Athènes
en Québec
Sur la
civilisation hellénistique
Daniel Paquet dpaquet1871@gmail.com
MONTRÉAL – Qui parle des Grecs vivant au Québec ? On
répond illico qu’ils ont la mainmise sur les restaurants de bouffe rapide à
Montréal (ex. La Belle Province ou Le Petit Québec) où on s’empiffre de
poutine, de hot-dogs et d’autres aliments encore, qui écrase la faim en deux
temps trois mouvements. On les connaît
peu ces Grecs ; sait-on qu’ils ont une association très influente dans le
milieu du travail ; elle se nomme l’Association des travailleurs grecs,
située au cœur du quartier grec, avenue du Parc près de Jean-Talon.
Cette association est principalement animée par les amis
du Parti communiste de Grèce vivant dans la métropole. Ceux-ci ont connu indirectement un souffle
nouveau avec la recrudescence politique dans leur mère-patrie depuis quelques
années. Mais l’Histoire de Grèce va bien
au-delà des luttes politiques et économiques qui ont pris un essor nouveau après
le désastre retentissant vécu par le peuple grec suite aux agiotages des
banques grecques et du monde financier européen en général.
Parlons donc de la Grèce antique en remontant à Homère
dont on connaît les ouvrages célèbres : L’Iliade et l’Odyssée qui traitent
des batailles épiques des clans, tribus et peuplades de cette ère.
« Les historiens grecs de l’époque classique,
Hérodote par exemple, gardaient le souvenir d’anciens habitants de la Grèce qui
parlaient une langue autre que le grec, et qu’ils appellent Pélasges. Ces Pélasges étaient sans doute apparentés
aux Crétois, en tout cas soumis à leur influence : de 2400 à 2000 environ
av. J.-C. des insulaires viennent s’établir dans la Grèce centrale, et la font
participer, comme les Iles, à la civilisation égéenne, dont la Crète est le
centre. » (Homère, L’Iliade,
GF-Flammarion, Introduction, Paris, 1965, pages 5-6).
« Des deux épopées qui sont à l’origine de la
littérature grecque, l’une illustre la puissance d’expansion de la race :
elle évoque l’établissement des Grecs sur la côte d’Asie ; et l’un des
plus marquants épisodes dans cette prise de possession, la guerre de Troie,
devient, grâce à l’Iliade, l’événement symbolique où se traduit la force
conquérante des Hellènes. La seconde
épopée met en lumière un autre de leurs dons : la faculté d’adaptation
qui, jointe à l’esprit d’aventure, a permis à ce peuple de terriens de se plier
si bien à des conditions d’existence nouvelles qu’il se montre capable dès
qu’il s’éveille à la poésie, de concevoir et de goûter L’Odyssée, ce poème de
la mer. (…) Ce n’est pas aux Phéniciens,
bien qu’on leur en ait souvent fait honneur, c’est aux Égéens que les Grecs
doivent leurs premières notions et leurs progrès rapides dans un art nouveau (la
navigation, -ndlr). À bien d’autres égards, ils sont tributaires de ces
Égéo-Crétois, dont plus tard il ne leur est resté qu’un souvenir imprécis, mais
dont la civilisation brillante se mêle encore, pendant la période mycénienne, à
l’apport proprement hellénique. S’ils
conservent leur langue et leurs dieux, leur organisations familiale et féodale,
les Achéens (les prédécesseurs des Grecs, -ndlr) subissent, même dans le
domaine social et religieux, l’influence de ceux qu’ils vont supplanter. Et, dans ce qui touche la vie pratique surtout,
ils les empruntent : ils s’adressent à eux pour décorer les palais
formidables ; par eux ils sont instruits à cultiver la vigne et
l’olivier ; d’eux enfin ils apprennent les secrets de la navigation ;
et a leur tour, ils sont bientôt devenus des ‘peuples de la mer’, ainsi que les
désignent, dès le – XIII siècle, des textes égyptiens. » (Homère,
L’Odyssée, Introduction, GF Flammarion, Paris, 2009, pages 7-8).
