aujourd’hui, sous un capitalisme d’austérité.
Ma thèse centrale est la suivante: les récits des gens ordinaires qui ont grandi sous le socialisme et qui désormais vivent et travaillent dans des sociétés postsocialistes, au beau milieu de l’anomie généralisée et d’une sévère pauvreté, leur dignité piétinée, doivent être collectés, discutés et largement diffusés. Cela fournira le procès verbal d’une expérience authentique et d’une mémoire radicale de la réalité même. De tels récits peuvent préciser notre vision du “socialisme démocratique” du 21e siècle. Un tel projet devrait être orienté vers une histoire orale et une enquête biographique, examinant ce qu’était réellement la vie dans ces États, telle qu’elle était vue par des citoyens ordinaires survivants aujourd’hui dans le chaos du capitalisme restauré.
On défend ici la thèse que la restauration des économies de marché et la démocratie bourgeoise à travers l’Europe de l’Est, avec la massive dé-collectivisation de l’agriculture et la privation de l’industrie, ont saccagé la dignité humaine et détruit les acquis de la protection sociale du « socialisme réel » obtenus pendant de nombreuses décennies. La colonisation économique et idéologique de la part de l’Occident s’est intensifiée à une échelle massive pour la vaste majorité des familles qui travaillent. Récemment, un auteur a observé que:
"Le démantèlement du socialisme a été, en un mot, une catastrophe, une immense escroquerie qui n’a non seulement rien apporté de ce qui était promis, mais qui a en outre semé un mal irréparable....D’innombrables voix en Russie, Roumanie, Allemagne de l’Est et ailleurs se lamentent sur ce qu’il leur a été volé – et à l’humanité dans son ensemble: « Nous vivions mieux sous le communisme. Nous avions du travail. Nous avions la sécurité. »" [4]
Parlant du “socialisme 2.0” pour le 21e siècle, Peter Mertens, président du Parti des Travailleurs de Belgique, faisait remarquer en, 2012 dans une interview: "Nous ne sommes pas non plus dans le cas de tout ignorer du sujet ou de devoir commencer à partir d'une feuille vierge. Il y a eu des expériences, il y a eu un socialisme 1.0, avec ses points forts et ses points faibles, avec ses réalisations fantastiques, mais aussi avec ses graves erreurs. Et nous vivons à une époque différente."
La Guerre froide est finie, cependant elle persiste chez certains socialistes dans une sorte de temps idéologique biaisé. Pour forger l’unité de la gauche, les débats sur la question de la manière de construire un large parti marxiste ont besoin d’un « contre-champ » empirique sur ce qu’était le vécu réel des travailleurs et des familles ordinaires des pays socialistes d’Europe de l’Est, et leur vécu actuel au prises avec le chaos des contradictions du capitalisme restauré dans ces mêmes sociétés. Leurs histoires authentiques - ancrées dans l’histoire et la mémoire – sont pertinentes pour la lutte actuelle et reflètent les réalités d’autrefois, qui ont aujourd’hui été vidées de leur sens, et dont de nombreux socialistes nord-américains semblent être remarquablement inconscients. Mais c’est précisément ce contraste entre hier et aujourd’hui dans les sociétés postsocialistes d’Europe de l’Est qui est hautement instructif. Nous pouvons apprendre beaucoup des réalisations passées telles qu’elles étaient expérimentées et vécues. Cela peut servir à neutraliser le "danger d’une histoire unique" dans nos conceptions persistantes de ce qu’était (et n’était pas) le socialisme en Europe de l’Est.
La Bulgarie : un pays exemplaire de la chute libre postsocialiste
Aujourd’hui, en 2013, l’économie bulgare est traversée de contradictions massives sous l’effet de la « thérapie de choc » du capitalisme néolibéral. La Bulgarie est aujourd’hui l’Etat postsocialiste au plus bas revenu, avec les plus hauts niveaux d’émigration, reflétant la « course vers le bas » du capitalisme en UE. Comme l’a noté un chercheur en 2009:
"L’incapacité du capitalisme à améliorer les niveaux de vie, à imposer l’autorité de la loi, à endiguer une corruption et un népotisme florissants, a entraîné la nostalgie du temps où le taux de chômage était de zéro, la nourriture était bon marché et la protection sociale solide ".[5]
De nombreux Bulgares nés dans les années 1970 ou avant voient la période socialiste comme un "âge d’or" par rapport à l’époque actuelle.
