DES BALADES POUR LA PAIX
Daniel
Paquet dpaquet1871@gmail.com
Si je vous dis que ma première invitée est
Britannique, qu’elle est encore jeune et qu’elle a chanté au State olympique de
Beijing en République populaire de Chine, à l’ouverture des Jeux de 2008; vous
aurez sans doute deviné qu’il s’agit de Sarah Brightman. Une voix pour la paix et le rapprochement
entre l’Asie et l’Occident. Ses chansons
font rêver. De formation classique, elle
interprète tout de même des airs de musique « pop ». Elle n’est pas recluse dans un seul style,
mais ouverte aux influences diverses.
On
pourrait l’imaginer dans les contreforts d’une colline; à ses pieds une vallée
anglaise typique et verdoyante. On
entend le galop d’un destrier. Il porte
le chevalier, recouvert de sa cotte-de-maille; il accourt rejoindre –la paix
retrouvée après la croisade- sa dulcinée à qui on a déjà appris son retour;
émue elle fait les cent pas aux créneaux du château. Le chœur a entonné un hymne à l’amour : Scarborough Fair. Un air traditionnel anglais. C’est l’impatience des retrouvailles après
des mois, voire des années de séparation.
« Then she’ll be a
true love of mine. »
En italien suit : Figlio Perduto (Lost Son). Voix puissante sur une composition de M.
Ludwig Van Beethoven : la lutte dans le cœur des hommes entre ce qu’il
chérit et le mirage qui peut l’emporter vers la mort. C’est un crescendo plein de force, libre et
saisissant.
(On retrouve ces deux
chansons sur le disque La Luna, Nemo Studios, Angel Records, Printed in Canada
en l’an 2000).
[Incise] Pour ceux qui parlent l’espagnol, il est très
plaisant de comparer cette interprétation avec celle du groupe espagnol
« Mocedades ». Dans cette
langue, la chanson s’appelle « Cuando
tu Nazcas ». Elle date de 1983
et elle emprunte les rythmes disco. Ce n’est plus une prestation classique,
mais bien une chanson populaire. C’est
d’ailleurs le genre de ce groupe, peu connu au Canada, mais ayant une très
bonne place dans le cœur et l’esprit des peuples d’Espagne et d’Amérique
latine.
(Mis 30 mejores Canciones, Sony Music Entertainment,
Miami, 2003)
D’ailleurs, dans cette
compilation, le titre le plus connu est sans doute “Eres tu”, une grande
chanson d’amour poétique, chantée également en espagnol.
Brisons les armes
Revenons à Sarah
Brightman. Un de ses plus beaux disques est « Harem »,
enregistré en 2002/2003. La guerre bat son plein en Afghanistan et en
Irak. La chanteuse assume et produit un
disque où se côtoient l’Occident et l’Orient.
D’ailleurs une partie du disque a été fait au Liban et en Égypte.
L’Orchestre symphonique de Prague a aussi été mis à contribution; les cordes en
témoignent.
Dans une de ses plages, The War is over, elle proclame : « In morning dew, a glorious scene came
through like war is over now. I feel I’m
coming home again. Pure moments of
thought. In the meaning of love, this
war is over now. I feel I’m coming home
again to you.”
(Harem, Angel, EMI Music Canada, 2003)
Dans la même veine,
notons la magnifique chanson de la jeune interprète Tina Arena. Née en Australie de parents Italiens, elle
fait carrière en France. Elle s’est fait
connaître dans la version anglophone de Notre-Dame-de-Paris, montée à Londres, en Grande-Bretagne.
Elle serait cataloguée,
selon l’époque, comme chanteuse « commerciale », mais elle a chanté en
2005, un hymne à la paix. On parle de « Je m’appelle Bagdad ». Sur des airs orientaux/arabes, elle est bien
droite –on l’a vue à la télévision- et entonne sous la complainte d’un piano
lugubre, accompagnée d’un chœur qui renforce la douleur. Cette douleur, c’est
la chute de la capitale irakienne. Elle
chante : « Je m’appelle Bagdad, et je suis tombée sous le feu des
blindés […] Mes contes des mille et une nuits n’intéressent plus personne. Ils (les agresseurs, dont les USA, ndlr) ont
tout détruit. »
(Un Autre Univers, Sony
BMG Music Entertainment, France 2005)
Quand il faut partir
Chanson préparant un
grand voyage, un départ après un dur effort, c’est bien « Time to Say goodbye ».
C’est peut-être l’aria qui a fait connaître le plus Sarah Brightman du
grand public, que ce soit au Canada ou ailleurs dans le monde. Elle l’interprète avec Andrea Bocelli.