« La civilisation mycénienne était éteinte vers la
fin du XIIIe siècle av. J.C., et c’est une société plus modeste, plus
pauvre, qui lui avait succédé, une société qui avait perdu la science de
l’écriture, entre beaucoup d’autres, et dont la plus grande réussite artistique
était la tradition orale du chant héroïque, conservée dans les épopées
homériques. » (Finley, Moses et Bailey, Cyril, L’héritage de la Grèce et
de Rome, Éditions Robert Laffont, Paris, 1992, pages 87-88).
« Entre le premier concours tragique qui dut avoir lieu à Athènes
en 534 et la fin de la période classique, plusieurs dizaines de poètes
tragiques ont composé des pièces dont ils empruntaient le sujet à des cycles
légendaires apparemment inépuisables, le cycle troyen, le cycle des Atrides, le
cycle thébain, la légende d’Héraclès et quelques autres. Aussi arrivait-il souvent que plusieurs
tragédies soient composées, à des dates différentes, sur un même sujet
(Électre : Eschyle, Les Choéphores;
Euripide, Électre; Sophocle, Électre, -ndlr). » (Électre, Librairie
Générale Française, Introduction, Paris, 2005, page 7).
La culture grecque est, on le sait, une culture largement orale, mais le
texte des tragédies était accessible.
Toutefois, les classiques grecs sont toujours étudiés; ainsi la pièce
Les Perses d’Eschyle (né vers 525 av. J.-C.) fût au programme des classes préparatoires
scientifiques 2014-2015 en France.
Sur le plan philosophique, on ne peut gommer la présence
d’Aristote. « Né à Stagire en 384
avant J.-C., il est mort à Chalcis en 322. (…) À dix-sept ans, Aristote vint à
Athènes; il y entendit Socrate et se mit à l’école de Platon. (…) Ce philosophe
(rejetant le matérialisme philosophique; le bas niveau de développement
matériel et technique peut expliquer ce choix, -ndlr) clôt magnifiquement la
belle période de l’hellénisme, dont il a recensé, avec un soin minutieux, les
connaissances intellectuelles et scientifiques; son génie universel a fait la
somme des acquisitions réalisées de son temps… » (Aristote, Éthique de
Nicomaque, Classiques Garnier, Paris, 1961, page I).
L’ultime épanouissement de la poésie grecque eut lieu à Alexandrie au
IIIe siècle av. J.-C., bien que l’on continuât à écrire quelques beaux poèmes
pendant encore plusieurs siècles. Après
Alexandre, la civilisation de la petite cité-État fit place, dans tout le monde
grec, à de grands royaumes militaires.
L’unification de la langue grecque entraîna une poussée vers
l’uniformité, loin de laquelle l’individu pouvait trouver refuge dans la
lecture ou dans la rédaction d’œuvres extraordinaires ou insolites. »
(Ibidem, Finley, page 125).
« Les historiens grecs n’étaient visiblement pas préparés au
message chrétien que ce soit sous la forme transmise par Jésus et ses proches
ou sous celle élaborée par l’Église (chrétienne, - ndlr) des deux premiers
siècles de notre ère. L’histoire de la
Rédemption ne correspondait pas, au sein de l’ère païenne, à l’historiographie
de type hellénique, pas plus que les livres historiques de la Bible n’étaient d’un
grand secours aux chrétiens en tant que modèles, puisqu’ils contaient
l’histoire d’une nation existante sous l’angle de son obéissance ou de sa
désobéissance à Dieu lors de sa période, révolue, de vie politique organisée. »
(Ibidem, Finley, page 182).
Les arts ont occupé une très grande place dans la culture et la
civilisation grecques, y compris au moment de l’empire gréco-romain, i.e. après
la conquête de l’Empire grec par l’Empire romain.
« Il suffit de faire le tour de quelques musées de Grèce, grands ou
petits, pour le constater : tant en Italie qu’en Grèce même, l’art
populaire est le même et ce n’est que de l’art hellénisant maladroitement exécuté. (,,,)
« … après la conquête de l’Orient par Alexandre le Grand, l’art grec avait
rayonné jusqu’en Inde, au Pakistan et en
Afghanistan, pour donner naissance à des hybrides gréco-mésopotamien, gréco-iranien
ou gréco-bouddhique, où les bodhisattva en cours de destruction ont le visage d’Apollon. L’hybride palmyrénien, lui, ne naîtra que
trois siècles plus tard, lorsque le rattachement de Palmyre à Rome aura fait
entrer la cité dans le grand courant culturel du monde; l’art palmyrénien aura
alors pour modèle l’art impérial ‘romain’, cette dernière province vivante de
l’art hellénistique. » (Veyne, Paul, L’Empire gréco-romain, Éditions du
Seuil, Paris, 2005, pages 428-429).
