La logique
capitaliste
15$,
c’est vraiment le minimum!
Daniel Paquet
«
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‘Ce n’est pas acceptable qu’un
emploi à temps plein place une personne sous le seuil de faible revenu. C’est une mauvaise politique publique. D’un côté, elle crée de l’appauvrissement; de
l’autre, elle ne suscite pas réellement de création d’emploi. Personne n’est gagnant : ni les
personnes concernées, ni leur famille, ni l’économie locale, ni les
gouvernements.’ (…)
Or, la formule
actuellement utilisée par le gouvernement du Québec fixe le salaire minimum à
47% du salaire moyen, mais ne permet pas une réelle amélioration du pouvoir
d’achat des bas salariés [et des assistés sociaux].
La proposition de la
FTQ (Fédération des travailleurs du Québec) est de commencer, dès 2017, une
augmentation graduelle étalée sur six ans jusqu’en 2022. Par la suite, le gouvernement se donnerait
comme objectif de maintenir le salaire minimum au niveau d’un salaire viable,
un calcul basé sur les nécessités pour permettre à un foyer de vivre décemment. » (Le Monde Ouvrier, Un salaire minimum viable,
Fédération des travailleurs du Québec, no. 116, mai-juin 2016, Montréal, page
frontispice).
Quant à la
Confédération des syndicats nationaux (CSN), son président, Jacques Létourneau,
a affirmé que : « nous devons collectivement et solidairement revendiquer
un revenu décent pour tout le monde en proposant de relever les montants des
prestations d’aide sociale, de hausser de façon significative le salaire
minimum et d’adopter une loi favorisant le droit pour tous d’être couverts par
un régime de retraite auquel chacun des employeurs cotiserait. (…)
… le conseil
confédéral de la CSN a, pour sa part, voté en faveur d‘une campagne pour le
relèvement le plus rapidement possible du salaire minimum à 15$, dans le cadre
d’alliances les plus larges possible pour y arriver, et d’un mécanisme annuel
d’ajustement. (…)
… il est essentiel de
nous unir aux autres organisations progressistes, y compris celles qui œuvrent
auprès des non-syndiqués. (…)
‘Un salaire minimum à
15$ l’heure, c’est une revendication qui est atteignable’, a conclu Jacques Létourneau. »
(Houle, Louis Serge, Vivre mieux, c’est possible,
Perspectives CSN, juin 2016, numéro 54, pages 18-19).
De son côté, la
Centrale des syndicats du Québec (CSQ) rapporte que « selon Statistiques
Canada, le seuil de faible revenu se
situe à 25 000 $ pour une personne seule vivant dans une ville d’au moins
500 000 habitants. Or, le revenu annuel
d’une personne travaillant à temps plein (35 heures par semaine) au salaire
minimum s’élève actuellement à 19 200 $.
Pour la CSQ, il ne fait aucun doute : le salaire minimum doit
passer à 15$ l’heure, ce qui permettrait de toucher un salaire de 26 250$.
Il est à noter que la
Californie a adopté un tel salaire minimum, et l’État de New York est sur le point
d’en faire tout autant. » (Piché, Jean-François, Une question d’audace politique,
Nouvelles CSQ, Montréal, Été 2016, page 36).
“A
cross-Canada Day of Action took place on Friday, April 15th (2016) to demand a raise
to minimum wages across the country.
Despite some small increases in the minimum wage, there is not one province
or territory in Canada that has increased the minimum wage to above the poverty
line, even if workers are able to find full-time work. This continue to allow many large
corporations to pay poverty wages and impoverish our communities.
Well
over 20 cities participated in the Day of Action to raise the minimum wage and
rallied around the ‘Fight for $15’ campaign. (…)
Labour
unions, students, anti-poverty groups, faith based organizations, tenants
rights advocates, and minimum wage workers themselves took to the streets. The Young Communist League of Canada (YCL) also
supports the campaign, as a step towards a living wage.” (Ligue de la jeunesse communiste
du Canada, Fight for 15!, Rebel Youth Magazine, Toronto,
Issue 20, PG28).