Il y a une blague populaire bulgare qui circule où il est question d'une femme qui se réveille pendant la nuit et court dans toute la maison, regardant dans l’armoire à pharmacie, le réfrigérateur et enfin à travers la fenêtre donnant sur la rue. Soulagée, elle se remet au lit. Son mari lui demande "Qu’est ce qui ne va pas?" "J’ai fait un terrible cauchemar," dit-elle. "J’ai rêvé que nous pouvions nous payer des médicaments, que le réfrigérateur était complètement rempli et que les rues étaient sûres et propres. "Mais comment cela peut-il être un cauchemar?" demande le mari. La femme hoche la tête, "Je pensais que les communistes étaient revenus au pouvoir.” [6]
Une part considérable de la population bulgare de plus de 40 ans demeure convaincue qu’il y a 25-35 ans, le système de protection socialiste en Bulgarie offrait les biens et les services essentiels à la plupart des familles dans un système largement égalitaire fermement enraciné dans le développement économique, et l'accès à des prestations sociales universelles. Une recherche plus empirique est nécessaire, dont une enquête qualitative sur « la subjectivité et la mémoire des travailleurs postsocialistes, » des analyses sur « l’histoire orale du socialisme réel », des études biographiques à utiliser comme un traceur lumineux pour éclairer les réalités du passé social communautaire. Rien n’est tout noir ou tout blanc, et chaque point évoqué peut être exploré davantage. Une très faible minorité de Bulgares privilégiés ou beaucoup plus jeunes seront bien évidemment en désaccord.[7] Les récits bulgares peuvent être complétées par des histoires venant de Russie, d’Ukraine, de Roumanie, de Serbie et d’ailleurs.
Le mot « démocratie » est une injure pour de nombreux Bulgares nés avant 1970 et il est employé avec un mépris affiché, qui l’assimile à la restauration du capitalisme, au retour à la société de classes, à la pauvreté, au désespoir, à l’insécurité, et à une grossière inégalité, en somme au saccage systématique de la dignité humaine des gens ordinaires. La Bulgarie, qui a été complètement colonisée par le néolibéralisme, a aujourd’hui les salaires les plus bas de toute l’Europe et se trouve confrontée à l’« otanisation » du pays, au chômage massif et au quasi effondrement de l’agriculture. Le pays est désormais confronté à un chaos social destructeur, à une dépression sociale généralisée, avec une nouvelle classe dirigeante au pouvoir, et une « mondialisation prédatrice » aux frais des travailleurs ordinaires. Aujourd’hui les Bulgares sont bombardés d’une propagande incessante exaltant le culte de la marchandise et le « devenir européens ».
Démolis par les ravages de 23 années d’une crise sociale et économique sans fin, un nombre considérable de Bulgares - y compris Roms, beaucoup travaillant maintenant en tant que migrants économiques en Europe de l’Ouest - estiment qu’eux et leurs familles étaient sensiblement plus à l’aise pécuniairement sous le “vieux régime de protection universelle”, qu’importe ses défauts, à la frontière Sud et Sud-Est du bloc dans une confrontation limitrophe avec la Grèce et la Turquie, États clients capitalistes de l’Occident dans la Méditerranée orientale.
Un profond fossé économique qui se creuse sans cesse est apparu entre les Bulgares riches et les Bulgares pauvres. Les dernières statistiques d’Eurostat montrent que la Bulgarie a la plus grande proportion de personnes en danger de pauvreté ou d’exclusion sociale en UE en 2011, juste sous les 50%. Le classement international de la Bulgarie selon “l’autorité de la loi” est l’un des plus bas du monde. Aujourd’hui le Pentagone utilise quatre bases militaires en Bulgarie, un nouvel allié très accommodant. Quelques 20% de la population du pays ont émigré depuis 1990. Nous avons assisté à un exode gigantesque, résultat direct d’une économie de marché entrepreneuriale imposée brusquement, et d’une société constamment en crise depuis le « désastre obscur » de 1989. Un récent sondage d’opinion conclut qu’une majorité de gens en Bulgarie pense que la "situation est insupportable". En 2013, eurent lieu des suicides publics par manifestation de désespoir. Un effondrement démographique est imminent, dû à l’immigration massive, et au taux de natalité qui est tombé à son niveau le plus bas depuis 1945.
