LA RELIGION AU QUÉBEC
Daniel Paquet dpaquet1871@gmail.com
Pendant la Révolution tranquille au Québec (années 1960), le peuple
canadien-français a « tassé » l’Église catholique. Fallait-il évacuer la religion de tous les
actes de la vie en société? À ce sujet,
Montesquieu disait, au 18ème siècle : « Tout ce qui
regarde le caractère du mariage, sa forme, la manière de le contracter, la
fécondité qu’il procure, qui a fait comprendre à tous les peuples qu’il était
l’objet d’une bénédiction particulière, qui, n’y étant pas toujours attachée,
dépendant de certaines grâces supérieures : tout cela est du ressort de la
religion ». (Montesquieu, De l’esprit des lois, Éditions sociales,
Paris, 1977, p. 261).
Voltaire a, lui, assez tôt distingué entre les gens d’Église de France
et ceux d’Angleterre; ce qui peut expliquer ses critiques sur la religion. Il a ainsi écrit à propos des prêtres
anglicans : « Quand ils apprennent qu’en France de jeunes gens connus
par leurs débauches et élevés à la prélature par des intrigues, s’égayent à composer
des chansons tendres, donnent tous les jours des soupers délicats et longs […] ils
remercient Dieu d’être protestants. »
C’est l’extrait d’une lettre rédigée bien entendu avant la Révolution
française de 1789. (Voltaire, Œuvres
philosophiques, Classiques Larousse, Paris, p. 24).
Somme toute, il apparaît que la religion semble être au-dessus de tout
dans notre société québécoise. Elle
serait arbitre et guide à la fois. Dans
la foulée, Karl Marx a rédigé en compagnie de son camarade Frédéric Engels un
ouvrage où il spécifie que : « La production des idées, des représentations
et de la conscience est d’abord directement et intimement mêlée à l’activité
matérielle et au commerce matériel des hommes, elle est le langage de la vie
réelle. Les représentations, la pensée,
le commerce intellectuel des hommes
apparaissent ici encore comme l’émanation directe de leur comportement
matériel. Il en va de même de la
production intellectuelle telle qu’elle se présente dans la langue de la
politique, celle des lois, de la morale, de
la religion (notre italique, ndlr), de la métaphysique, etc. de tout un
peuple. » (Marx-Engels, L’idéologie
allemande, Éditions sociales, Paris, 1968, p. 35).
Mais les sceptiques et les antimarxistes auront tôt fait de rappeler la
boutade de Marx sur les croyants, à l’effet que la religion serait une
drogue. Voyons, ce que le cinéaste
italien Roberto Rossellini a tenu à rappeler des propos de Marx, en lisant la Contribution à la critique de la philosophie
du droit de Hegel: « C’est l’homme qui fait la religion, ce n’est pas
la religion qui fait l’homme […]. La
détresse religieuse est, pour une part, l’expression de la détresse réelle et,
pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature
opprimée, la chaleur d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de
conditions sociales d’où l’esprit est exclu.
Elle est l’opium du peuple ».
On comprendra que Marx éprouvait toute la souffrance des travailleurs
allemands; c’est bien avant le travail syndiqué et toutes les lois sociales qui
ont suivi ensuite au 20ème siècle. (Roberto Rossellini, Un esprit libre ne doit rien apprendre
en esclave, Fayard, Paris, p. 172).
On se pose souvent la question, mais l’homme n’est-il pas créature de
Dieu, lui-même démiurge du monde qui nous entoure? Voici ce qu’en dit Lénine : « Mais
si on élimine ces deux premiers degrés (le ‘chaos des éléments’ et l’expérience
psychique des hommes, ndlr), alors mais alors seulement, nous pouvons avoir du
monde une vision correspondant véritablement aux sciences de la nature et au
matérialisme. Précisons : 1. Le
monde physique existe indépendamment de
la conscience humaine et exista bien avant
toute ‘expérience des hommes’; 2. Le psychique, la conscience, etc., est le
produit supérieur de la matière (c’est-à-dire du physique), une fonction de
cette parcelle particulièrement complexe de la matière qui porte le nom de
cerveau humain. » (Lénine, Matérialisme
et empiriocriticisme, Œuvres 14, Éditions du Progrès, Moscou, 1976, p.
236). Lénine en arrive à cette
conclusion, « car Dieu est sans contredit le dérivé de l’expérience
socialement organisée des êtres vivants. » (Ibidem, p. 238). Donc, l’Homme aurait créé Dieu.
Laissons le
dernier mot au grand chanteur communiste français, Jean Ferrat, qui a loué la
sagesse de l’humanité dans sa chanson Nuit
et brouillard en notant que par-delà nos différences, il faut savoir se mettre
debout, nous tous qui croyons à Bouddha, Dieu ou pas du tout, pour pouvoir
terrasser les dangers menaçant l’espèce humaine incarnés par les Hitler de ce
monde, nazis et fascistes. Il a parlé au
nom de 50 millions de morts.
Le Petit Larousse Matérialisme : position
philosophique qui considère la matière
comme la seule réalité et qui nie l’existence de l’âme, de l’au-delà et
de Dieu.
Fétichisme :
vénération outrée, superstitieuse, pour une chose ou une personne.
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