LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS DOIT REDEVENIR MARXISTE ET LÉNINISTE
Ce serait bien
pour Malakoff aussi. Il faut rêver comme disait Lénine!!!Hervé Fuyet38ème
congrès du PCF
Pour un bilan communiste des socialismes du XXème siècle
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Voici trois amendements suggérés par des camarades qui
améliorent le manifeste sur une question essentielle pour la construction d’une
orientation majoritaire des communistes, celle de l’URSS et de sa fin, et de ce
qu’elle nous dit de notre projet de "parti communiste du XXIème
siècle".
Le manifeste aborde le sujet en fin de chapitre 1 (proposant
"un bilan critique") comme un élément explicatif de ce qui apparait
aujourd’hui comme des erreurs du PCF, puis en fin d’introduction du chapitre 3
(le "communisme de notre temps"), comme enjeu de renouvellement
d’idées, enfin dans le premier point du chapitre 4 (internationale) évoquant de
profonds changements du monde et la nécessité d’un bilan communiste de ce qu’a
représenté l’URSS pour comprendre le monde tel qu’il est.
Les débats encours du congrès confirment l’importance de ces
paragraphes, objet de discussions riches et de propositions d’amendements
venant le plus souvent conforter le manifeste mais parfois tentant au contraire
de le réfuter en confirmant une rupture définitive avec l’histoire du
communisme au XXème siècle.
En ce sens, les trois amendements présentés ici peuvent être
l’occasion d’une réflexion ouverte et large des communistes pour une
réorientation qui nous sorte de cette "autophobie" de notre histoire [1] et retisse le lien avec ce que
peut être un "communisme du XXIème siècle".
On ne peut mieux résumer ce que les communistes cherchent à
réorienter qu’à partir du point de vue de Olivier Dartigolles,
porte-parole du PCF qui résume le débat en une phrase :
En quelques mots : nous avons longtemps adopté, avec tous
les partis communistes, la conception léniniste de la révolution ; elle
n’est plus la nôtre ; nous en avons une autre.
ce qui le conduit à vouloir réécrire le manifeste pour rejeter
cette réorientation esquissée...
Or, je crois lire dans plusieurs formulations de la base commune
des retours en arrière. Ainsi, il est inexact d’indiquer que « les
directions successives du PCF » n’ont pas procédé à « une analyse
approfondie » après la disparition de l’URSS (page 7, lignes 7, 8) et
qu’en somme, il conviendrait de s’y mettre. Cette analyse a été effectuée. Et
elle n’a pas été faite après la chute de l’URSS, mais dès les années 70 lorsque
nous nous sommes émancipés du marxisme-léninisme et du « modèle »
soviétique après l’abandon de la dictature du prolétariat.
Le PCF a effectivement fortement évolué depuis les années 70
dans le contexte de la stratégie du programme commun, même si à l’époque,
personne ne disait que nous avions "rompu" avec l’histoire léniniste
des partis communistes. Nous disions que nous cherchions une "voie
démocratique au socialisme à la Française", et c’est la mutation qui
est allée au bout de "l’émancipation du marxisme-léninisme" en
rejetant l’idée même d’une société "socialiste", comme de
toute idée de "révolution", mettant l’accent central sur
le rôle électoral du parti dans le cadre de la démocratie supposée permettre
une "autre politique".
Or en 1976, le XXIIème congrès rejetant la dictature du
prolétariat se déroulait dans le cadre de la confrontation des blocs [2] et
personne ou presque n’imaginait la fin de l’URSS. Le débat international entre
communistes portait sur l’importance de "voies nationales au
socialisme", s’émancipant donc d’un "modèle" soviétique.
Le congrès se déroulait dans le cadre stratégique de l’union de la gauche dont
les communistes connaissaient les risques d’un renoncement du parti socialiste,
mais qu’ils pensaient pouvoir maitriser par l’intervention populaire...
Aujourd’hui, nous savons que malgré sa force, le PCF n’a pas pu
résisté aux "renoncements" socialistes, que l’union
de la gauche n’a pas "changé la vie", que l’URSS a
explosé et avec elle un rapport des forces mondial en faveur des peuples qui
ont payé très cher la "fin de l’histoire" avec l’hyperdomination
guerrière US... L’émancipation du "modèle" soviétique n’est plus un
débat théorique mais un constat pratique déjà ancien...
En rester comme le propose Dartigolles à cette pensée initiée en
1976 est-il aujourd’hui pertinent pour un monde totalement transformé comme le
montre justement le chapitre sur la crise et le chapitre international du
manifeste ? L’enjeu démocratique est-il d’abord une question posée
au"socialisme réel", ou au contraire au "capitalisme réel",
avec une force décuplée depuis l’arrivée de Trump puis Bolsanaro ? Et
pourquoi le PCF n’a-t-il pu résister aux renoncements socialistes ?