Comme Gowans (2011) le souligne: "Un sondage datant de 2009 mené par le Pew Global Attitudes Project a révélé que seul 1 Bulgare sur 9 croit que les gens ordinaires sont plus riches du fait de la transition vers le capitalisme. Et peu considèrent l’État comme un représentant de leurs intérêts. Seuls 16% disent qu’il œuvre pour le bien de tous." Une nouvelle oligarchie et ses supporters, largement établie à Sofia et étroitement liée à l’UE colonisatrice, jouit de remarquables privilèges, aux dépens de la grande majorité. Une partie de cette richesse est centrée autour de l’industrie touristique dans la mer Noire, bulgare et sous contrôle étranger. Comme l’a récemment observé Alexander Andreev :
"Depuis l’effondrement du système communiste en 1989 et 1990, la Bulgarie a été gouvernée par des réseaux d’oligarchies et par clientélisme. Pratiquement tous les partis et les coalitions au pouvoir servent les intérêts de gros acteurs économiques - ou pire, de ces organisations fantômes qui ont commencé d’agir avec le crime organisé, en organisant un système de racket contre protection, et qui plus tard se sont établis en tant que puissants agents commerciaux."[8]
Comme beaucoup de partis démocratiques à travers l'Europe, le Parti Socialiste Bulgare (PSB), transformation de l'ancien PC, est largement pro-OTAN, avec un relooking “plus léger” de capitalisme néolibéral de marché. Il est dirigé par Sergei Stanichev. Un paradoxe politique quelque peu déconcertant est l'absence ici de tout mouvement anticapitaliste dans la rue ou dans l'arène politique. Désabusés par les politiciens, l'aliénation de la masse par l'élite politique sévit, comme on a pu le voir avec la manifestation populaire de février 2013 et de nouveau avec celle menée contre le gouvernement conduit par le BSP fraichement installé au pouvoir en juin 2013. Andreev (2013) déplore le "manque de cohérence" dans les manifestations, étant donné que les manifestants n'ont "formé aucun parti politique ... A part quelques objectifs formulés de façon générale, ils n'ont aucun programme cohérent de mesures à mettre en œuvre - qui seraient requises pour tous les domaines paralysés par la crise: éducation, santé, énergie ou encore l'économie stagnante. "Le peuple avant le profit" n'en est pas un, et le slogan populaire "Ordure rouge!" révèle l'orientation politique de droite de nombreux manifestants. Dawson (2013), homme politique et scientifique britannique, critique l’implicite anti-turc et raciste parmi les mécontents dans les rues de Sofia et certaines autres villes, lors des manifestations de masse de juin-août. Pris dans le labyrinthe postsocialiste des contradictions, la distance entre les masses bulgares et l'État est peut-être la plus grande depuis la libération de 1878, après cinq siècles de domination turque.
Rendre justice au passé sans céder à la nostalgie
Située à l'Extrême-Sud du bloc des anciens pays socialistes, la Bulgarie était sans doute en 1991 l'État et l'économie socialiste d’Europe de l'Est les plus prospères. Le pourcentage de travailleurs ordinaires bulgares âgés de 40 ans et plus pensant qu'ils vivaient bien mieux sous le socialisme dans les années 1970 et 1980 est plus élevé que chez leurs homologues de l'ancienne Union Soviétique, de Roumanie et de Pologne qui on été interrogés à ce sujet. Ils voyageaient librement à travers le bloc socialiste, à des tarifs très bas, pouvaient comparer les choses, et parler avec les habitants. La Bulgarie était également parcourue de vacanciers provenant du bloc socialiste, sur la mer Noire et dans les stations de ski. Il existait de nombreuses possibilités d'interaction et d'échanges de vues. Pourquoi dans ces conditions devrions-nous continuer à répandre les généralisations stéréotypées habituelles sur un système “soviétique” monolithique?
Pourquoi devrions-nous supposer que l'URSS était nécessairement représentative des réalités locales dans des États plus petits comme la Bulgarie? Les souvenirs de nombreux Bulgares plus âgés démentent le cliché selon lequel le socialisme était “dictatorial”, était une société totalitaire, faite de privations sans fin, d'oppression et de manque de liberté, avec une économie atone ne produisant que des biens de qualité médiocre.