Au Québec, « le
parti (Québec solidaire (nationaliste et social-démocrate) a récemment
enfourché un nouveau cheval de bataille : le salaire minimum à 15 dollars
l’heure. Une mesure qui toucherait 271 000 personnes. Voilà le ‘potentiel électoral’ du QS. »
(Castonguay, Alec, Où s’en va Québec solidaire? L’Actualité, Montréal, juillet
2016, pages 37-38).
Malgré tout, la FTQ
semble bouder le QS :
« … la principale
raison invoquée par le président de la FTQ pour expliquer [qu’elle n’a] jamais
donné son appui à QS lors d’une élection :
‘ C’est jeter notre vote aux poubelles.
On ne veut pas donner plus de chances de gagner à un parti qu’on n’aime
pas’, dit Daniel Boyer, en précisant que la FTQ a refusé d’appuyer formellement
une formation depuis 2007, alors que le Parti québécois d’André Boisclair (social-démocrate
nationaliste) avait reçu [leur] appui. »
(Ibidem, page 36). « [Même
si les membres] ne sont souvent pas à l’aise avec une action politique
partisane, tous considèrent qu’ils sont cependant intéressés à discuter des
grands enjeux de société et des positions mises de l’avant par leur syndicat (…)
On souhaite… que la
FTQ développe une formation et des outils pédagogique pour aider les formateurs
et les formatrices à animer ces contenus plus politiques. » (Le Monde Ouvrier,
page 7). Néanmoins, c’est le Parti
communiste qui a toujours été le plus proche du monde syndical au Canada. La chasse aux sorcières n’est toutefois pas
terminée.
Revenons à nos
moutons : la hausse du salaire
minimum à 15$ l’heure au Canada. Il faut
prévoir que les patrons; les grands bonzes, surtout, invoqueront l’inflation, et
la fatalité d’une hausse généralisée des prix à la consommation.
Rien n’est plus faux!
« Dans la mesure
où le prix n’est que l’expression monétaire de la valeur (sous l’apparence du
salaire, -ndlr), il fut appelé par Adam Smith, prix naturel et par les physiocrates français prix nécessaire.
Quel est donc le
rapport entre la valeur et le prix du marché, entre le prix naturel et le prix du marché? Vous savez
tous que le prix du marché pour toutes
les marchandises de même sorte, aussi différentes que puissent être les
conditions de production des producteurs
pris individuellement [se ressemblent]. Le
prix du marché n’exprime que la quantité
moyenne de travail social nécessaire, dans les conditions moyennes de
production, pour approvisionner le marché d’une certaine quantité d’un article
déterminé (ou de prestation d’un service, -ndlr)). Il est calculé d’après la quantité totale d’une
marchandise d’une sorte déterminée. »
(Marx, Karl, Salaire, prix et profit, Œuvres choisies, tome 2, Éditions du
Progrès, Moscou, 1978, page 52).
Même si nous sommes à
l’ère de l’Internet et des technologies nouvelles (robotique…), le principe
demeure le même.
« Si
l’accroissement des salaires était dépensé en objets ne figurant pas auparavant
dans la consommation des ouvriers (ex. voyage dans le cosmos, achat d’une île….),
il ne serait pas nécessaire de prouver l’augmentation effective de leur pouvoir
d’achat. Mais comme elle n’est que la
conséquence de l’élévation de leur salaire, il faut bien que cette augmentation
du pouvoir d’achat des ouvriers corresponde exactement à la diminution du pouvoir
d’achat des capitalistes. Par
conséquent, ce ne serait pas la demande totale des marchandises qui
augmenterait, mais les parties constituantes de cette demande qui se
modifierait. La demande croissante d’un
côté serait compensée par la demande décroissante de l’autre. De cette façon, la demande totale restant
inchangée, aucun changement ne pourrait se produire dans les prix des
marchandises sur le marché. » (Ibidem, page 33).
