À Venise, un trésor musical sauvé des eaux
REPORTAGE. Grâce à la mobilisation des Vénitiens, les richissimes archives du conservatoire ont pu être sauvées, dont une partition unique de Vivaldi.
Par Quentin Raverdy, à Venise
Modifié le - Publié le | Le Point.fr
Les images saisissantes de la crypte de la basilique Saint-Marc inondée par les eaux de l'Adriatique, il y a près d'une semaine, ont fait le tour du monde. Un véritable joyau du patrimoine mondial les pieds dans l'eau et aujourd'hui menacé par les ravages du sel. Mais l'acqua alta (haute marée) exceptionnelle de la nuit du 12 au 13 novembre s'est attaquée à un autre trésor de Venise, moins connu des touristes : le conservatoire Benedetto Marcello.
Comme dans bon nombre d'édifices de la Sérénissime, le rez-de-chaussée du somptueux Palazzo Pisani, qui abrite l'institution depuis 1867, a été envahi par l'impressionnante marée, la plus haute depuis 1966. Et avec lui, une partie de ses archives, célèbres dans le monde de la musique classique pour leur incroyable richesse.
Face à ce cauchemar, la cité des Doges a pu compter sur l'incroyable mobilisation et la solidarité de ses habitants. Des dizaines de personnes (enseignants, anciens élèves, étudiants) ont répondu présentes à l'appel de l'institution à venir prêter main-forte au lendemain du désastre. « Je finissais de travailler et j'ai reçu des messages du personnel du conservatoire appelant à venir aider pour sortir de l'eau des livres qui se trouvaient dans les étagères du bas et les mettre en sécurité dans les étages […]. Il fallait agir au plus vite parce que l'on savait que, le jeudi, un nouvel épisode de haute marée allait frapper la ville », relate un volontaire.
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On redouble donc d'efforts pour sauver ce patrimoine culturel mondial. « Quelqu'un nous a expliqué que comme pour aider des gens après un tremblement de terre, il existe une procédure pour sauver des livres précieux touchés par l'eau », explique la musicologue. « Après le séchage, on a organisé une petite équipe pour répertorier tous les documents et savoir précisément ce qu'on allait envoyer à l'entreprise de Bologne, spécialisée dans la restauration », précise-t-elle.
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Une opération longue et coûteuse : environ 200 000 euros, avance Chiara Pancino, rassurée de voir la mobilisation du gouvernement et des pouvoirs locaux face à cette situation. « L'autre bonne nouvelle, c'est que rien ne sera perdu, on devrait tout récupérer », poursuit la directrice de la bibliothèque.
Mardi soir, le niveau de l'acqua alta, imprévu et impressionnant, dépassera pourtant largement le mètre soixante-dix, seuil de sécurité prévu par le conservatoire Benedetto Marcello. Une enquête devrait être lancée prochainement. D'ici là, l'institution a annoncé réfléchir à des solutions « qui garantissent des standards de sécurité nouveaux et renforcés pour les salles de la bibliothèque ».
Comme dans bon nombre d'édifices de la Sérénissime, le rez-de-chaussée du somptueux Palazzo Pisani, qui abrite l'institution depuis 1867, a été envahi par l'impressionnante marée, la plus haute depuis 1966. Et avec lui, une partie de ses archives, célèbres dans le monde de la musique classique pour leur incroyable richesse.
Compte à rebours
Environ 5 000 documents touchés sur les quelque 56 000 qu'abritent les lieux, explique Chiara Pancino, directrice de la bibliothèque du conservatoire. Parmi les archives sinistrées, des œuvres d'une valeur historique inestimable, poursuit-elle, « des premières éditions imprimées de Beethoven, des éditions des sonates de Vivaldi, des partitions manuscrites de Domenico Cimarosa, des copies d'époque de Rossini, de Monteverdi ». Consolation – de taille – pour l'équipe des archives, la partition unique au monde de l'air Sovvente il sole, écrite de la main même de Vivaldi, natif de Venise, est sauve.Lire aussi Inondations à Venise : et l'eau monte encore…
Direction Bologne
Une armée de petites mains va ensuite se charger de faire sécher les documents rescapés. Méthodiquement, à même le sol, chaque page d'archive, chaque partition trempée est encadrée de papier absorbant. « Une sensation terrible », décrit Ilaria Sainato, enseignante à l'École de musique ancienne de Venise, venue grossir les rangs des volontaires. La peur de « voir perdre à jamais cette part d'histoire » confie-t-elle.On redouble donc d'efforts pour sauver ce patrimoine culturel mondial. « Quelqu'un nous a expliqué que comme pour aider des gens après un tremblement de terre, il existe une procédure pour sauver des livres précieux touchés par l'eau », explique la musicologue. « Après le séchage, on a organisé une petite équipe pour répertorier tous les documents et savoir précisément ce qu'on allait envoyer à l'entreprise de Bologne, spécialisée dans la restauration », précise-t-elle.
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Congélation
Les archives, qui ont pris la direction de l'Émilie-Romagne ce week-end, vont être congelées pour éviter que ne se développe de la moisissure et que les pages ne se collent entre elles. Suivra ensuite une étape de lyophilisation pour retirer l'eau avant la procédure de restauration proprement dite.Le seuil de sécurité dépassé
Mais après l'urgence surgissent certaines interrogations. En 2014, à cause de leur poids, les précieuses archives entreposées à l'étage ont été descendues au rez-de-chaussée du Palazzo Pisiani. « Ce n'était pas ma décision et je pensais déjà à l'époque que c'était une erreur », confie Chiara Pancino. « Une décision qui me semble très étrange à Venise. Au moins, on aurait pu mettre tous les documents sur des étagères en hauteur », renchérit le volontaire. Selon un communiqué du conservatoire, les locaux étaient « spécialement surélevés, protégés par des systèmes modernes et considérés comme adaptés ».Mardi soir, le niveau de l'acqua alta, imprévu et impressionnant, dépassera pourtant largement le mètre soixante-dix, seuil de sécurité prévu par le conservatoire Benedetto Marcello. Une enquête devrait être lancée prochainement. D'ici là, l'institution a annoncé réfléchir à des solutions « qui garantissent des standards de sécurité nouveaux et renforcés pour les salles de la bibliothèque ».
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