D'autre part, il se pourrait bien qu'une part significative de Bulgares plus âgés se fasse l'écho de ce qu’Irina Malenko (née en 1967), auteur du mémoire/roman Sovietica, a écrit sur le fait de grandir dans l'Union Soviétique même. Interviewée récemment, Malenko (2013) observait :
"Notre vie était très stable, sûre, dans un environnement paisible et sans stress, absolument sans drogues, et pratiquement aucun crime. Il y avait un contrôle social plutôt fort: si quelqu'un était en train de faire quelque chose de mal, ses collègues ou voisins le remettaient dans le droit chemin. Chaque adulte avait un travail, excepté les personnes handicapées, les mères de familles – si elles souhaitaient rester à la maison- et les retraités. L'âge de la retraite était de 55 ans pour les femmes et 60 ans pour les hommes. Le peuple soviétique était doté du niveau d’instruction le plus élevé au monde. Tous les arts étaient très faciles d'accès. Les bibliothèques étaient gratuites. Les livres, les pièces de théâtre, les concerts, les musées et les expositions étaient très bon marché.
Nous avions un droit garanti au logement, le droit au travail et le droit aux congés payés. Le prix du logement était extrêmement bas. Les gens payaient seulement l’eau et l’électricité, charges représentant seulement 3 ou 4% de leur salaire au total. L’État fournissait aux gens des appartements gratuits, à vie, et leurs enfants pouvaient rester y vivre, mais l’on n’était pas autorisé à les vendre. Les transports publics étaient eux aussi très bon marché, tout comme la nourriture. Les habits et les chaussures des enfants étaient fournis par l’Etat. Les livres scolaires étaient gratuits. ... Nous avions des maisons d’éditions entièrement consacrées aux livres pour enfants; il y avait énormément de dessins animés et de longs métrages produits spécialement pour les enfants... Tous les clubs de sport étaient totalement gratuits. Les enfants étaient encouragés à les fréquenter." [9]
L’agriculture collectivisée bulgare prospérait, et l’industrie se développait de manière significative. Une importante industrie informatique avait été créée, concentrée dans la ville de Pravetz. De nombreuses coopératives agricoles, entreprises, usines, écoles et universités possédaient des centres de vacances sur la Mer Noire, offrant aux travailleurs des séjours quasiment gratuits. Tout cela a désormais disparu et les vacances sur la Mer Noire sont trop chères pour la plupart des gens. Point essentiel : il y avait une économie minutieusement planifiée qui supervisait la production pour satisfaire les besoins humains élémentaires, et non le chaos de l’économie de marché qui sévit aujourd’hui dans le pays. Les buts visés du régime, mis en œuvre dans l’intérêt du plus grand nombre, consistaient en une forme précise d’égalité matérielle radicale, avec l’emploi pleinement garanti. Il y avait un effort délibéré pour promouvoir un solide sens de la solidarité sociale, en dépit d’un certain racisme qui persistait envers de larges minorités ethniques, turques et roms. Ils étaient intégrés comme « citoyens » mais pas en tant que groupe de minorités ethniques possédant des droits propres. Les lois socialistes avaient réduit la discrimination structurelle. Cependant, un racisme endémique contre les Roms a demeuré, faille des États socialistes d’Europe de l’Est.
Le socialisme bulgare était fondé sur la qualité des services publics : une éducation gratuite, des soins médicaux gratuits et de grande qualité, et d’excellents transports publics quasi gratuits. Pour l’essentiel, la plupart des services pour les besoins de première nécessité étaient “démarchandisés “, avec un tarif usager très bas, et quasi « démonétisés » pour l’eau, l’électricité, le transport, et le chauffage urbain. Ces coûts sont aujourd’hui montés en flèche, en particulier pour l’électricité et le gaz. Le système ferroviaire bulgare, autrefois un modèle du genre, est désormais en profonde difficulté, et le nombre de passagers a chuté de plus de 50% depuis 2001. Les tarifs des bus municipaux atteint aujourd’hui 18 fois celui de l’époque socialiste, quand il était quasiment symbolique (0,04 $). Les cafés et les restaurants étaient remplis de travailleurs, car ils étaient très bon marchés; aujourd’hui bien moins de gens peuvent les fréquenter. Le congé maternité généreusement accordé sous le socialisme (trois années payées en partie) est aujourd’hui sévèrement restreint, et de nombreuses mères sont désespérées par la faiblesse des aides qu’elles reçoivent. A l’époque socialiste la Bulgarie était réputée pour avoir l’un des meilleurs systèmes médicaux d’Europe de l’Est, tandis qu’aujourd’hui on assiste une émigration massive du personnel médical, car les salaires des personnels de santé y sont les plus bas d’Europe et l’équipement médical fait gravement défaut. Dans les années 1970 et 1980, la Bulgarie était dotée d’une bonne industrie pharmaceutique ne fonctionnant pas dans la logique du profit, fournissant des médicaments bon marchés et de haute qualité. Aujourd’hui, presque tous les médicaments sont importés de l’Ouest, coûteux, et de nombreux Bulgares vous diront que leur qualité est discutable. De nombreuses personnes âgées sont dans le désarroi car elles ne peuvent pas se payer de médicaments essentiels. Des pots-de-vin sont couramment versés aux médecins et désormais de nombreux patients sont sans le sou. Tout cela détruit les fondements de la dignité humaine. Comme l’avait fait remarquer Mme Vitkova, Ministre de la Santé dans les années 1990, il y a une dizaine d’années :
