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Montréal, QC
Après les promesses, des actions demandées
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La jeune militante suédoise Greta Thunberg était à
Montréal pour la grande Marche pour le climat, qui a réuni
environ 500 000 personnes dans la métropole.
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Plus
que jamais, la mobilisation environnementale prend de l’ampleur au
Québec, au Canada et ailleurs dans le monde. La grande manifestation du 27
septembre dernier en est l’exemple le plus frappant.
Mais malgré cet engouement, une question demeure: le rassemblement
populaire autour de l’environnement se traduira-t-il à l’élection
fédérale? Métro fait pour vous le tour de la question.
À Montréal, la semaine a commencé sur les chapeaux de roue, lundi.
Devant les dignitaires rassemblés pour le Sommet de l’ONU sur le
climat, la mairesse Valérie Plante a annoncé que la Ville visera dorénavant à diminuer sa production de
gaz à effet de serre (GES) de 55% d’ici 2030. Deux jours
plus tard, elle se disait aussi ouverte à la création «graduelle» de quartiers sans
voiture dans la métropole, ajoutant un gros grain de sel
à une semaine fortement marquée par l’environnement et la crise
climatique.
«Pendant longtemps, on a pensé que la génération future allait
changer les choses, mais on constate que celle d’aujourd’hui est en
train de le faire, et assez rapidement», explique à ce sujet Tania
Gonzales, qui est chargée des dossiers Transport et GES au Conseil
régional de l’environnement (CRE-Montréal). À Montréal, l’élection
d’une administration municipale «progressiste et pro-environnement»
prouve, selon elle, que les citoyens peuvent encore faire bouger
les choses sur la scène politique.
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S’il
est difficile de prédire si la mobilisation causera les mêmes
résultats le 21 octobre prochain, des impacts se font déjà bien
sentir, d’après l’experte.
«Je suis assez confiante que ça va faire une différence. Chaque
parti a aujourd’hui une plateforme sur l’écologie et est talonné
là-dessus. On l’a vu avec le pipeline Trans Mountain et d’autres
enjeux: les décideurs sont dorénavant jugés sur leurs actions en
environnement. Ils n’ont plus le choix», analyse Mme Gonzalez.
Dans un discours senti devant l’Assemblée générale
de l’ONU lundi dernier, la jeune Suédoise Greta Thunberg
a durement réprimandé les dirigeants de la planète pour leur
inaction contre les changements climatiques.
«Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses»,
a-t-elle lancé aux représentants des divers États. Sa déclaration a
fait le tour du web et de la planète.
Que l’on soit en accord ou non avec son point, il faut voir que
l’inquiétude de Greta Thunberg est bien réelle pour plusieurs,
soutient le directeur du Département de science politique à
l’Université Laval, Thierry Giasson.
«Ça fait peut-être capoter les baby-boomers,
mais il y a des jeunes qui vivent énormément d’anxiété par rapport
au climat», indique-t-il à Métro.
«Il y a des jeunes qui ont peur que la Terre explose d’ici 20 ans,
parce qu’il y a des scénarios catastrophiques qui nous présentés.
Le climat est devenu un sujet délicat dans les écoles, tellement
qu’on ne veut pas non plus stimuler cette anxiété-là»,
illustre-t-il également.
L’urgence
climatique et le «politically correct»
Le gouvernement Legault a décrété l’urgence climatique mercredi
après que Québec solidaire (QS) ait déposé une motion en ce sens.
La co-porte-parole, Manon Massé, avait martelé que de s’y opposer
relèverait du «climatoscepticisme».
Si l’urgence climatique oblige Québec à prendre «tous les moyens
nécessaires afin de réduire rapidement et drastiquement» les
émissions de GES, le ministre de l’Environnement, Benoit Charrette,
a affirmé qu’il entend tout de même s’en tenir à son «plan de
match».
Faire un tel positionnement est certes bien accueilli, sauf que
rien n’engage pour autant le gouvernement à changer ses
orientations, souligne M. Giasson.
«Que l’enjeu soit mobilisant, c’est une chose. Que les acteurs
politiques réagissent, c’en est une autre», avance le politologue.
Selon lui, si les conservateurs d’Andrew Scheer remportent
les prochaines élections, «on pourrait se retrouver dans
une situation similaire à celle du Québec avec la CAQ».
«On aurait alors une proportion importante de la population qui
manifeste des inquiétudes, qui demande des changements, mais à
cause du mode de scrutin, le parti au pouvoir ne représenterait pas
la majorité des votes», soutient-il.
Les décideurs savent aussi très bien, selon lui, qu’une bonne
partie de l’électorat «se braque par rapport aux enjeux
environnementaux».
«Il y a beaucoup de gens qui ne croient pas à l’implication humaine
comme une solution possible [...]. L’enjeu climatique les
terrorise, ils ne veulent pas y être confrontés», ajoute le
politologue. Ce dernier se dit d’ailleurs très sceptique par
rapport aux vraies intentions des conservateurs et des libéraux en
matière d’environnement.
Le poids du
consommateur
En matière d’environnement, l’autre impact à ne pas sous-estimer
est celui du consommateur, soutient Tania Gonzales.
«On voit de plus en plus de commerçants qui changent leurs
pratiques – moins d’emballage, plus de produits locaux –, à la
demande des clients. Ça aide les municipalités à adopter des
pratiques écoresponsables. C’est un cercle vertueux pour renforcer
des politiques durables», juge-t-elle.
«Ce n’est plus juste la petite boutique écolo du coin qui fait sa
part. Ce sont des institutions, des compagnies internationales
crédibles qui se rendent compte que c’est bénéfique pour
l’environnement, mais aussi pour l’économie. Si on investit dans
l’adaptation aux changements climatiques, les retombées seront deux
fois supérieures», dit Tania Gonzalez.
Peu importe qui sera élu, les partis auront nécessairement cheminé
et avancé sur l’enjeu climatique, d’après elle. «On a donc tout
intérêt à être prêts, chacun de notre côté et à s’adapter le plus
rapidement possible», fait-elle valoir.
Rappelons qu’en milieu de semaine, mercredi, les trois candidats à la mairie du
Plateau-Mont-Royal, dont l’élection aura lieu le 6 octobre
prochain, ont annoncé qu’ils mettront leur campagne «sur pause»,
le temps de la Grande marche pour le climat.
«On ne va pas là pour remettre des dépliants. On va là pour marcher
pour le climat», a illustré le candidat de Vrai changement pour
Montréal, Marc-Antoine Desjardins, disant
vouloir s’impliquer de façon «apolitique». Même son de cloche pour
le candidat de Projet Montréal, Luc Rabouin, et celui d’Ensemble
Montréal, Jean-Pierre Szaraz.
La Ville avait annoncé le même jour que tout le réseau de la Société de transport de
Montréal (STM) serait gratuit le 27 septembre. Idem pour
les deux rives, au sud et au nord. La mairesse Plante disait ainsi
vouloir créer un momentum pour le climat. Plus tôt, BIXI avait
aussi annoncé qu’il allait rendre tous ses vélos gratuitement accessibles,
entre 9h et 15h, le jour de la Grève du climat.
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