Vue de l’esprit? Imaginez les travailleurs québécois ayant
tous la garantie d’aller dans le Sud chaque hiver : à Cuba, au Mexique ou… sur un beau grand
yacht. Pensez à une grande demeure sur le
boulevard Gouin à Montréal ou à un condominium donnant sur le bassin Chambly,
avec le personnel d’entretien en conséquence (et bien rémunéré).
Après tout, il n’y a
rien de trop beau pour la classe ouvrière!
« … maintenant,
la grande industrie est entrée en conflit avec le régime de production
bourgeois qui a remplacé le mode féodal.
Liée par ce régime, par les cadres étroits du mode de production
capitaliste, elle crée, d’une part, une prolétarisation toujours croissante de
la grande masse du peuple entier et, d’autre part, une quantité de plus en plus
considérable de produits impossibles à écouler. (…)
Il est donc prouvé
que, dans l’histoire moderne tout au moins, toutes les luttes politiques sont
des luttes de classes et que toutes les luttes émancipatrices de classes,
malgré leur forme nécessairement politique – car toute lutte de classes est une
lutte politique – tournent, en dernière analyse, autour de l’émancipation économique. » (Engels, Friedrich, Ludwig Feuerbach et la fin de la
philosophie classique allemande, Éditions sociales, Paris, 1966, page
73).
C’est la grande
révolution socialiste d’Octobre 1917 en Russie, qui a conduit à son terme cette
réalisation – en pratique. L’année suivante,
les communistes russes ont adopté des changements profonds lors de leur congrès
extraordinaire.
« Le congrès
décide qu’à l’avenir notre parti (le Parti ouvrier social-démocrate bolchévik
de Russie) s’appellera Parti communiste de Russie avec, entre parenthèses,
l’adjonction du mot : ‘bolchévik’. (…)
Ceci est une pétition
de principes; elle s’oppose à l’opportunisme de gauche et de droite (qui
bourgeonne chez les sociaux-démocrates).
« Wherein
lies its inevitability in capitalist society?
Why does it go deeper than differences in national peculiarities and
degrees of capitalist development?
Because in every capitalist country, side by side with the proletariat,
there are always broad strata of the petty bourgeoisie, small masters. Capitalism arose and is constantly arising
out of small-scale production. A whole
number of new ‘middle strata’ is inevitably created by capitalism (appendages
to the factory, home-work, and small workshops scattered all over the country
in view of the requirements of large-scale industry, such as the bicycle and
automobile industries, etc.). These new
small producers are just as inevitably being cast into the ranks of the
proletariat. It is quite natural that
the petty-bourgeois world outlook crops up again and again in the ranks of the
broad workers’ parties. It is quite
natural that this should and always will be so right up to the peripetia of the
proletarian revolution, for it would be a grave mistake to think that the
‘complete’ proletarianization of the majority of the population is essential
before such a revolution can be achieved. (…)
The
ideological struggle waged by revolutionary Marxism against revisionism at the
end of the nineteenth century is the prelude to the great revolutionary battles
of the proletariat, which is marching forward to the complete victory of its
cause despite all the waverings and weaknesses of the petty bourgeoisie.” (Lénine, V.I.
Marxism
and Revisionism, On the International
Working Class and Communist Movement, Foreign Languages Publishing House, Moscow, Pages
98-99).
Donc, 15$ l’heure, ce
ne serait pas si mal, une bonification de l’aide sociale, ça se ‘prendrait’
aussi!
Comme me le disait mon
vieux camarade juif, Frank Goldman, du haut de ses 80 ans : « le jour
où les travailleurs canadiens-français seront plus unis et plus disciplinés,
c’est le Ciel qu’ils conquérront! »
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