"Nous n’avons jamais été un pays riche, mais quand nous avions le socialisme, nos enfants étaient en bonne santé et bien nourris. Ils ont tous été vaccinés. On fournissait en médicaments gratuits les retraités et les personnes handicapés. Nos hôpitaux étaient gratuits. Aujourd’hui, si quelqu’un n’a pas d’argent, il n’a pas le droit d’être soigné. Et la plupart des gens n’a pas d’argent. Notre économie a été ravagée."[10]
Les revenus familliaux étaient souvent meilleurs en termes de pouvoir d’achat qu’après 23 ans de “démocratie” et d’économie de marché. De nombreux travailleurs ordinaires bulgares de la tranche la plus âgés et retraités corroborent cette observation. A l’époque ils avaient tous un travail avec un salaire permettant de vivre. Maintenant, le fossé entre les quelques riches et les nombreux pauvres en Bulgarie est énorme, et s’élargit (…). Une grande proportion de travailleurs moyens Bulgares, et tous les retraités, sont sur le fil du rasoir, et 30-40% de la population est paupérisée. Le salaire minimum est fixé à 160€ par mois, mais beaucoup se débattent avec des boulots précaires et à temps partiels. Les faibles salaires sont de 25-30% plus bas que dans la Roumanie voisine. Seuls quelques 8% de la population bulgare, une fine couche de nouveaux riches, qui habitent principalement à Sofia, Plovdiv, Varna, et Burgas, est aujourd’hui plus à l’aise. Certains travailleurs sociaux gagnent l’équivalent de 140€ par mois et luttent pour survivre. Dans les interviews, de nombreux Bulgares rapportent que l’ambiance au travail était autrefois plus plaisante, collégiale et productive, - et bien moins stressante qu’aujourd’hui. De solides liens de voisinage et une simple solidarité humaine était chose courante, mais les échanges quotidiens sont aujourd’hui grevés par le stress économique, et la dépression sociale.
Les comparaisons dans le domaine de l’éducation sont particulièrement cruelles. L’éducation socialiste en Bulgarie était proche du système cubain actuel. C’était notamment le cas de la mise en œuvre d’une “économie morale de solidarité et de communauté” surmontant le fossé entre le programme d’études et la vie hors de la classe dans les mondes naturel, social et « communautaire », comme le programme actuel connu à Cuba sous le nom d'«enseignement de la révolution ». [11]L'éducation était vraiment meilleure sous le socialisme en termes d’investissements, de qualité des professeurs et tout particulièrement pour ce qui est de l'attitude des étudiants vis-à-vis de l’enseignement. Les écoles étaient exigeantes et équipées à des niveaux de haute performance, stimulant l'engagement étudiant et la pensée anticapitaliste marxiste. Cependant, “la pensée critique” selon le sens commun bourgeois, était absente. Peu de contestation ouverte n'était tolérée, ce qui apparaît rétrospectivement comme ayant été une erreur structurelle. Les universités publiques (aucune n’était privée!) étaient difficiles à intégrer et de bonnes notes étaient requises. Toutefois, la scolarité était gratuite et un emploi était garanti par l'État après obtention du diplôme. Il n'y avait pas d'étudiants endettés ou de diplômés au chômage. Les distinctions entre classes sociales dans les écoles étaient très marginales et la discipline y était stricte. Aujourd'hui, un grave manque de discipline scolaire ravage le système éducatif tout entier. L'assiduité, même à l'université, est irrégulière et le niveau global est en déclin, dans une “nation actuellement en voie de « désinstruction ». Tous les professeurs que j'ai interrogés sont d'accord avec cela. Un vieil éducateur m'a dit: «L'éducation bulgare a été détruite. Le résultat est un chaos total dans un système qui autrefois comptait parmi les meilleurs d'Europe de l'Est." Les écoles privées et chères ont proliféré, au service de la petite élite. De nombreux étudiants veulent juste obtenir un diplôme puis émigrer. Les sondages indiquent que les deux tiers des Bulgares voudraient que leurs enfants étudient à l'étranger. Une enquête auprès de la jeunesse effectuée en mai 2012 a révélé que 40% des jeunes veulent quitter la Bulgarie à la première occasion. Un sondage du Ministère de l'éducation datant de 2013 a déterminé que 52% des bacheliers 2013 postulent pour intégrer une université à l’étranger. En 2012, 1 bachelier sur 6 est parti étudier dans une université étrangère. Une autre étude de 2012 suggère une véritable crise nationale, indiquant que 41% des Bulgares âgés de 16 ans sont “analphabète de façon alarmante”. Autrefois la Bulgarie était la Silicon Valley du bloc socialiste. Aujourd’hui l’Observatoire National d’Astronomie à Rozhen, le plus grand d’Europe du sud-est, est confronté à de graves restrictions budgétaires, comme c’est le cas dans de nombreux secteurs de la recherche scientifique, ce qui a suscité fin 2012 une tempête de protestations au sujet de la répartition biaisée des fonds de recherche.