Cette fois, le chant est
lyrique et classique. D’ailleurs,
l’enregistrement, connu avant tout, a été réalisé avec l’Orchestre symphonique
de Londres (G.-B.) Ce sont les paroles
qui annoncent un grand voyage, qui se fait le porte-étendard de l’amour, du cri
vers l’être que l’on ne veut pas quitter, mais il n’y a pas de
résignation. Le voyage emmènera les deux
amants. On prépare les bagages ; l’aventure, l’inconnu nous attendent : « Time to Say
Goodbye, paesi che non ho mai. Veduto e
vissuto come te, adesso si li vivro, su navi per mari, che io los o, no no non
esistono piu, It’s Time to Say Goodbye. »
(Time to Say Goodbye, Places that I’ve
never seen or experienced with you, now I shall, I’ll sail with you,
upon ships across the seas, seas that exist no more, I’ll revive them with
you.)
Puisque nos parlons de
voyage, imaginez que surgit des brumes un formidable aéronef russe Antonov.
(Pour ceux qui ne sont pas versés en
aéronautique, c’est pratiquement l’avion –en service- le plus prodigieux ;
le gouvernement canadien a eu recours à ses services à l’occasion). Donc, notre « tapis magique » fend
le brouillard et sous les regards ébahis, il s’approche de la piste de
décollage. La musique et la voix de
Sarah Brightman le dirigent dans « Naturaleza
Muerta ». Son pilote
entraînera son étalon moderne et gigantesque vers le bout de la piste,
lentement, royalement, en attendant qu’une fenêtre d’accalmie se montre à
l’horizon (Espera, espera !) pour annoncer l’élan et l’accélération
irrésistible qui propulsera l’appareil bien au-delà des nuages. Pop up ! nous volerons vers le
soleil. Qu’est-ce que la nature et l’environnement
peuvent être beaux…
(Time to Say Goodbye, Angel, EMI, 1997, made in Canada)
Enfin, Sarah Brightman a
aussi puisé au répertoire anglais et états-unien, créé pour des spectacles et
des émissions de télévision et a interprété de belles chansons rassemblés dans
le CD “The Songs that got Away”. (The Really Useful Record Co, 1989, made in Canada).
Elle possède une large palette. Sous un autre registre, elle est soucieuse de
sa santé, ne boit pas et travaille beaucoup, innove et tente de nouvelles
expériences musicales avec beaucoup de joie.
Elle n’est pas sclérosée par les habitudes et la routine.
Et elle est vraiment si belle.
Toujours avec des mots semblables
Je ne sais pas trop
pourquoi, mais dans un « flash » d’inspiration débordante, aux
petites heures de la nuit, il me vint à l’’idée de conclure cet article en
rappelant au lecteur qu’à l’instar de Sarah Brightman, il y a eu aussi des groupes
anglo-saxons qui ont dit tout haut :
« Yes, I love you », dans un anglais clair et limpide.
Je pense ici à « The
Moody Blues » dans « Nights in
White Satin » où le chanteur Justin Hayward, soutenu par l’Orchestre symphonique
de Londres (G.-B.), pouvait dire à tout un peuple, -nous sommes dans les années
1970- que malgré les façons de penser et
de vivre, nous les aimons. Ne
pourrait-il pas désigner ainsi le peuple états-unien, alors engagé dans la
guerre contre les « diables » de communistes au Vietnam ? (Greatest Hits, Polygram Records, 1989, made
in Canada).
C’est une grande chanson
et d’une profonde actualité. Elle parle
de cette nuit qui ne finit pas, de vérité et d’amour sans restrictions. Que pouvons-nous dire de plus à un peuple
dont les autorités justifient toutes les guerres par la menace : d’abord
communiste et ces jours-ci « terroriste ». Elles dupent leurs commettants et appellent quasi
à la croisade pour une goutte d’or noir, alors qu’au bout du compte, c’est un
peu eux que le pouvoir en place assassine, sans vergogne…
Ceux qui ne comprennent
pas l’anglais pourraient demeurer sur leur appétit, certes.
Alors La Vie Réelle, a revisité « Les grandes succès de Stéphane
Venne », une chanson a retenu l’attention ; elle a été créée par
Nicole Martin en 1981, comme thème musical du film Les Plouffe.
Elle dit : « Il
était une fois des gens heureux ».
D’une voix poignante, elle clame en pensant à ces années de tumulte qui
furent celles de la deuxième guerre mondiale, alors que les jeunes hommes du
Québec, comme ceux d’autres pays étaient mobilisés dans la guerre au nazisme
allemand, en Europe : « À table, il y eut des chaises vides, aux yeux
virent les rides, il ne resta plus rien de vrai […] Il était une fois des gens heureux, c’était
en des temps plus silencieux, parlez à ceux qui s’en souviennent. Ils savent encor’ les mots des romances
anciennes, où ça disait toujours ‘le monde est beau, le monde est beau ‘ »
(Le temps est bon,
Musicor, Disque Citation, 1998, Canada)
L’Afghanistan,
l’Irak et (l’Amérique latine menacée): rien n’a jamais été aussi impérieux
et noble pour la classe ouvrière et les communistes aux mille chansons que la
lutte pour la paix. N’était-ce pas le
cœur des chansons de Jean Ferrat ?
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