Le devenir de la culture québécoise
La télévision publique : un relais formidable
Daniel Paquet dpaquet1871@gmail.com
Disons que c’est une
interrogation posée sur la « culture » nord-américaine, plus
précisément à partir de l’émission « The
Price is Right » qui a suscité ce propos.
Il y a le vrai et il y a le
faux. Par exemple, les intellectuels
montréalais ont une conception naturelle assez romantique du Quartier latin à
Paris (où se trouve l’université de la Sorbonne), toujours grouillante de
créateurs et d’artistes, dans un décor hors du temps – et cela va de soi; ce,
par rapport au Quartier latin de Montréal, qui, s’il est lové dans un cachet
hors du temps, n’a guère que son cadre hors du temps, et des cafés sans
« âme » (du toc, quoi!)
Un autre exemple : la différence
entre la pornographie et l’érotisme. Sur
ce sujet, il me fait plaisir de laisser la tribune au poète cubain, Antonio
Guerrero, un des membres du groupe d’agents spéciaux opérant jadis aux USA et
connu sous le nom des Cinq de Cuba.
Antonio écrit pour la jeunesse cubaine notamment, sur des thèmes comme
l’amour, la sensualité, l’érotisme et sur le sens général de la vie.
Voici de plus quelques pistes de
réflexion ultérieure :
1. Le marxisme : un des courants forts de la culture mondiale
contemporaine. Mal connue au Québec, la
pensée de Karl Marx et de Frédéric Engels (ainsi que de Vladimir Lénine) se
limite trop souvent à la lecture d’un ou de deux ouvrages… de quelques pages hors-contexte,
ou encore de textes d’interprétation. De
façon anecdotique, on peut se rappeler de la tournée au Québec d’un des
dirigeants de l’époque du Parti communiste français (PCF), le philosophe Lucien
Sève[1];
il avait participé un soir de mars 1992 à un débat public à l’Université du
Québec à Montréal (UQAM), où un professeur de Sciences politiques le
« talonnait » systématiquement en citant avec un plaisir déconcertant
Les manuscrits de 1844 (Marx). Certes, c’était intéressant, mais Sève a dû
lui expliquer que Marx avait une pensée dialectique, profonde et étonnamment
vivante et s’étendant surtout sur un très vaste registre et qui allait bien
au-delà d’un seul livre écrit ou lu par
lui.
D’ailleurs,
l’édition complète des Œuvres de Marx et d’Engels comprend 50 volumes,
organisée en trois volets principaux : (1) les travaux philosophiques,
historiques, politiques, économiques et autres; (2) Le Capital de Marx, les manuscrits économiques de 1857-1858 mieux
connus sous le nom de Grundrisse der
Kritik der Politischen Ökonomie; (3) les lettres de Marx et d’Engels
échangées depuis le début de leur travail commun (août 1844).[2]
2.
La culture : La culture se traduit notamment par la
littérature, le théâtre, le cinéma, la chanson.
On pourrait aussi parler des sciences et de l’architecture. « Les accusations portées contre le mode
communiste de production et d’appropriation des produits matériels l’ont été
également contre la production et l’appropriation des œuvres de l’esprit. De même que, pour le bourgeois, la
disparition de la propriété de classe équivaut à la disparition de toute
production, de même la disparition de la culture de classe signifie, pour lui,
la disparition de toute culture. La
culture dont il déplore la perte n’est pour l‘immense majorité qu’un dressage
qui en fait des machines. »[3]
a)
Sur le plan de la
littérature, on retrouve les grands auteurs que sont Émile Zola, Tchinguiz
Aïtmatov, Louis Aragon, Paul Éluard, Alexandre Pouchkine, Nazim Hikmet, Pablo
Neruda, Gabriel Garcia Marquez. Que
connaissons-nous de la prose sensible de l’auteure martiniquaise, Suzanne
Dracius?[4];
mais que deviennent-ils après la réception du Diplôme d’études collégiales
(DEC) par nos étudiants?
b)
Au théâtre, les
compagnies montréalaises ont heureusement l’audace de monter Molière, Brecht,
souvent inspirées par Constantin Stanislavski; le Théâtre du Nouveau Monde (de
Lorraine Pintal) s’en veut l’exemple.