« Le travail de transmission du savoir grec à un lectorat de plus en
plus vaste connut une soudaine accélération pendant le pontificat de Nicolas V
(1447-1455). Mettant à contribution tous
les humanistes renommés de son temps et les faisant travailler sur de longs
textes philosophiques ou historiques, il facilita la besogne pour le problème
de la traduction. Les érudits de la
génération suivante terminèrent sa tâche et, dès la fin du siècle, le meilleur
de la prose grecque devint accessible aux lecteurs latins. Dans l’intervalle se produisit l’événement
qui fit plus que n’importe quel autre pour révolutionner les études
universitaires. L’imprimerie fit son
apparition en Italie en 1465. La
publication des textes grecs, qui présentait des difficultés particulières, se
faisait au ralenti; mais, dès 1535, presque tous les auteurs anciens importants
étaient disponibles en version imprimée. (…)
Érasme conseillait aux futurs écrivains de lire largement les classiques
et de relever ce qu’ils pensaient pouvoir ensuite utiliser dans leurs propres
écrits. (…) La littérature dialectale s’imprégna de ce classicisme de bien des
façons. Les mots grecs et latins furent
modernisés. On imita les périodes de Cicéron
et le style sautillant de Sénèque. On
s’essaya aux hymnes à la Pindare, aux épigrammes à la manière de Martial, aux
tragédies et aux comédies classiques, aux morceaux oratoires et aux épîtres. »
(Ibidem, Finley, pages 429-431).
« Pendant près de trois siècles, l’Europe avait été aux pieds de la
Grèce classique. Elle avait appris ce
que pouvait enseigner la lecture directe des penseurs et des poètes grecs; et
il était devenu plus ardu de continuer à progresser le long des lignes bien
éprouvées de l’imitation et de l’assimilation.
Le XVIIIe siècle marque le début d’une ère nouvelle pour les études
grecques. La découverte d’informations
neuves à partir de sources classiques n’était plus la condition essentielle
préalable à l’évolution culturelle. Les concepts
philosophiques et scientifiques, les méthodes littéraires, mathématiques et
technologiques auxquelles Athènes, Alexandrie et Byzance purent aisément
apporter leur contribution avaient été absorbées par la tradition européenne,
et une impressionnante superstructure d’idées et de techniques nouvelles
s’élevait sur les bases jetées par l’Antiquité.
Dans cette situation modifiée, on en vint à voir la Grèce comme un monde
éloigné du nôtre, et dont les vertus constituaient un défi aux imperfections de
notre présent. » (Ibidem, Finley, pages 434-435).
« Si nous examinons notre dette envers la Grèce ancienne, nous
sommes frappés par la diversité des éléments qui lui furent empruntés. On y trouve, par exemple, des théories
métaphysiques et éthiques, des démarches mathématiques, des techniques
littéraires, artistiques, pratiques; des faits historiques, des fictions allant
du plus profondément pratiques; des faits historiques, des fictions allant du
plus profondément symbolique au plus insignifiant. » (Ibidem, Finley, page
442).
La culture moderne grecque est aussi bien vivante. Au cours des dernières décennies, on a pu
voir ‘ Zorba le Grec’, ‘ Z’ dont les arrangements musicaux étaient l’œuvre de
Mikis Theodorakis qui n’a pu terminer son travail, étant déporté aux îles par
les colonels qui venaient de s’emparer du pouvoir politique et militaire pour
mettre en place une dictature fasciste en Grèce.
Aujourd’hui, la jeunesse grecque a rallié la gauche, en s’impliquant
massivement dans le KKE (Parti communiste de Grèce), en militant dans les
associations d’étudiants ou gagnés à la cause du syndicat PAME.
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