Avant la restauration du capitalisme en Bulgarie, il existait un large éventail d’activités parascolaires d’État bien organisées, avec des colonies de vacances gratuites et des excursions pour les écoliers. Les Pionniers, pour les 9-13 ans, et Komsomol (la Ligue des Jeunes Communistes), pour les 14-18 ans, s’occupaient des jeunes à l’école et après l’école. Tout cela a aujourd’hui été démantelé, et souvent on se le remémore avec mélancolie. La jeunesse était habituée à être mobilisée pour participer aux brigades obligatoires de récoltes agricoles sous l’Etat socialiste. C’étaient des tâches mandatées d’en haut, cependant beaucoup disent que cela se déroulait dans un esprit de joyeuse camaraderie, avec des feux de camps, des chants et des danses lors des soirées. Le travail était physique et difficile, peu rémunéré, et des étés entiers étaient consacrés au service social. Aujourd’hui, les enfants vivent dans un monde d’atomisation sociale, avec trop peu d’accent mis sur l’exercice physique et l’amour de la nature, ce qui constituait autrefois les composantes de l’éducation bulgare.
Il faut réexaminer entièrement dans une perspective actuelle l’expérience de cet ensemble de mouvements d’organisation de la jeunesse et leur rôle clé dans la formation des jeunes. Certaines écoles normales avaient été bâties par leurs premiers étudiants eux-même, organisés en équipes de construction. Mettre la main à la pâte était nécessaire et allait de soi.
Autrefois dans la Bulgarie socialiste, il y avait de bonnes bibliothèques, des activités culturelles, et des sports de toutes sortes. De nombreux écoliers assistaient à des concerts mensuels de musique classiques qui étaient obligatoires dans le programme d'études socialiste. Aujourd’hui, bien peu assistent à de tels spectacles, qui sont devenus rares. De récentes études rapportent qu’une famille bulgare moyenne a dépensé l’équivalent de 6€ dans l’achat de livres l’année dernière, et 2€ au cinéma, théâtre et concerts. Sous le socialisme, des livres à très bas prix étaient courants, mais la culture de la lecture a été entièrement détruite aujourd’hui. A l’époque socialiste, toutes les publications étaient socialisées, rien ne se faisait pour le profit, et les livres bon marché étaient une priorité. L’État soutenait les arts, et il existait une industrie cinématographique bulgare reconnue (on peut en retrouver certains des meilleurs films sur You Tube) qui a implosé en 1990 et ne s’est pas reconstituée depuis. Le système de théâtres nationaux, où on pouvait assister à d’excellents spectacles dans de nombreuses villes est désormais en ruine. Aujourd’hui, aller au cinéma est devenu hors de prix. Des bibliothécaires expérimentés gagnent aujourd’hui à peine 180€ par mois, et le vaste système urbain et rural de bibliothèques – avec la traditionnelle salle de lecture du centre culturel communautaire (le « chitalichte ») –est gravement sous-financé. En sport, le système d’équipes nationales a été drastiquement réduit. Les résultats de la Bulgarie aux Jeux Olympiques 2012 de Londres ont été les pires depuis 60 ans, ce qui a été ressenti comme une profonde humiliation nationale.
La Bulgarie socialiste: une société d'abondance non-consumériste?