Sont accessibles en librairies les pièces toujours frondeuses et
pétillantes d’amour que sont Antigone
(Sophocle), La Mouette (Tchékhov),
ainsi que Roméo et Juliette
(Shakespeare). Malheureusement, si les
productions sont dans l’ensemble très bonnes, leur accès est parfois prohibitif
en raison du prix d’entrée. Voilà
matière à réflexion pour le Ministère de la culture.
c)
Au cinéma, il y a
encore trop peu de critiques et historiens de la trempe de Mario Patry (de la
revue Séquences) qui tout en
soutenant le cinéma québécois de qualité, dont son grand classique Mon oncle Antoine, défendent aussi le
cinéma international, telle l’œuvre de Sergio Leone. D’ailleurs, Rossellini a rédigé un livre très
inspirant où il écrit : « Or, soyons-en convaincus, nous ne
parviendrons jamais à la sagesse si nous ne sommes pas capables de modifier, du
tout au tout, nos méthodes d’instruction, de telle manière que nous arrivions à
préciser la conception que nous nous faisons de nous-mêmes en tant
qu’hommes. Alors, mais alors seulement,
nous serons à même de modifier réellement la société. Avec
la connaissance, nous pourrons acquérir la rigueur nécessaire pour faire
de nous des êtres capables de penser et non pas des créatures qui se laissent
aller à la fatalité. »[5]
d)
Parler du Québec, c’est
lever le voile sur l’amour quasi inconditionnel des Canadiens-français pour la
musique populaire et surtout la chanson.
Si on connaît généralement bien, également, l’héritage anglo-saxon,
notre savoir se bute à l’ignorance opaque en dehors de l’Amérique du Nord, hormis un goût assez
naturel pour la chanson de France. Mais
ailleurs également la chanson joue un rôle social. Ainsi après de longues années de dépression,
de grande lassitude morale (les deux
référendums sur la question nationale au Québec?), accablés par un sentiment
sans fond d’un échec retentissant, c’est vers la chanteuse populaire, Éléna
Vaenga, que les peuples de l’ancienne Union soviétique retrouvent leur élan,
leur optimisme et leur joie de vivre, surtout qu’ils ont déjà l’expérience
historique d’avoir surmonté les terribles années de guerre, en résistance à
l’agression nazie : http://www.youtube.com/watch?v=f1TP8MvFaDs .
Pour ceux qui croient qu’à Cuba, on ne jure
que par la salsa, l’écoute de la trame sonore du film Kangamba sur la guerre
d’indépendance du peuple angolais – appuyée militairement par Cuba- contre le
Portugal colonialiste et l’Afrique du Sud (de l’Apartheid à l’époque), nous
démontre que le rock cubain, c’est beaucoup mieux que Genesis ou Pink
Floyd : http://www.youtube.com/watch?v=Nh6Gk4BgY4U .
Et que dire des envoûtantes chanteuses
sémites (Arabe et Juive) du Liban et du Yémen; il faut écouter ou découvrir
Fairouz du Liban, Siti Ya Siti : http://youtu.be/cyCiB0L5Enc .
Beaucoup se rappelleront l’opéra-rock, Notre-Dame de Paris, voici celle qui a
tenu le premier rôle féminin, Achinoam Nini, dans une superbe interprétation, Keren Or (Ray of Light) : http://www.youtube.com/watch?v=mE0Qwxjn-w8 .
1.
Liberté: De plus, la grande question philosophique
demeure : qu’est-ce que la liberté ?
Quelle place occupe-t-elle dans la culture nord-américaine ? Comment les poncifs de la culture « main stream » s’expriment-ils dans les
mass média et la vie de tous les jours ?
a)
Dès les
années 1960, on nous promettait une civilisation des loisirs. « Mais la civilisation du loisir ce n’est pas seulement un accroissement
du temps disponible après le travail et les autres obligations sociales, c’est
aussi une promotion de valeurs nouvelles.
