Derrière les portes closes des restaurateurs d’œuvres d’art
La préservation des œuvres d'art à travers le temps relève d'un travail d'une grande expertise. Marie-Catherine Cyr présente les secrets de son métier en ouvrant les portes de son atelier de restauration au Musée des beaux-arts du Canada.
Un photoreportage de Christelle D’Amours pour Tout inclusÀ titre de restauratrice adjointe en peinture et arts contemporains, Marie-Catherine Cyr fait partie de l’équipe des 12 spécialistes du Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa.Les restaurateurs, appuyés par des techniciens et des encadreurs, manipulent quotidiennement des oeuvres d’une grande valeur pour les nettoyer, les réparer et rétablir leur aspect d’origine.
« Une œuvre va changer avec le temps, va évoluer et c’est notre travail de la ramener à un aspect le plus original possible », explique la spécialiste, qui cumule plus de dix ans d’expérience dans le domaine.
On essaie de ne pas garder la valeur de l’oeuvre en tête, parce qu’il faut traiter toutes les oeuvres également.
De la minutie et beaucoup de passion
Au coeur d’un atelier très éclairé par la lumière naturelle et regroupant des dizaines d’oeuvres en restauration, Marie-Catherine Cyr est installée devant une toile datant de 1640. Elle explique la façon dont elle s’y prend pour corriger une section de l’oeuvre où la couleur est défectueuse. Elle retire d’abord le vernis à l’aide d’un coton-tige. « On va venir faire la retouche juste là où il manque de la peinture. On ne va pas venir couvrir l’original », dit-elle en s’assurant de ne pas altérer la surface entourant l’imperfection. « Ça se fait par petits points dans les craques. Quand il y a beaucoup de craques, bien c’est beaucoup de petits points et ça prend du temps », ajoute-t-elle en riant.Une proximité qui mène à l’intimité
« Toutes les oeuvres sur lesquelles j’ai travaillé ont quelque chose de particulier. [...] On a chacun notre approche et un rapport particulier avec toutes les oeuvres », affirme Mme Cyr.La spécialiste évoque un lien qui se crée avec une oeuvre alors que le travail de restauration avance, puisqu’une meilleure compréhension de l’identité de l’oeuvre se définit.Elle donne l’exemple d’un tableau qui l’a marquée : « J’ai travaillé sur un Rubens [du milieu] du 17e siècle. Tu vois tous les petits coups de pinceau, tu vois comment il a construit son tableau, les couches et tout ça ».« C’est très émouvant après ça d’être un petit joueur dans l’histoire de ce tableau-là », lâche-t-elle.Ce que j’adore dans mon travail, c’est qu’on vient à développer une relation intime avec les œuvres.
Un équilibre entre la science et la créativité
C’est au terme d’un long parcours scolaire enchaînant des études collégiales, un baccalauréat en histoire de l’art et études italiennes, un certificat en arts plastiques, des cours de chimie et une maîtrise en restauration d’oeuvres d’art que Marie-Catherine Cyr a finalement commencé la pratique. Elle note d’ailleurs l’importance d’avoir des notions de chimie et de science pour bien effectuer son travail.Les restaurateurs font d’abord des analyses poussées pour connaître la composition des oeuvres et anticiper sa réaction aux transformations à venir. Mme Cyr évoque toutefois la nécessité d’utiliser son imagination pour réaliser son travail.« La restauration, c’est un très petit domaine professionnel, donc on n’a pas beaucoup d’outils spécialisés », dit-elle. « On est super créatifs, donc on va emprunter des outils à d’autres professions comme des outils de dentisterie, des outils d’électriciens ou on va fabriquer nos propres outils carrément », s’amuse notre interlocutrice.Les professionnels de la restauration d’oeuvres d’art doivent aussi créer leurs propres couleurs à l’aide de pigments pour réaliser des corrections. Il faut avoir l’oeil!Au-delà de la restauration
En plus de rétablir l’aspect original des oeuvres, les restaurateurs d’art sont appelés à occuper des fonctions de préservation, par exemple :- l’entreposage
- le transport
- la préparation pour un prêt dans un autre musée
- la mise en exposition
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