Pourquoi l’intervention populaire, qui a pourtant montré sa force en 1995 ou en
2005 n’a pu trouvé le chemin du "changement de société", pourquoi au
contraire le PCF a progressivement disparu de l’imaginaire politique ?
Les communistes savent d’expérience que cela a à voir avec
l’histoire du socialisme réel, et qu’il est un peu court de dire que nous
"payons" seulement le prix de l’échec de l’URSS ! Derrière
l’URSS ce sont les questions de la possibilité d’un changement de société, d’un
système non capitaliste, d’un internationalisme contre la mondialisation
capitaliste qui sont mises en cause. Nous savons tous qu’elles le sont non pas
à partir de l’histoire réelle du socialisme du XXième siècle mais à partir de
sa diabolisation idéologique construite dans une bataille acharnée à laquelle
nous n’avons pas résisté et qui conduit par exemple une partie de nos
adolescents à croire que Staline était l’allié de Hitler, à méconnaitre le
tournant crucial de Stalingrad en célébrant le débarquement, à croire que les
peuples soviétiques étaient affamés et prisonniers alors même que le retour
violent du capitalisme après 1990 détruisait les incroyables acquis sociaux et
culturels de ces peuples !
Le plus grave dans ces analyses des années 70 était ce qui
conduisait Fiterman après Gorbatchev a déclarer en 1990 que "la
force de la politique avait supplée la politique de la force". Cela
prêterait à sourire quand on regarde le monde d’aujourd’hui, sa violence
extrême, la brutalité de la mondialisation capitaliste, son choix permanent de
la guerre, sa mise en cause de la démocratie partout, jusqu’au choix du
fascisme d’Ukraine au Brésil...
Le refus viscéral de Dartigolles de réévaluer en communiste ce
qu’a été le socialisme soviétique le rend totalement aveugle à ce qui reste
aujourd’hui des socialismes du XXième siècle, de l’originalité de Cuba dans un
engagement populaire pour la défense de leur petit pays face à l’hyperpuissance
voisine, à l’originalité de la Chine tirant les leçons de l’échec soviétique en
inventant un "socialisme de marché" assurant le développement
accéléré d’un quart de l’humanité. Il est aveugle aux luttes des partis
communistes dans toute la planète, à commencer par le parti russe qui mène une
lutte difficile mais déterminée contre Poutine et qui obtient de réels succès.
En rompant avec notre histoire communiste, il rompt aussi avec la presque
totalité des partis communistes !
Mais surtout, il se rend incapable de construire une réponse
actuelle à la crise française dans le capitalisme mondialisé. Il reste
prisonnier du XXXème congrès, celui de la mutation, qui entérinait cette
rupture avec notre histoire au nom d’un "communisme nouveau" qui
s’est révélé être soluble dans "la gauche" socialiste à tel point que
son plus efficace représentant électoral est désormais Jean-Luc Mélenchon.
Au contraire, un immense chantier est devant nous pour réévaluer
l’histoire des socialismes du XXième siècle, ceux qui continuent de se
développer comme ceux qui ont été défaits, le soviétique bien sûr, mais aussi
le yougoslave, et aussi cet "eurocommunisme" qui voulait inventer une
alternative au modèle soviétique mais qui a conduit les partis à la dissolution
en Italie, à un profond affaiblissement en France, et à un émiettement en
Espagne jusqu’à ce congrès récent du PCE qui décidait de rajeunir sa direction
en retrouvant son choix marxiste-léniniste, ce choix même contre lequel Dartigolles
comme Pierre Laurent s’arcboutent, effrayés d’un tel virage à gauche du
PCF ! S’ils avaient participé au centième anniversaire de la révolution
d’octobre à Moscou, ils auraient constaté leur isolement du mouvement du monde
et des milliers de communistes de toute la planète qui cherchent les voies d’un
communisme du XXIème siècle sans jamais rompre avec leur histoire.
Ce chantier doit nous aider à comprendre l’histoire du
socialisme soviétique jusqu’à sa défaite, les causes internes et les causes externes,
comprendre comment, malgré les guerres, l’URSS a connu une croissance
économique de 1930 à 1960 supérieure à celle des trente glorieuses en France,
comment l’espérance de vie a progressé plus vite que partout
ailleursjusqu’à rattraper le niveau occidental en 1970 avant de
stagner ensuite, comprendre pourquoi l’agriculture soviétique s’est développée
avec succès jusqu’en 1960 sur un modèle "bioagricole" avant de se
mettre à copier l’agrochimie occidentale ensuite, comprendre pourquoi
l’objectif d’un grand réseau de communications entre universités et centre
scientifiques soviétiques défini par un plan quinquennal à la fin des années 60
n’a pas été réalisé, il aurait été en avance sur le réseau équivalent US,
ancêtre d’internet...