Dans les sociétés les plus évoluées, cette promotion se poursuivra,
obligeant nos sociétés à réviser de plus en plus l’équilibre entre les valeurs
du travail et les valeurs du loisir, entre les valeurs de la vie sociale et
celles de la vie privée, entre celles de la société et celles de
l’individu. Là sera le problème crucial
de la culture, aussi bien à New York qu’à Bruxelles aussi bien à Paris qu’à
Prague. »[6]
Puis, il y a eu la terrorisante lutte contre le
terrorisme et «l’imprévisible » crise financière (2008). Aux États-Unis, la grogne s’est installée
mais la gauche n’est pas encore assez forte pour contrer les excès de toutes
sortes de la droite, du grand capital (n’ayons pas peur des mots, de la
bourgeoisie).
Il existe un très bon ouvrage sur les lois de la
nécessité et de la liberté ; la liberté n’est pas une donnée universelle,
car elle se conquiert historiquement dans le conflit des classes sociales.[7]
Cette lutte atteint son sommet lors de révolutions. Au Québec, nous avons vécu la Révolution
tranquille ; elle s’est développée à partir des années 1960 s’est achevée
vers les années 2010.
Sur le plan industriel, commercial et technologique, elle
s’avère réalisée. Et les protagonistes ? Certes, il s’est créé une nouvelle
bourgeoisie d’affaires et industrielle québécoise ; tout de même que sont-ils devenus ces
centaines de milliers de jeunes qui ont d’abord vécu l’éveil national et
social ? Ont-ils tous renié le peu
de ce qu’ils ont appris de Marx, parce que des maîtres à penser – au destin
limité tout de même – lui ont donné une posture biscornue, stéréotypée et
figée, dans un carcan emprunté à la fabrication des « dogmes » de
l’Église catholique romaine, elle-même régente idéologique, il y avait
peu encore ? Ces jeunes intellectuels
n’ont pas tous été happés au passage et assujettis aux normes du nationalisme
et de l’individualisme. Écoutons de
nouveau Jacques Michel : http://youtu.be/sGBM5yc1xz0 .
b)
Ces
mois-ci pourraient consacrer la faillite de la petite-bourgeoisie québécoise
comme moteur idéologique et politique du mouvement social au Québec. « S’il continue de s’enliser et si
l’hémorragie n’est pas stoppée, ‘le PQ
(Parti québécois, - ndlr) pourrait disparaître’. C’est l’avertissement qu’a lancé avec émotion
… le député de Marie-Victorin, Bernard Drainville, lors d’une rencontre
éditoriale au Devoir. Selon lui, il y a péril en la demeure. Le parti fondé par René Lévesque aura besoin
d’un ‘méchant coup de barre’, et vite
s’il ne veut pas être rayé de la carte, a-t-il plaidé. »[8]
La petite-bourgeoisie a peu à offrir maintenant. D’un point de vue social, elle ne conçoit le
travail que sous la forme d’une activité alimentaire afin qu’un peu plus tard
nous n’ayons que peu à faire (comprenez, à la retraite !). Philosophiquement parlant, elle s’embrouille
dans le confusionnisme, est fascinée par l’objet et servilement par le
clinquant des choses; elle est fétichiste.
Il n’y pas plus d’activité créatrice réaliste pour elle. Nous parlons français, c’est déjà bien, alors
pourquoi l’ouverture aux peuples étrangers, aux immigrants. Elle fait la moue devant l’apprentissage des
langues étrangères qui pourraient lui
ouvrir le passage vers le patrimoine universel.
Donc honni soit le chinois mandarin ! Elle ne voit aucun utilité dans l’étude du
yiddish et ne saisira jamais la belle histoire de Neal Karlen, The Story of Yiddish [9] ou
encore dans l’achat et l’usage d’un bon dictionnaire bilingue[10]. Passer du temps avec la langue de Théodorakis
et de Farantouri, le grec moderne sera fastidieux[11]. La redécouverte historique et sociologique de
la Bible est hors de question. Les yeux fixés sur le voile que portent les
femmes musulmanes, il ragera sans fin contre « l’envahisseur
arabe » sans songer à apprendre la koinè.
Pourtant, il existe des organismes à
Montréal où on peut apprendre l’arabe tel le Centre culturel
algérien ou l’UQAM; et puis il existe des méthodes autonomes[12].
