LES CATHOLIQUES ET LES MUSULMANS DU CANADA
Daniel
Paquet dpaquet1871 @gmail.com
Entendu au Québec chez un retraité de la construction :
« ils ne viendront tout de même pas fermer nos églises (catholiques,
ndlr)? » L’immigration musulmane de
masse est encore assez nouvelle au Québec; c’est à Montréal qu’elle se
fixe. Les rumeurs vont bon train; c’est
pourquoi bon nombre de Canadiens-français se sont laissé dire que les musulmans
ne visaient qu’à installer leur religion et reléguer la religion chrétienne - de
la très vaste majorité de la population- au dernier rang. Entendons-nous, les Canadiens ne sont pas
vraiment pratiquants, mais au Québec, ils sont farouchement croyants et même
superstitieux à l’occasion. Quelqu’un
qui avait la division à l’esprit a donc mis de l’huile sur le feu.
La
nation canadienne-française a souvent bien de la difficulté à trouver sa place
au sein du Canada; alors ce n’est pas le moment de faire tanguer la chaloupe
(nous y reviendrons plus loin). Mais,
dans le cas présent, il ne faudrait pas plonger vers l’extrême comme en Belgique.
Cette année, « le Conseil communal de Charleroi a décidé d’interdire tous
les signes d’appartenance philosophique, religieuse et politique, dès la
rentrée prochaine, dans les écoles communales primaires et secondaires carolorégiennes
[selon Sophie Merckx du Parti des travailleurs de Belgique-PTB], cette interdiction
touche au droit à la libre expression, une évolution dangereuse. Si nous suivons la majorité communale, on
interdira donc de porter un T-shirt avec la photo de Che Guevara ou un pin’s
pour le commerce équitable […] Est-ce que les écoles ne doivent pas justement
être l’institution qui ouvre le débat, qui développe la réflexion démocratique,
philosophique, qui encourage la solidarité et la multiculturalité parmi notre jeunesse? »
L’édition
montréalaise du quotidien anticommuniste et pro-républicain des États-Unis, La Grande époque, annonce déjà que le
monde musulman en Amérique du Nord passe à l’action, ou presque : « Une
autre méthode utilisée par Al-Qaïda est de trouver des groupes islamiques qui entretiennent
des ‘concepts de victimisation, des concepts selon lesquels les musulmans sont
persécutés par l’Occident non musulman, par les impérialistes, les
colonialistes’… »
Un pays, deux nations
Nous
voilà au cœur du débat. Les Québécois
ont à cœur la protection de leur culture, bien avant de se braquer contre les
Canadiens-anglais. Selon le quotidien La Presse du début août 2010, « le
président du Parti québécois (nationaliste, ndlr), Jonathan Valois, craint la
‘folklorisation’ et ‘l’institutionnalisation’ de la souveraineté (séparation,
ndlr) si ce projet ne rejoint pas davantage les jeunes générations. »
Celui
avait déposé en 2004 un rapport sur les jeunes et la souveraineté (sic).
« Selon ce rapport, les jeunes jugeaient l’indépendance ‘dépassée,
désuète et vétuste’. » Quant au
président du Conseil de la souveraineté et ancien président de la Confédération
des syndicats nationaux (CSN), Gérald Larose, il n’est plus nécessaire de
parler « d’indépendance » économique, semblant s’accommoder de la
mondialisation et du libre-échange, même si ça ne laisse aucune parcelle
d’autonomie aux travailleurs du Québec.
Un fameux syndicaliste!
Ils
s’exprimaient tous deux à la veille d’une université d’été organisée par le
Forum jeunesse du Bloc québécois, représentant les milieux nationalistes au
Parlement fédéral du Canada. Chose
inusitée, l’unique député du parti Québec solidaire (social-démocrate) a
participé à cet évènement. D’ailleurs,
l’autre porte-parole de ce jeune parti, Françoise David s’est réjouie en
précisant au journaliste de La Presse
que « cette organisation transpartisane est très noble. Je trouve cela extrêmement intéressant et
prometteur pour la suite des choses ».
Et les ouvriers, alors?
Sur la scène
Chaque
année, le Panthéon des auteurs-compositeurs canadiens organise une cérémonie
spéciale. La Presse rapporte, en mars 2010, que « cette année encore, la
cérémonie d’intronisation se déroulait à Toronto. ‘À la fin de la soirée, des jeunes
attendaient (Robert Charlebois, ndlr) pour dire : I liked your performance.
Ils sont prêts à entendre de la bonne musique en français, mais le
lendemain de la fête, c’est fini. On n'entend
plus de français dans les rues ou à la radio.
Ça donne l’impression de donner un coup d’épée dans l’eau. Toronto est dans le même pays, mais dans une
autre planète. »
Au mois
d’avril, le quotidien a parlé de Gordon Lightfoot. « Le musicien fait partie de ces
pionniers du renouveau folk populaire.
En plus d’être l’une des premières stars anglo-canadiennes à avoir obtenu la reconnaissance
internationale, il a constamment représenté la culture anglophone de son
pays. Ce pays, d’ailleurs, il ne l’a
jamais quitté […] ‘J’ai toujours été
fier d’être un ambassadeur de la culture de mon pays. J’ai toujours pris ce rôle avec beaucoup de
conviction et d’enthousiasme. Oh yeah,
no problem there. »
Sur les
planches, la relève s’impose et elle n’est plus aussi européenne. Comme le dit la comédienne Cynthia
Cantave : « S’il y avait plus d’acteurs noirs sur les scènes, plus de
jeunes pourraient s’identifier et avoir le goût de sortir au théâtre ou d’en
faire. Parce qu’à l’heure actuelle, les
Noirs sont le plus souvent relégués à des rôles secondaires ».
Pour
conclure, faisons un peu de droit constitutionnel. Dans la Loi fondamentale de l’Union des
Républiques Socialistes Soviétiques (1977), l’article 27 affirmait que : « L’État
se préoccupe de préserver et de développer les valeurs culturelles de la
société et de les mettre largement à profit pour la formation morale et
esthétique des Soviétiques, pour élever leur niveau culturel. En U.R.S.S., on encourage par tous les moyens
le développement des activités artistiques professionnelles et populaires. »
Même le
plus fieffé des pourfendeurs de l’Union soviétique sait que dans ce pays les
arts en général y avaient une place de choix, et que c’était financièrement
accessible. C’était donc un droit
garanti pour toutes les familles ouvrières.
Opéra, cirque, théâtre, cinéma, bibliothèques, concerts… tout était à la portée des salaires des
travailleurs.
Décidément, il en a drôlement perdu Yvan Yvanovitch avec
tous ces « chambardements »!
Montréal,
le 5 septembre 2010, www.lnvr.blogspot.com
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