Non, Olivier, nous ne savons pas tout des causes de ce qui est bien une défaite,
payée chèrement d’abord par les ouvriers, les femmes, les retraités
soviétiques. Nous n’avons appris que récemment les centaines de morts dans la
défense du parlement face aux chars d’Eltsine. Nous n’avons pas su que le 7
novembre 1991, pour l’anniversaire de la révolution d’octobre, des
manifestations spontanées contre le capitalisme se déroulaient partout en URSS,
sans aucune organisation pour les fédérer, le PCUS s’étant dissous et ses
dirigeants étant pour l’essentiel en train de se partager les richesses
"socialistes"...
Oui, il est urgent d’ouvrir en grand ce débat et d’en profiter
pour améliorer le texte afin d’ouvrir en grand cet immense chantier d’une
analyse communiste du socialisme réel, des conditions de son développement
initial, de son caractère historique et national, des défaites qu’il a subit,
et des victoires qu’il continue à construire...
Les trois amendements qui suivent sont de bons supports pour
conforter le manifeste vers un texte de congrès largement majoritaire.
Proposition d’amendement du
chapitre Un bilan critique
Amendement discuté dans les Bouches du Rhone, page 6 avant la
ligne 4, déplacer le paragraphe de la page 7 lignes 4 à 13 enrichi comme
ci-dessous
Les erreurs
ont un lien avec le doute qui s’est installé sur le communisme après la
disparition de l’URSS, semblant consacrer un triomphe définitif du capitalisme.
Les enseignements de cette (tentative de) révolution, qui a
ébranlé le monde mais finalement a été défaite, continuent de susciter des
débats importants dans le mouvement communiste. Ce qui est certain, c’est que
la disparition de l’URSS nous plaçait, dans les années 90, au défi d’une
analyse approfondie et du choix d’une novation communiste.
Au titre des aspects positifs du
bilan, il faut souligner le fait essentiel que notre parti bien que très
affaibli, déstructuré, existe toujours et ne s’est pas divisé en de multiples
groupuscules comme cela a pu se passer dans d’autres grands partis européens,
dits eurocommunistes comme le parti communiste italien ou espagnol. Ce qui se
passe en Belgique et au Portugal prouve qu’il n’y a pas de fatalité dans la
disparition des partis communistes en Europe. Le PCF non seulement existe
toujours, mais les communistes français ont toujours refusé qu’il change de
nom, et malgré les importants revers, il conserve des élus appréciés de la
population.
Mais ces efforts de l’ensemble des
communistes n’ont pas été accompagnés d’une véritable novation communiste, une
visée stratégique qui dépasse chaque élection difficile pour nous, en particulier
les présidentielles.
Au lieu de cela, les directions successives du PCF ont été
gagnées par le renoncement, jusqu’à des choix qui ont déstabilisé et
déstructuré notre parti, comme l’abandon de la bataille à l’entreprise, la remise en
cause de l’organisation en cellule, et qui ont brouillé le
repérage de classe du parti dans la société.
Les échecs successifs sont dans toutes les mémoires
...
...
Proposition d’amendement du
chapitre 3. Le communisme de notre temps, idéal éthique, visée historique,
chemin de lutte
amendement discuté dans le Rhône, page 10 - lignes 40 à
45 : le paragraphe est réécrit ainsi : les parties en gras sont
nouvelles
Un effort de renouvellement et de réflexion est
en effet devant nous, de même qu’une bataille d’idées est à mener. Car l’idéal
communiste, longtemps identifié au grand espoir soulevé dans le monde par la
révolution soviétique et l’édification de l’URSS à partir d’une Russie
arriérée, dans des conditions de guerre civile puis de guerre mondiale, a été
défiguré par la diabolisation du socialisme réel imposé par l’idéologie
dominante du capitalisme mondialisé tentant d’imposer dans le domaine des idées
la fin de l’histoire, s’appuyant malheureusement sur de
terribles dérives et trahisonsdu système soviétique
et par sa défaite dans une crise profonde.
Proposition d’amendement du
chapitre 4. Un nouvel internationalisme pour relever le défi de la
mondialisation capitaliste
amendement discuté dans le Rhône, page 14 : lignes 37 à 43
Après la chute du mur de Berlin et de l’URSS,
avoir cru qu’il suffisait d’affirmer l’histoire propre du communisme français
pour se dégager des conséquences de cet échec était une erreur : un bilan
communiste de ce qu’a représenté l’expérience soviétique et sa défaite est
indispensable pour sortir de la diabolisation construite contre nous par les
porte-voix du capital et poursuivre avec ténacité le développement de notre
projet original autogestionnaire vers un communisme de notre temps.
[1] le terme autophobie a été utilisé par le regretté
théoricien marxiste italien Domenico Losurdo
[2] au passage,notaons qu
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Hervé FUYET
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