Si notre petit-bourgeois s’entête à river son regard vers
l’horizon borné de ses « rites » quotidiens, il faudra l’inviter à
une sérieuse remise en question, une psychanalyse peut-être[13].
Quant à la Coalition Avenir Québec, nouveau parti ménageant
la chèvre et le chou, singulièrement un « ballon d’essai » pour le
grand capital financier afin de dévoyer le vote des travailleurs québécois mécontents ;
non… plutôt « profondément irrités » par l’administration
gouvernementale courante du Parti libéral du Québec et l’opposition du PQ, eh
bien, il a tout de même été porté aux rênes de l’État par défaut.
Conclusion
L’acquisition de
nouvelles valeurs, passe par un changement au niveau de la direction et de
l’orientation au pays, par le remplacement de celles-ci ou plutôt par
l’abolition de leur pouvoir. La mutation
ne signifie pas qu’il y aura un règlement de comptes dans un bain de sang. De plus, la révolution communiste ne
réinventera pas la roue. Ainsi en sera-t-il
dans la réalisation des émissions à la télévision qui demeure, selon nous, un
formidable outil de culture pour rejoindre les masses et leur offrir les
trésors de l’humanité dans son ensemble, et du Québec en particulier.
On n’a qu’à penser à des
émissions comme La semaine verte ;
saviez-vous qu’on peut traire les vaches avec un machin québécois robotisé et
donner ainsi beaucoup plus de temps libre aux agriculteurs ? Vous rappelez-vous Les Beaux Dimanches, animés par Henri Bergeron, une enceinte
privilégiée pour mettre à la portée du peuple les arts et les spectacles de
haute qualité ? Regardez-vous, et
c’est dans l’actualité, l’émission RDI
matin… week-end, ? C’est
une émission riche de contenu : entrevues variées avec des Edgar
Fruitier, André Gagnon, Dany Dubé et Benoît Brière, pour nommer que quelques
participants. On parle de musique, de
hockey, de culture ; il y a de tout et c’est de bon goût, passionnant et …
comique par moments.
Voilà le genre qui
devrait attirer les producteurs de télévision publique ; de toute façon,
ce sera l’objectif du pouvoir socialiste au Canada. Oui, les programmes seront de grande qualité. Ça coûte des sous ? « Au diable la
dépense ! » tonitruait mon père,
ouvrier de la construction, retraité.
« Il n’y a rien de trop beau pour la classe
ouvrière ! »
Nos intellectuels,
créateurs et artistes seront sûrement heureux de travailleur dans de telles
conditions.
À notre façon nous
vivrons la grandiose épopée qui a marqué l’ascension de l’URSS où « des
centaines de milliers de jeunes gens, sortis des rangs de la classe ouvrière,
de la paysannerie et des intellectuels travailleurs, allèrent aux écoles supérieures
et aux écoles techniques, puis vinrent compléter les rangs éclaircis des
intellectuels. Ils infusèrent à
l’intelligentsia un sang nouveau, la régénérèrent à la manière nouvelle, à la
manière soviétique. Ils ont radicalement
changé à leur image et à leur ressemblance la physionomie de l’intelligentsia. […]
Nous voulons faire de tous les ouvriers et de tous les paysans des hommes
cultivés et instruits ; et nous le ferons avec le temps. »[14]
Parler, somme toute, de
culture démocratique, c’est aussi s’appuyer sur la créativité populaire et
l’immense joie de vivre ; la chanteuse française, née au Canada, Mylène
Farmer, l’a bien compris et c’est elle qui aura le dernier mot : http://youtu.be/h_PxTtOqnFM
.
[2] MARX, Karl et ENGELS, Frédérick,
Collected Works, International Publishers, New York, 1978
[5] ROSSELLINI, Roberto, Un esprit
libre ne doit rien apprendre en esclave, Fayard, Paris, 1977, p. 174
[8] CORRIVEAU, Jeanne, « Le PQ pourrait disparaître », Le Devoir, 15 janvier
2012, première page
[11] TOLLA, Ippolyta Della, Grec
moderne, Guide pratique de conversation, Librairie générale française,
1989, 352 pages
[14] STALINE, Joseph, Les questions du
léninisme, Éditions en langues étrangères, Pékin, 1977, pp. 955-956
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