Dans une grande mesure, la Bulgarie socialiste possédait une économie prenant le chemin d’une société d’abondance non-consumériste, avec une profusion de biens de première nécessité, qui n’étaient pas produits pour le profit et qui étaient accessibles au plus grand nombre. Il y avait des prix contrôlés et identiques pour tous les articles, dans l’ensemble du territoire. Il n’y avait pas de publicité, notamment à la télévision. De nombreuses productions étaient en un sens « démarchandisées ». Il y avait une seule sorte de yaourt, de bonne qualité et vendu dans des pots consignés, et non 25 marques différentes comme c’est le cas aujourd’hui. En fait, les Bulgares sont aujourd’hui classés parmi les « consommateurs les plus pessimistes du monde » d’après un récent rapport. Les gens disent que 90 % des yaourts actuels sont composés d’un mélange artificiel, comme c’est le cas de l’essentiel des produits, par exemple le fromage jaune (kachkaval), le traditionnel salami bulgare (lukanka), et tout le vin de table à bas prix (autrefois classé au niveau mondial). Sous le socialisme, le contrôle qualité de la nourriture était très strict, mais il a aujourd’hui en grande partie disparu. La distribution capitaliste d’aujourd’hui est massivement colonisée par des chaînes d’épicerie étrangères. De nombreux articles sont importés dont la qualité est souvent discutable. Sous le socialisme, le chauffage urbain (financé par de grosses subventions de l’Etat) était distribué à bon marché, et durant les froids hivers bulgares la température dans les maisons était confortable. Désormais, la plupart des gens dans les appartements citadins ne peuvent pas se payer le chauffage privatisé, et à la place ont recours à des poêles à bois sales et dangereux ou à un chauffage électrique coûteux. Avant ces poêles se trouvaient surtout dans les villages, où l’on se plaignait que la demande en bois ravageait les forêts. Aujourd’hui, les poêles à bois sont devenus la norme même en ville.
L’Esprit de Communauté
Une importante énergie collective était déployée dans des initiatives communautaires de toutes sortes, tels des comités de nettoyage de quartier et des équipes de désenneigement. Le Parti Communiste s’activait à encourager l'esprit collectif à l'échelle du voisinage. Dans la Bulgarie socialiste, il n'y avait presque pas de crimes violents quotidienne, et peu de cambriolages et d'agressions. Aujourd'hui, la délinquance est rampante et la “sécurité” est un problème majeur. Le pays a récemment été décrit par un ministre du gouvernement comme un “paradis pour le crime organisé”.
Les travailleurs de la tranche la plus âgés disent qu'autrefois personne ne fermait la porte à clé, ou qu’ils la laissaient sous le paillasson puisque il n'y avait pas besoin de voler. Il n'y avait pas de grande pauvreté comme celle que vivent de nombreux Bulgares et Roms aujourd'hui, ni les nombreux retraités pauvres, dont beaucoup ont une pension située dans la fourchette 70-130 € par mois. Les indemnités chômage sont d'environ 65€ par mois, à peine de quoi vivre.
La xénophobie rampante envers les Roms se répand à travers toute la Bulgarie, même parmi les gens cultivés, et contre l'importante minorité ethnique de musulmans turcs. Le racisme et la discrimination empirent et la droite nationaliste est en pleine ascension. En Bulgarie, le racisme anti-Roms et l'aversion historique envers l'ethnie turque sont très profonds. Cette animosité contre les Roms s'était quelque peu calmée sous l'Etat socialiste avec sa politique assimilationniste, mais aujourd'hui elle est de plus en plus virulente. Richie Parrish offre un aperçu perspicace de la situation critique à laquelle est actuellement confrontée la communauté Rom en Bulgarie. Presque un quart des enfants Roms âgés de 5 à 15 ans ne vont pas régulièrement à l'école. Il cite un rapport de l'ONU daté de 2011 indiquant que “seulement 46,2% de la population Rom en Bulgarie poursuit une scolarité complète à l'école primaire et seuls 7,8% de Roms poursuivent une scolarité dans le secondaire.”[12]
Vers une approche empirique et populaire
Les travaux d'histoire orale de Raleigh (2006; 2011) remettent fortement en question la vision à sens unique du “totalitarisme “soviétique et les récits sur l'histoire soviétique répandus en Occident, en particulier en Grande-Bretagne et aux États-Unis. S'appuyant sur plusieurs décennies d'enquêtes de terrain à travers le pays et étayés par de nombreux récits de travailleurs ordinaires, Kideckel (2008) décrit la peur et l'aliénation accablant les salariés au quotidien dans la Roumanie post-socialiste. Jetant un regard rétrospectif sur la Hongrie socialiste et son système éducatif, Millei (2013) fait l'analyse des souvenirs de cinq enseignants de maternelle hongrois sur ce qu'était l'enseignement sous le socialisme, et "la façon dont l'idéologie formelle socialiste est comprise par les enseignants interrogés". L'anthropologue Gerald Creed (1999: 224) souligne: "les gens ont des visions multiples du passé ... et la synthèse qui en résulte est surtout une production contemporaine". Sa propre enquête de terrain sur le long terme à Zamfirovo, petit village du nord-ouest de la Bulgarie, éclaire la façon dont les fermiers ont aménagé les pratiques socialistes, et les myriades de difficultés qui ont surgi depuis 1990. (Creed, 1998; 2010).[13]
En résumé
Il faudrait éviter "l'écueil d'une histoire unique" en décrivant comment était réellement la vie sous le socialisme. Il faut poser un regard objectif sur les réussites du “modèle socialiste”, en dépit de ses aspects autoritaires . En construisant une économie participative et une société dépassant le capitalisme, principalement un monde garantissant le plein emploi et une production sociale en grande partie démarchandisée, le “socialisme 1.0” est notre propre histoire et notre propre héritage. Les récits de travailleurs ordinaires ayant grandi sous le socialisme et qui maintenant sont aux prises avec le tourbillon de l'aliénation post-socialiste, l'anomie sociale et les inégalités doivent être recueillis de façon systématique et diffusés largement. C'est une nécessité urgente.
L'auteur est nord-américain et possède une expérience du terrain considérable, ayant passé de nombreuses années dans la Bulgarie post-socialiste. Il parle couramment bulgare et a de nombreux liens avec les travailleurs Bulgares, les familles et de nombreuses institutions éducatives (note de PA).
[1] Kagarlitsky, Boris, New Realism, New Barbarism (Londres 1999) vii, viii.
[2] Panagiotis Soltiris, "Austerity Capitalism and Education in Greece" dans Dave Hill, éd. Immiseration Capitalism and Education, Austerity, Resistance and Revolt (Brighton 2013).
[3] Tom G. Griffiths and Millei Zsuzsa, Logics of Socialist Education: Engaging with Crisis, Insecurity and Uncertainty, (2013) 1-18.
[4] Stephen Gowans, "We Lived Better Then." What's Left, 20 décembre 2011.
[5] Anna Mudeva, "Special Report: dans Eastern Europe, people pine for socialism," Reuters (2009).
[6] Maria Todorova, "From Utopia to Propaganda and Back," dans Todorova and Zsuzsa Gille, eds., Post-Communist Nostalgia (Oxford 2010) 1-13.
[7] Voir, par exemple : Kapka Kassabova, Street Without a Name; Childhood and Other Misadventures in Bulgaria (London 2008).
[8] Alexander Andreev, "Violence in Bulgaria to be Expected," Novinite, July 26, 2013.
[9] Irina Malenko, An Interview with Irina Malenko, author of Sovietica, NCCUSA 2 February, 2013.
[10] Gowans, "We Lived Better Then."
[11] Pour une description détaillée de certains de ces modèles dans les années 60, voir John P. Georgeoff, The Social Education of Bulgarian Youth (Minneapolis 1968), a classic study in English.
[12] Richie Parrish, "Roma Minority Faces Uphill Battle," The Prague Post, 6 March, 2013. Au sujet de l'éducation des Roms en Europe de l'Est, voir en général Maja Miskovic, Roma Education in Europe: Policies, Practices and Politics (London 2013).
[13] Voir Daniel J. Raleigh, Soviet Baby Boomers: An Oral History of Russia's Cold War Generation (Oxford 2011); David A. Kideckel, Getting by in postsocialist Romania: labor, the body, & working-class culture (Bloomington 2008); Zsuzsa Millei, "Memory and kindergarten teachers work: children's needs before the needs of the socialist state" dans Tom Griffiths and Zsuzsa Millei (eds), Education in/for socialism: historical, current and future perspectives, special issue, Globalisation, Societies and Education (2013) 170-193; Gerald W. Creed, Masquerade and Postsocialism; Ritual and Cultural Dispossession in Bulgaria (Bloomington 2011).
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